L’histoire oubliée des réfugiés polonais en Afrique – Le Jeune Indépendant
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Culture

L’histoire oubliée des réfugiés polonais en Afrique

L’histoire oubliée des réfugiés polonais en Afrique

« Memory Is Our Homeland » (La Mémoire est Notre Patrie) du polonais Jonathan Kołodziej Durand raconte l’histoire étonnante et peu connue des polonais réfugiés en Afrique durant la Seconde Guerre mondiale. Ce documentaire a été projeté lundi soir à la cinémathèque d’Alger, dans le cadre des journées du Film Européen en Algérie.

Le réalisateur s’est imprégné de l’histoire de sa grand-mère Kazia. Elle lui a raconté son voyage d’enfance à travers la Sibérie, le Kazakhstan, l’Iran et l’Inde. Surtout, elle a parlé de l’Afrique, qui lui a permis à elle et autres réfugiés polonais de vivre en paix près du mont Kilimandjaro, après des années de guerre et de famine.

Cette histoire peu connu, relate le destin dramatique de près d’un million de Polonais. Le réalisateur a rassemblé les pièces brisées du puzzle qui révèle l’une des histoires les plus horribles et inédites de la Seconde Guerre mondiale, dans les années 1940.

Il interviewe un couple de vieux, membres de sa famille, qui affirme que la Pologne n’a pas été uniquement envahie par les nazis en 1939, mais a en fait été divisée entre eux et les Soviétiques, et ce fut le début du cauchemar pour beaucoup de familles polonaises qui ont été littéralement expédiées dans des trains et entièrement déportées vers des camps de travail forcés en Sibérie.

Ce n’est qu’après l’invasion de la Russie par Hitler que Staline a soudainement décidé de se repentir et de libérer les Polonais des camps. Cependant, il s’agit d’une nouvelle diaspora quotidienne pour la plupart des femmes, des personnes âgées et des enfants qui sont dispersés entre l’Ouzbékistan, l’Iran, l’Inde et la Tanzanie, où la grand-mère du réalisateur a vécu jusqu’à la fin de la guerre.

Selon les témoignages, l’Afrique était chaleureuse et confortable par rapport au temps rigoureux de la Sibérie, mais la fin de la guerre n’était pas exactement la fin du cauchemar pour les réfugiés polonais, car retourner dans un pays contrôlé par les Soviétiques n’était pas ce dont ils rêvaient.

Sur la base du témoignage de sa grand-mère, Jonathan a suivi les traces de sa famille dans une partie de la Biélorussie actuelle qui était autrefois la Pologne, il a à peine réussi à localiser l’emplacement exact de leur maison, comme ce n’est plus rien de plus qu’une forêt sauvage.

Le film de 90 minutes, est un voyage émotionnel dans une triste partie de l’histoire, mais aussi un document important de cette histoire atroce oubliée par beaucoup de gens, y compris par certains des historiens.

L’histoire est toujours écrite par les vainqueurs
Le réalisateur Jonathan Kołodziej Durand a révélé lors du débat qui a suivi le film : « Je suis très heureux de partager ce documentaire avec le public algérien, car c’est ma première projection sur le continent africain ».

Et d’expliquer : « Ce projet me je l’ai en tête depuis que j’avais quatre ans. Ma grande mère me parlait souvent de sa vie en Tanzanie. Etant enfant, je me disais que cela était tout à fait normal. Mais arrivé à l’université de science politique et d’histoire en canada, un professeur m’a dit cette histoire de polonais en Afrique n’existe pas. Alors que j’étais baigné dans cette dernière depuis mon enfance. J’ai décidé de m’attaquer aux recherches et de prouver le contraire ».

Selon le réalisateur l’histoire est toujours écrite par les vainqueurs : « La Pologne était sous l’emprise des Nazis et des soviétiques, mais faut dire qu’à la fin de la guerre l’union soviétique a fait l’effort de libérer les polonais. L’histoire a été effacée ou perdue, les membres de ma famille étaient éparpillés à travers le monde » a-t-il confié. Poursuivant : « Dans mes recherches, mes professeurs me disaient que cette histoire n’existe pas, aucune archive n’est gardée à ce sujet ».

« Il y’a une communauté de polonais qui est resté en Iran. Ils se sont mariés et installés dans ce pays, qui autrefois les a accueillis à bras ouvert. Autant que canadien j’ai trouvé des difficultés à me rendre en Iran, pour rencontrer ces polonais, mais j’espère visiter ce pays un jour » a-t-il fait savoir.

Jonathan Kołodziej Durand a commencé son documentaire avec « des archives familiales, comme les photos que j’ai montrées à un moment donné dans ce film » a-t-il affirmé.

« J’ai vécu en 2007 au Mozambique, où j’ai réalisé un projet avec l’institut de cinéma, j’ai été impressionné par le travail d’archive qu’ils ont fait, à travers tout le continent. Je me suis rendu compte que notre histoire n’a gardé aucune archive » a-t-il dit.

L’idée du film est selon le réalisateur de créer et de partager ces images historiques de notre histoire. « J’ai commencé avec ma grand-mère. J’ai mené plusieurs entretiens avec elle. Par la suite, en 2008, on est allés visiter sa sœur en Angleterre. Il y avait vraiment des points de tension entre elles, leur mémoire n’était vraiment pas tout à fait la même, elles n’avaient pas les mêmes souvenirs des mêmes événements » a-t-il ajouté.

Dans le même sillage, Jonathan Kołodziej Durand dira : « Mon film a donné l’idée aux étudiants d’aller chercher dans l’histoire et de faire un travail d’archives. Cela me rend heureux d’avoir contribué à ma manière à cette partie de notre passé. Je songe à réaliser un long métrage, car les faits de cette histoire sont cachés mais la vérité est apparente ».

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