Cinéma espagnol: « Canto cósmico. Niño de Elche » ou l’émancipation dans la rupture !

C’est dans la salle des Actes de l’Institut Cervantès d’Alger que s’est ouvert jeudi le cycle de cinéma « Espacio feminino la mirada bravia » (Espace féminin le regard sauvage).
Ce cycle représente « une modeste contribution pour célébrer la Journée internationale contre la violence faite aux femmes (…), célébrée le 25 novembre de chaque année », a affirmé Mme Sandra Rivas, directrice de l’Institut Cervantès d’Alger.
« Le thème de ce cycle ne traite pas de violence mais permet de faire connaître la production et la création audiovisuelles » féminines espagnoles, a-t-elle ajouté.
Organisé par l’ambassade d’Espagne en Algérie et l’Institut Cervantès d’Alger, cet événement cinématographique est une fenêtre ouverte sur le cinéma contemporain ibérique, particulièrement vivace, qui se veut le miroir d’une société en plein questionnement.
Le premier film à donner le coup d’envoi de ce cycle est le documentaire Canto cósmico. Niño de Elche de Marc Sempere et Leire Apellaniz. Réalisé en 2021, il obtenu le Prix du Meilleur Documentaire, FCEN 2022 et en compétition officielle en section Les Nouvelles Vagues de Non-fiction au Festival de Cinéma Européen de Séville).
Canto cósmico. Niño de Elche retrace l’histoire ou plutôt le parcours de Francisco Contreras Molina dit Niño de Elche, un musicien flamenco talentueux, mais controversé par ses choix, sa vision artistique et musicale, car un brin provocateur. Un documentaire portrait qui propose une immersion dans l’univers d’un artiste qui a bosculé, et continue à bosculer, les règles traditionnelles du flamenco.
Pour que le spectateur comprenne les raisons de ce bouleversement de la part de l’artiste, les réalisateurs évoquent également, dans ce film, la sphère familiale de Niño de Elche. D’ailleurs c’est le point de départ. Une approche, une vision pour mieux cerner le personnage. Ils reviennent sur le lieu de naissance de Francisco Contreras Molina : la ville d’Elche de la province d’Alicante (Espagne).
Une mise en situation pour justifier le choix de ce sujet. Pour mieux cerner ce personnage extraverti de part ces choix, la parole est donnée, de prime abord, à sa famille, mais également à des artistes comme Angélica Liddell, José Val del Omar, Pedro G. Romero ou C. Tangana.
Des artistes qui livrent leurs impression sur ce prodigue du flamenco. Ce ténor. Il qui a réussi à s’imposer par son talent indiscutable mais également par ses choix et sa vision émancipatrice. Artiste « indiscipliné », Niño de Elche a cassé les codes d’un art ancestral, transmis de génération en génération avec des codes et des règles scrupuleusement respectés.
L’on découvre aussi les nombreuses influences de son univers poétique controversé, car considéré non-orthodoxe.
Ce documentaire est un voyage, voire une plongée polyphonique au cœur de l’univers d’un artiste controversé mais ô combien aimé ! Un artiste avant-gardiste qui, grâce à son talent et à sa passion, a su imposer sa vision et se défaire des codes qui régissent le flamenco sans toutefois le dénaturer. Sa manière de faire a insufflé une nouvelle dynamique dans cet art en particulier et dans l’art espagnol en général.
Pour ce faire, Marc Sempere et Leire Apellaniz (les réalisateurs) proposent des scènes qui rendent compte avec « brio du génie de cet artiste andalou aux multiples facettes ».
Au-delà de Niño de Elche, c’est toute une génération d’artistes espagnols qui est également évoquée en filigrane. Des artistes tiraillés entre le conventionnel et le renouveau. Des artistes qui veulent établir un dialogue fécond et créatif entre tradition et avant-gardisme. Un bouleversement constructif.
Un portrait esthétique qui évoque également toute une génération artistique qui s’ancre dans un dialogue fécond entre tradition espagnole, avant-garde et subversion.
Pour rappel, du 24 novembre au 15 décembre 2022 (quatre jeudis et un mercredi) le cycle « Espacio feminino , la mirada bravia » (Espace féminin le regard sauvage) propose quatre long métrage entre fiction et documentaire, ainsi qu’une « session dédiée au court métrage. De quoi satisfaire tous les goûts. Les films projetés sont en version originale (espagnol) sous-titrés en français.
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