Chute des cours du brut et plan du FFS
Il aura fallu que les cours du brut dégringolent en si peu de temps pour que certains opposants y voient comme une lueur d’espoir à leurs desseins. Ce n’est pas nouveau, les raccourcis politiques ont la peau dure et les analyses fumeuses des uns et des autres font la part belle aux adversaires du pouvoir.
S’il est vrai, aux dires de nos experts les plus neutres, comme le rappelle si bien le gouverneur de la Banque d’Algérie, que la crise des prix du pétrole dans le monde suscite de profondes inquiétudes et pousse d’autres à y voir comme le signe tangible d’un complot occidental relayé par de riches régimes monarchiques du Golfe pour faire s’écrouler des Etats rivaux, il y a lieu de croire que des forces politiques de notre opposition pourraient bien applaudir le fameux constat des bourses mondiales et les courbes qui fléchissent.
La cote du pétrole baisse dangereusement, mais cela signifie-t-il que la stabilité du régime en place ou sa solidité est intimement liée au négoce de l’or noir ? Certains observateurs pensent que la chute vertigineuse de ces cours aura automatiquement une conséquence directe : celle de la chute du pouvoir en place.
La thèse dit que le gouvernement serait incapable de répondre aux besoins de la population, que des choix déchirants seraient faits, comme l’annulation pure et simple de certains grands contrats et d’autres marchés de construction, pour ne pas dire de programmes de construction d’infrastructures. Il sera ainsi obligé de réviser ses nombreuses subventions (produits de première nécessité).
Il devrait également revoir ses anciennes formes de soutien et d’aides financières aux familles. L’Etat serait à nouveau obligé de chercher des lignes de crédits ou des financements auprès des organismes internationaux pour faire face à la crise. Le scénario redeviendra plus clair, quand cette situation de crise incitera le gouvernement à changer son train de vie, à inviter les citoyens à serrer la ceinture et à prier pour des lendemains meilleurs. Durant cette période, et en raison d’un déficit de communication de la part du gouvernement, les populations vont s’impatienter et déclencher des émeutes et autres tensions, notamment dans les régions défavorisées.
C’est cette grogne sociale qui menacerait la stabilité politique de nos institutions et créerait une tension permanente, voire le chaos que recherchent certains. Un scénario en forme de raccourci que des forces de l’opposition tentent d’expliquer et de valoriser. Chacun menace l’autre de ruine totale et d’écroulement. Comme ce chef de l’opposition qui affirme que la « chute des prix du pétrole va dénuder le régime » et que ce « dernier n’aura aucune chance de survivre ». Un autre pense que le « pouvoir cherche déjà un épouvantail pour nous faire peur », estimant qu’il fait « du chantage à la stabilité » du pays « juste pour se maintenir ».
Au-delà de ces querelles et différences de visions, comment le FFS, auteur d’une initiative complexe et lourde, pourrait-il s’y retrouver ? Comment fera-t-il pour réajuster ou rééquilibrer les tendances actuelles, dissiper les inquiétudes et forcer le destin ? Une conférence nationale sur le consensus pourra-t-elle devenir l’unique voie de sortie de crise politique ? Le FFS, qui compte poursuivre ses consultations avec d’autres partis, a précisé que son projet de consensus vise à initier un « dialogue dans un cadre apaisé, loin de toutes formes de confrontation », soulignant que le principe du consensus est un « héritage historique auquel recourt le pays à chaque fois qu’il y a des difficultés à surmonter ».
Façon de dire que si certains parient sur la chute du régime à cause du pétrole, ils se trompent lourdement, car la société algérienne, bâtie sans doute sur la rente et l’assistance sociale de l’Etat pour des raisons historiques et sur la base d’un modèle économique, n’en est pas moins régie par des valeurs de consensus, bien ancrées dans nos traditions politiques depuis des lustres. L’appel du 1er Novembre 1954 n’est-il pas le fruit d’un consensus entre plusieurs courants idéologiques nationaux ? Cette proclamation n’est-elle pas due à la crise, pour ne pas dire rupture, entre le chef historique du nationalisme algérien, Messali Hadj et les centralistes de son parti ?