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Chahrazed Saadi, chef d’entreprise : «La culture d’entreprendre chez les femmes est à renforcer»

Chahrazed Saadi, chef d’entreprise :  «La culture d’entreprendre chez les femmes est à renforcer»

On fête ce mercredi la Journée internationale des droits de la femme. Le 8 mars est une journée d’action, de sensibilisation et de mobilisation dédiée à la lutte pour les droits des femmes, l’égalité et la justice.

Comme dans presque tous les secteurs, la femme algérienne a pu s’intégrer, y compris dans le monde des affaires. Bien que la femme soit de plus en plus présente dans plusieurs secteurs, comme l’administration, l’éducation, la santé, la politique, l’associatif mais aussi l’économie, sa présence dans le monde des affaires doit être renforcée. Dans cet entretien, Chahrazed Saadi, chef d’entreprise et présidente de l’association des femmes chefs d’entreprises SEVE, revient sur la réalité de la femme dans le monde de l’entrepreneuriat, son expérience et lance surtout un message aux femmes qui hésitent encore à se lancer.

Le Jeune Indépendant : Selon vous, la femme algérienne est-elle suffisamment présente dans le monde des affaires ? Mais, surtout, a-t-elle un rôle à jouer dans le développement économique du pays ?

Chahrazed Saadi : Quand nous parcourons certaines statistiques, comme le taux des femmes universitaires, qui représente plus de 60% de l’ensemble des étudiants, et le taux des femmes inscrites au registre du commerce, qui ne dépasse pas les 24 %, sans oublier le nombre de femmes dans la formation professionnelle et dans le secteur informel, on peut en déduire que le potentiel de femmes détentrices de savoir et de savoir-faire est en deçà de ce qu’on retrouve dans le monde de l’entrepreneuriat. Ce constat est d’abord celui d’un déficit en termes de nombre de PME et ensuite celui de la difficulté d’intégrer un potentiel entrepreneurial féminin dans l’activité économique du pays.

Cependant, la dynamique est perceptible chez les jeunes femmes, et la volonté d’entreprendre et de lancer son propre business est de plus en plus forte. Si l’on se réfère aux chiffres, on peut constater une progression dans le nombre de chefs d’entreprises femmes, ce qui rassure quant à l’avenir de l’entrepreneuriat féminin dans notre pays et au rôle de la femme dans la relance économique du pays. Ce rôle qui peut être majeur dans la qualité des projets lancés par les femmes, leur participation dans le développement local, sans oublier l’innovation qu’on retrouve dans beaucoup de projets, et qui s’inscrivent dans la stratégie qui favorise l’économie du savoir et qui semble être l’option adoptée par les pouvoirs publics pour l’émergence économique de notre pays. 

Vous êtes chef d’entreprise et présidente de l’association des femmes algériennes chefs d’entreprises SEVE. Quel bilan faites-vous de la femme algérienne chef d’entreprise ?

Depuis son indépendance, l’Algérie a évolué avec toutes ses forces productives ; la femme en est une. Cette vérité nous la vivons à travers la présence de la femme dans l’administration, l’éducation, la santé, la politique, l’associatif et également l’économie, secteur dans lequel de plus en plus de femmes s’investissent de différentes manières.

Elles sont expertes, consultantes, managers de grandes firmes du secteur public et chefs d’entreprises du secteur privé qui devient une alternative au salariat, car porteur de perspectives pour la femme et son entourage, sans oublier l’apport des dispositifs et mécanismes d’appui à la création d’entreprises. Pour toutes ces raisons, je considère que le bilan est positif même si la culture d’entreprendre chez les femmes est à renforcer davantage.

Quels sont les obstacles auxquels les femmes entrepreneuses font face sur le terrain et, surtout, y a-t-il une distinction entre un homme et une femme dans ce sens ?

L’entrepreneuriat est synonyme de persévérance, d’initiative et de ténacité face aux contraintes et variations du monde économique. Les femmes ne sont pas à l’abri de tout cela et elles font face aux problèmes que peut rencontrer un entrepreneur homme, tels l’accès au financement, les lourdeurs administratives, la gestion d’une entreprise, la maîtrise des métiers et procédés, la gestion des équipes et des collaborateurs, l’approvisionnement en matière première, mais quand on est une femme, on fait face à d’autres difficultés liées au genre comme la mobilité des femmes ou devoir concilier vie de famille et vie professionnelle.

Ce sont là les difficultés que rencontrent les chefs d’entreprises femmes et qui, pour certaines d’entre elles, peuvent être résolues par la formation, le réseautage à travers des organisations patronales mais aussi par des mesures incitatives comme la création de zones d’activités avec des espaces dédiés aux services d’aide aux femmes.

Notre pays est face à d’importantes réformes comme la régulation du marché, la modernisation de la PME, la densification du tissu de PME, la digitalisation de l’administration, et le rôle de la femme chef d’entreprise est important dans chacune d’elles. 

Pouvez-vous nous exposer votre expérience dans le domaine des affaires ?

Titulaire d’un ingéniorat d’Etat en informatique option « systèmes d’information », je me destinais à une carrière académique universitaire, mais des circonstances ont fait que j’ai intégré l’entreprise familiale dans les années 2000, où j’ai commencé à connaître le monde de l’entreprise, du management, du risque, mais aussi celui de l’initiative, de la motivation de lancer de nouveaux projets et d’en assumer les résultats. Quelques années plus tard, voulant changer de secteur et d’activité, j’ai créé ma propre entreprise spécialisée dans l’événement corporate.

Mon expérience dans l’entrepreneuriat, qui s’est construite grâce à des postes de manager, celle de coordinatrice de programme européen durant 6 ans et de formatrice en gestion d’entreprises m’ont également permis de fonder, avec deux amies dont les profils sont complémentaires au mien, un cabinet de conseil en entrepreneuriat, formation et solutions aux entreprises.

Mon arrivée, en 2012, à SEVE (Savoir et vouloir entreprendre), qui est l’association des femmes chefs d’entreprises, m’a apporté une maturité professionnelle et a nourri en moi le sens de l’engagement pour aider d’autres femmes. Aujourd’hui, alors que j’ai l’honneur d’être la présidente de cette association, qui depuis 30 ans œuvre pour l’autonomisation des femmes par l’inclusion économique, je travaille avec le bureau exécutif sur des programmes d’accompagnement par filières, le réseautage « commercial » des femmes algériennes dans les regroupements économiques internationaux, qui peuvent apporter beaucoup aux entreprises de femmes, mais aussi comment moderniser les entreprises de femmes pour assurer leur pérennité

Quel est le message que vous pouvez adresser aux femmes qui veulent entreprendre mais qui hésitent ?

Il est légitime de douter ou d’hésiter au début de toute initiative, et vaincre ces moments de faiblesse se fait en se dotant des outils de la réussite et en renforçant nos capacités. Pour entreprendre, il faut avoir une vision claire de son business, maîtriser les aspects de gestion, se faire entourer de professionnels et se donner le temps, avant tout cela, afin que l’idée soit mature. 

Nous avons énormément d’opportunités d’investissement et un écosystème avantageux avec un marché porteur et avec toutes les compétences qu’ont les femmes dans différentes spécialités. Nous ne pouvons que croire en l’émergence de femmes chefs d’entreprises qui apporteront de la valeur ajoutée à la dynamique économique de notre pays.

 



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