Centenaire du PCC :Noces d'ivoire sino-algériennes ! – Le Jeune Indépendant
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Algérie-Chine

Centenaire du PCC :Noces d’ivoire sino-algériennes !

Centenaire du PCC :Noces d’ivoire sino-algériennes !

A plus d’un titre, les relations algéro-chinoises sont «exemplaires». Cela va sans dire, mais cela vaut mieux en l’affirmant et mieux encore en le rappelant. Ce constat est plus que jamais corroboré par l’intensité des rapports entre la Chine et l’Algérie dans plusieurs sphères et réaffirmé à travers une franche démonstration de solidarité en ces temps de vicissitudes imprimés par une pandémie mondiale. Celle qui a balayé des certitudes sauf celles des valeurs de l’authentique amitié entre les peuples. L’Algérie et la Chine l’ont scellé d’abord par l’aide urgente algérienne au peuple chinois suite à l’apparition de la Covid-19 en décembre 2019 au Wuhan, et par le retour d’ascenseur de la part de la Chine lorsque l’Algérie avait besoin d’une main tendue pour juguler ce mal dévastateur.

Dire que ces relations sont «fondées sur une amitié et une solidarité sans faille» qui remontent à la guerre d’indépendance algérienne, c’est rappeler une réalité et exprimer en fait un lieu commun. Sauf que les relations entre l’Algérie et la Chine, qui célèbrent à l’occasion du centenaire du Parti communiste chinois leurs noces d’ivoire, ne sont guère communes. Elles sont même exceptionnelles. L’ancien président de la république, qui s’était fait un point d’honneur d’assister à la cérémonie d’ouverture des grandioses jeux Olympiques de Pékin en 2008, y avait déjà fêté à l’époque, dans le filigrane de la soie chinoise, les noces d’or des relations bilatérales.

C’est que le couple algéro-chinois est né dans le feu de l’action d’émancipation des peuples pendant le siècle dernier. Ce rappel vaut axiome en guise de définition des relations entre l’Algérie et la Chine, dont les liens ont été marqués symboliquement par la reconnaissance du Gouvernement provisoire de la révolution algérienne (GPRA) par la Chine de Mao Zedong. Au total, 63 ans de relations amicales s’intensifiant au fil du temps, cela correspond réellement à de fructueuses noces d’ivoire entre les deux pays. Pékin a reconnu immédiatement le GPRA dès sa proclamation en septembre 1958, et fut le premier pays hors du monde arabe à l’exprimer officiellement. Le 25 septembre 1958, soit une semaine après la création du GPRA, une délégation de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA)dirigé notamment par feu Mohamed Seddik Benyahia, a été reçue par le Premier Ministre chinois Zhou Enlai. Le 20 décembre de la même année, les deux gouvernements établissent des relations diplomatiques.

Un chef d’œuvre chinois

A l’invitation du PCC, l’équipe du FLN de football dispute, du 18 Octobre au 5 novembre 1959, cinq matches amicaux en Chine contre des sélections locales pour donner une dimension internationale à la cause algérienne de lutte contre le colonialisme français. L’équipe du FLN a été reçue par le leader Mao Tse Dong.
De septembre à octobre 1960, Ferhat Abbas, Président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) s’est rendu en Chine.

Des années 1960 aux années 2000, les visites de chefs d’Etat et de gouvernement, de ministres, de diplomates, de parlementaires, de dirigeants du FLN et du PCC, ainsi que d’experts militaires et de groupes d’universitaires, de chefs d’entreprises et d’acteurs de la culture et du sport, jalonneront les relations communes. Ces déplacements, de part et d’autre, augmentent au fur et à mesure en nombre, en fréquence et en qualité depuis l’avènement au pouvoir du président Abdelaziz Bouteflika.

Du GPRA à la route de la soie
La reconnaissance fortement symbolique du GPRA par la Chine maoïste aura eu cependant son pendant, tout aussi symbolique, avec le soutien actif et décisif de la diplomatie algérienne au recouvrement par la Chine de son statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Solidarité normale pour une Algérie non-alignée, socialiste et révolutionnaire qui avait de la mémoire et de la reconnaissance pour une nation qui a envoyé en Algérie près de 3 000 médecins de ville et de campagne, entre autres gestes forts de solidarité active. Fidèle à cette ligne, l’Algérie de Houari Boumediene pèsera de tout son poids et du prestige de sa guerre de libération et de sa diplomatie, pour appuyer d’autre part l’amie Chine dans ses efforts de réunification.

Depuis, les deux pays ont organisé leurs rapports bilatéraux : commissions mixtes, concertation permanente, échanges commerciaux en augmentation quasi exponentielle depuis les années 2000, visites d’Etat des présidents respectifs de la république. Points culminants du développement de la relation bilatérale, le président Abdelaziz Bouteflika, qui s’était rendu à pékin en 1971 en qualité de chef de la diplomatie algérienne, s’est ensuite déplacé deux fois à Pékin en tant que chef d’Etat. Ses homologues Jiang Zemin et Hu Jintao sont venus à Alger depuis 1999.

Désormais, c’est sous le signe de l’amitié indéfectible, de la densité et de la « coopération stratégique» qu’il faut apprécier les relations entre l’Algérie et la Chine. Ultime démonstration, l’aide précieuse apportée par la Chine pour faire face aux conséquences sanitaires du Covid 19. Les deux pays ont d’ailleurs signé à ce propos des accords ad hoc et ont densifié considérablement les échanges commerciaux. Déjà, en 2007, et à titre purement illustratif, le volume des échanges avait atteint le chiffre record de 3,828 milliards de dollars, en augmentation astronomique de 696% par rapport à 2006, et en août 2008, les transactions globales avaient culminé à 11,40 milliards de dollars !

Depuis 2013, la Chine est devenue le premier fournisseur de l’Algérie. Et ce bien loin devant les partenaires européens traditionnels, français en tête, qui occupaient de longue date cette position. Entre 2016 et 2019, elle a renforcé sa présence commerciale avec une part de marché de 18 à 20 % et, en moyenne, plus de 8 milliards de dollars d’exportations annuelles, selon les chiffres officiels des douanes algériennes. C’est ainsi que la Chine reste de loin le premier fournisseur commercial de l’Algérie avec des exportations d’une valeur de 517 millions d’euros pour janvier 2020 (soit plus de 18% des importations algériennes), devant l’Italie et la France, selon la même source.

L’adhésion de l’Algérie en septembre 2018 à l’ambitieuse initiative de  » la route de la soie » devrait booster davantage les liens commerciaux entre les deux pays d’autant que l’Algérie est perçue par les dirigeants comme la principale porte d’accès au continent africain.

Quelques indicateurs symbolisent, plus que tout, à l’échelle de l’économie comme de l’humain, la qualité des relations entre deux anciens pays révolutionnaires : des dizaines d’entreprises chinoises sont installées en Algérie, notamment dans le secteur des infrastructures à l’image du mégaprojet de hub portuaire dans la région de Cherchell pour desservir l’Afrique de l’Ouest en particulier, du BTP, de l’industrie militaire et de l’armement (explosifs, munitions, armes légères, drones, missiles, radars…), l’automobile et les hydrocarbures. Et, fait significatif, des centaines d’étudiants algériens fréquentent depuis actuellement les universités et les grandes écoles de la future hyperpuissance mondiale dans plusieurs branches, sans oublier les formations de court et moyens termes offertes par les entreprises chinoises notamment le géant de la technologie Huawei et ZTE.

Un cadeau de l' »ami chinois »

Et plus significatifs encore sont ces grandioses œuvres architecturaux toute en beauté qui porteront à jamais la signature chinoise en Algérie, à savoir la grande Mosquée d’Alger et l’Opéra d’Alger.

« Véritable ami »
La douloureuse apparition de la pandémie de la Covid-19 allait mettre à l’épreuve la solidarité entre Alger et Pékin.
En décembre 2019, l’Algérie dépêche un don médical d’urgence à la Chine qui comprend 500.000 masques à trois couches, 20.000 lunettes de protection et 300.000 gants. L’empire céleste ne tardera pas à adresser ses remerciements à l’Algérie qu’il qualifie de « véritable ami », un sentiment qui préfigurera de l’action menée par la suite par Pékin à l’endroit du partenaire maghrébin.

En octobre 2020, à la faveur de la visite à Alger du directeur de la commission des Affaires étrangères du comité central du PCC, Yang Jieshi, les communiqués publiés à la suite de la rencontre avec le président Abdelmadjid Tebboune saluaient de nouveau, d’une manière classique en fait, l’amitié algéro-chinoise et surtout « l’excellence des liens » entre les deux pays. C’est dire que la qualité des rapports entre la Chine et l’Algérie est avant tout une réalité politique indéniable. Au plus haut sommet de l’Etat algérien, et dans la continuité, on apprécie particulièrement le fait que les pouvoirs successifs en Chine ne tentent pas d’imposer leurs points de vue politiques et économiques, en s’abstiennent donc de s’immiscer dans la gestion des affaires de leurs partenaires.

C’est là probablement la raison essentielle du succès des Chinois en Algérie et notamment des grands avantages dont bénéficient leurs entreprises. Pragmatique à souhait, la stratégie chinoise semble avoir été fondée sur la sauvegarde permanente de l’accès privilégié aux marchés, et si possible, aux ressources naturelles du pays dans un esprit de gagnant- gagnant.

Tout en sachant que cet accès favorisé est quand même générateur d’un très fort déséquilibre commercial que la partie algérienne doit corriger du mieux possible, grâce à une audacieuse et intelligente politique de substitution graduelle à la dépendance énergétique, un segment qui a donné lieu à des politiques rentières sans perspectives. Si la Chine est un partenaire commercial sûr, il peut devenir un appui certain du développement escompté par l’Algérie, car une Algérie développé et stable est la meilleure garantie à la pérennité des noces entre les deux pays.

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