Journée mondiale du théâtre: Hommage à Ahmed Hamoumi et à Alloula
A l’occasion de la Journée mondiale du théâtre coïncidant avec le 27 mars de chaque année, le Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi (TNA) et le théâtre régional d’Oran (TRO), ont rendu un vibrant hommage au dramaturge et chercheur universitaire, Ahmed Hamoumi décédé le 8 mars dernier, et au grand homme du 4e art Abdelkader Alloula mort en mars 1994.
Comme chaque année, l’Institut International du Théâtre, relevant de l’UNESCO, choisit une personnalité du 4e art pour rédiger un message qui sera lu dans les théâtres du monde entier. Cette année, c’est la comédienne égyptienne Samiha Ayoub, qui a eu l’honneur de s’adresser à la famille théâtrale. Son message a été lu sur les planches du TNA.
Samiha Ayoub a estimé : « Le théâtre, dans son essence originelle, est un acte purement humain basé sur la véritable essence de l’humanité, qui est la vie…Ce que nous faisons dans le monde du théâtre en tant qu’auteurs dramatiques, metteurs en scène, acteurs, scénographes, poètes, musiciens, chorégraphes et techniciens, tous sans exception, est un acte de création, celui d’une vie qui n’existait pas avant que nous montions sur scène ».
« Nous utilisons la lumière de l’art pour affronter les ténèbres de l’ignorance et de l’extrémisme. Nous embrassons la doctrine de la vie, afin que la vie puisse se répandre dans ce monde. Pour cela, nous déployons nos efforts, notre temps, notre sueur, nos larmes, notre sang et nos nerfs, tout ce que nous devons faire pour porter ce noble message, en défendant les valeurs de la vérité, de la bonté et de la beauté, et en croyant sincèrement que la vie mérite d’être vécue » a écrit la comédienne de 91 ans.
Bannir le laid, le sanglant et l’inhumain
Samiha Ayoub s’est adressé aux comédiens et hommes du 4e art, « non pas pour parler, ni même pour célébrer le père de tous les arts, à l’occasion de sa Journée mondiale. Je vous invite plutôt à vous lever tous ensemble, main dans la main et épaule contre épaule, à crier à tue-tête, comme nous en avons l’habitude sur les scènes de nos théâtres, et à laisser sortir nos mots pour éveiller la conscience du monde entier, pour chercher en nous l’essence perdue de l’humanité : celle d’un humain libre, tolérant, aimant, sympathique, doux et acceptant, capable de rejeter cette image de brutalité, de racisme, de conflits sanglants, de pensée unilatérale et d’extrémisme » a-t-elle dit. Et d’ajouter : « Faisons-la rayonner ensemble, au nom d’un seul monde et d’une seule humanité ».
Suite à cela, un hommage a été rendu à Ahmed Hamoumi. En l’absence de famille, c’est le chanteur Chaâbi Reda Doumaz, qui s’est rendu sur scène pour recevoir les honneurs. Il a remercié à cette occasion les organisateurs pour cette initiative.
Le TRO a également rendu un vibrant hommage à Abdelkader Alloula, avec une représentation théâtrale intitulée « El Halqa » (Le Cercle) mise en scène par Ahed Messaoud Sofiane. Cette pièce a repris durant presque une heure, des extraits des œuvres de ce dramaturge surnommé le lion d’Oran.
À cet égard, le metteur en scène a confirmé « nous avons repris six extraits et six chansons des œuvres de Alloula. Certaines personnes ne savent pas que Alloula écrivait lui-même les paroles des chansons interprétées dans ses pièces ». Et de poursuivre : « El Halqa est non seulement un hommage, mais aussi une provocation du public et en particulier les jeunes. Nous voulons que ces derniers aient connaissance de l’artiste complet que fut Alloula ».
Ahed Messaoud Sofiane a expliqué que la pièce est le fruit d’un atelier de formation organisé par le Théâtre régional d’Oran pour produire des spectacles, qui ont réuni ces comédiens, dont quatre sont issus du Théâtre régional d’Oran, et les autres sont tous amateurs ».
El Halqa, le Fruit d’un atelier expérimental
De son côté, Mourad Senouci a confié au Jeune Indépendant : « Le théâtre régional d’Oran organise en collaboration avec le département des arts dramatiques une journée hommage à Ahmed Hamoumi. La date n’est pas encore fixée ». En ce qui concerne la pièce, il dira : « El Halqa n’est pas une production, mais plutôt une idée d’un atelier expérimental. Nous offrons les moyens techniques à des jeunes amateurs ou des metteurs en scène porteurs d’une idée. Si cette dernière marche, nous la validons, elle rentrera dans les normes d’une production professionnelle, sinon nous passons à autre chose ».
« Nous avons fourni la salle et les archives sur Alloula à ces jeunes et ils ont réussi à nous subjuguer. Ce spectacle présenté en générale dernièrement au TRO, en hommage à Alloula a beaucoup plu au public. Alors, nous avons décidé de leur permettre de tourner le spectacle et aussi aux concitoyens des autres villes de découvrir ce travail magnifique. Cette tournée est à base de non recettes » a-t-il fait savoir.
Senouci a estimé : « Les comédiens sur scène ont la moyenne d’âge de 24 ans, 90% d’entre eux n’étaient pas nés lorsque Alloula est décédé. Nous avons pris la décision d’investir dans ces comédiens. C’est une pépinière pour le TRO et puis ils sont à la hauteur ». Et d’expliquer : « Nous avons trois productions financées par le ministère de la culture et des arts, et nous avons deux ateliers expérimentaux, nous offrons la chance à un metteur en scène qui demande à monter un spectacle en dehors du financement du ministère et si ça marche on valide et on passe à la diffusion ».
Selon lui, « El Halqa qui est une production à atelier qui n’a rien à envier aux théâtres professionnels, c’est un très beau spectacle. Nous sommes très satisfaits, car notre travail commence à donner ses fruits. Nous avons ouvert la porte aux jeunes et cela nous a permis de découvrir des comédiens et des metteurs en scène talentueux ».
Par ailleurs, Senouci fera savoir : « Le théâtre algérien connaît aujourd’hui des hauts et des bas, il est comme la société. Nous sommes en pleine transition, il y a du bon et du moins bon, mais c’est le moment de mettre les vraies bases, qui sont la formation dans l’encadrement gestionnaire et des artistes et investir sur la jeunesse ».
Pour le festival du théâtre méditerranéen qui sera organisé par le TRO, Senouci, qui est aussi le commissaire de cet évènement a affirmé : « nous avons fixé les dates. Le festival aura lieu du 7 au 13 juillet. Nous avons la confirmation de deux pays à savoir l’Italie qui participera avec une nouvelle production et la France avec la pièce Taha, en hommage à la Palestine ».