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Nationale

Cantines scolaires : De nombreuses imperfections 

Cantines scolaires : De nombreuses imperfections 

Les élèves des trois paliers sont censés manger à leur faim avec des repas consistants dans des cantines scolaires d’une propreté irréprochable. C’est une instruction ferme des hautes autorités publiques. Or, la réalité sur le terrain telle que révélée par les élèves et leurs parents ainsi que les syndicats est aux antipodes de ce qui est préconisé.

En dépit des instructions données, à maintes reprises, par le président de la République concernant la bonne prise en charge des élèves dans les cantines scolaires, sur le terrain rien n’a été fait. Les témoignages recueillis par le Jeune Indépendant démontrent une situation contestable vécue par les élèves au quotidien.

Amina, une lycéenne, a déclaré que son établissement ne dispose pas de cantine scolaire, comme c’est le cas dans la plupart des communes au nord de la wilaya de Sétif. « Dans quelques lycées, de l’autre côté, on sert des repas froids aux élèves en hiver », a-t-elle confié. La lycéenne a ajouté que le même scénario se répète dans certaines écoles primaires, dans la commune de Bougaa.

Karim, collégien à Oran, a fait savoir que son collège dispose d’une cantine scolaire mais que celle-ci se trouve dans « un état d’insalubrité intolérable ». Il a ajouté que des cafards circulent librement sous les pieds des élèves, les ustensiles sont sales, les tables aussi. Il a également noté que la qualité des repas laisse à désirer. « Nous sommes très mal servis et maltraités par les employés de la cantine », a-t-il déploré.

Dans un autre lycée, à Cherchell, Kenza a raconté que son établissement a connu une invasion de rats dans les cantines scolaires. En prenant la fuite, les élèves se sont bousculés, ce qui a causé plusieurs blessés. En sus du manque d’hygiène, plusieurs cas d’intoxication alimentaire ont été enregistrés. Selon la même interlocutrice, l’Union des associations des parents d’élèves a tiré la sonnette d’alarme suite à la situation désastreuse dans laquelle se trouvent pratiquement la majorité des cantines scolaires. 

Le Journal officiel, dans son numéro 68, a mis en avant une décision ministérielle commune concernant le coût et le contenu des repas servis aux élèves dans les cantines scolaires. La publication a été signée par le ministre des Finances, Ibrahim Jamal Kasali, le ministre de l’Education, Abdel Hakim Belabed, et le ministre de l’Intérieur, Ibrahim Mourad. Le dimanche, les élèves mangent des entrées composées de divers légumes crus et des œufs. Quant au plat principal, il se compose de pain, de lentilles et de poulet frais, accompagné d’un certificat vétérinaire. Pour le dessert, l’élève a des fruits de saison (pommes, poires ou oranges).

Le lundi, l’élève se voit servir du vermicelle en entrée, et un plat principal composé de pain, de légumes frais de saison et de veau. Pour le dessert, ce sont des bananes, du yaourt ou des dattes. Le mardi, les élèves mangent une variété de crudités, de pâtes, de pois chiches verts frais et de poulet frais, et comme dessert une orange, une pomme ou une poire. Le mercredi, les élèves se voient servir des crudités et du fromage, et pour le plat principal, ils mangent du pain, diverses légumineuses et du veau, avec pour dessert une pomme, des fraises ou une orange. Le dernier jour de la semaine, les élèves mangent du vermicelle, du couscous, des pois chiches, des légumes frais mélangés et du poulet frais. En plus des fruits (raisins, pomme, pastèque ou orange).

SATEF : « Il faut revoir la gestion des cantines scolaires »

Pour sa part, Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (SATEF) a qualifié d’« injustice » le fait de priver quelques élèves d’accéder aux cantines scolaires, même si finalement c’est un droit . « Le rôle des cantines fait partie de l’éducation. C’est une continuité de l’acte pédagogique. Elle apprend aux élèves comment se tenir à table, la débarrasser et se laver les mains. Nos enfants ont droit à un bon repas », a-t-il déclaré au Jeune Indépendant

Il a expliqué qu’avec le coût du repas estimé à 65 DA, on ne peut rien acheter, d’où la qualité des repas servis aux élèves qui reste à désirer. « Nos enfants ne mangent ni de sardine, ni de poulet, ni de viande. Dans certaines écoles, les élèves ont droit à un bout de pain et un peu de fromage. C’est très grave », a-t-il dénoncé.

Il a noté que la semaine dernière, dans la wilaya de Tizi Ouzou, quatre lycées étaient en grève pour dénoncer les repas servis dans les cantines scolaires. Selon lui, « il n’y a ni quantité ni qualité » dans les repas.

  1. Amoura a fait savoir que l’Etat n’a pas alloué de budget conséquent pour alimenter les cantines scolaires. « L’Etat ne contrôle pas la destinée de ce budget. Il y a des détournements dans les produits des cantines scolaires. Nos enfants n’ont pas bénéficié de cet argent destiné aux cantines. Raison pour laquelle le Satef a demandé au ministère de l’Education nationale de contrôler cet argent », a-t-il affirmé.

Il a cité, à titre d’exemple, le budget alloué par l’Etat en 2014, qui était de l’ordre de 43 milliards de dinars et qui, malheureusement, a été mal géré. 

 « Pour préparer un bon repas, il faut un bon équipement. La majorité des cantines des écoles primaires, surtout dans les endroits retirés, ne possèdent pas d’équipements adéquats, notamment les chambres froides ».

Il a mis en avant la mauvaise gestion de ce dossier sensible, précisant que dans la wilaya de Tizi Ouzou, des cantines fermées continuent de bénéficier d’un budget. 

Il a fait savoir que des cadres et des fonctionnaires de l’éducation ainsi que d’autres secteurs mangent dans les cantines des écoles primaires et prennent la part des enfants.

Le SG du SATEF a appelé à revoir la gestion des cantines scolaires en termes d’équipements et de qualité des repas. Il a insisté sur la nécessité de soustraire la gestion de ce dossier aux collectivités locales et de la remettre au ministère de l’Education nationale. 

Pour sa part, Ali Ben Zina, président de l’Association nationale des parents d’élèves, a indiqué au Jeune Indépendant que « les élèves ont tous le droit aux cantines scolaires ». 

« Sur le terrain, seuls les enfants issus de familles défavorisées ou ceux qui habitent loin des établissements scolaires ont le droit de manger dans les cantines, alors qu’inclure les autres élèves ne peut, en aucun cas, affecter le budget de l’Etat », a-t-il affirmé.

Concernant la récente loi promulguée sur les cantines scolaires, qui a mis en avant les menus exigés, M. Ben Zina a estimé que cette décision est difficile à appliquer aujourd’hui sur le terrain : « Quand le poulet valait 230 DA le kilo, on n’a pas pensé à proposer ce menu riche en protéines. Aujourd’hui, on veut le proposer alors que sur le marché, il est presque inabordable pour les ménages ».

Pour rappel, le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Kamal Beldjoud, a indiqué, jeudi dernier, que son département avait consacré près de 27 milliards de dinars aux cantines scolaires au titre de l’année scolaire 2021/2022. Le ministre a ajouté que son département avait également renforcé les ressources humaines « qualifiées » des communes dans le cadre des contrats d’insertion professionnelle pour « assurer le bon fonctionnement des écoles primaires et des cantines scolaires ».



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