Campagne médiatique contre Air Algérie : «La compagnie dérange de gros intérêts»

Le P-DG d’Air Algérie, Mohamed Salah Boultif, a reconnu hier dans un long entretien avec l’APS et pour la première fois depuis son arrivée à la tête de la compagnie, il y a trois ans, que celle-ci est « en sureffectif ». « J’ai hérité d’une situation : 50% de l’effectif représente le personnel d’exécution alors que dans une compagnie aérienne, il doit y avoir plus de cadres que d’agents d’exécution », a-t-il relevé.
Les charges salariales viennent juste après celles du kérosène, alourdissant davantage les dépenses d’Air Algérie, mais restent dans une moyenne plus au moins maîtrisable, a-t-il ajouté. Mohamed Salah Boultif a dénoncé, dans la foulée, une campagne médiatique dirigée contre sa compagnie dont le dynamisme et l’agressivité commerciale commencent, selon lui, « à inquiéter et à gêner ».
Dans un entretien accordé à l’APS, le patron d’Air Algérie n’a pas caché son inquiétude face aux attaques que subit le pavillon national depuis le crash du vol AH 5017 le 24 juillet au Mali, affirmant que la compagnie, qui s’est engagée dans une dynamique de développement, commençait à « déranger la concurrence ».
Selon lui, Air Algérie a réussi en l’espace de trois ans à capter 1,4 million de nouveaux passagers à l’international dans un environnement fortement concurrentiel, et s’est lancé le défi de construire un hub aérien à Alger avec l’acquisition de 16 nouveaux avions d’ici à 2016.
« Cette dynamique de développement inquiète à mon avis beaucoup de compagnies concurrentes », a-t-il confié. « Si cette campagne médiatique était dirigée contre le P-DG d’Air Algérie, cela aurait été un moindre. Oui, la cible peut être les deux à la fois », a-t-il fini par lâcher. Boultif a reconnu que les crashs d’avions mettent souvent les responsables des compagnies aériennes « à l’index », contestant dans le même sillage les accusations de défaillance portées contre le pavillon national.
Il a expliqué qu’Air Algérie « évoluait dans un environnement fortement réglementé ». Elle est, a-t-il poursuivi, supervisée et auditée de façon permanente aussi bien par des institutions internationales comme l’IATA que par la Direction de l’aviation civile algérienne relevant du ministère des Transports. « Je rassure tout le monde, le transport aérien en Algérie est fortement réglementé, contrôlé et audité », a affirmé Boultif.
Il s’est dit « confiant » quant à l’avenir de sa compagnie qui devrait connaître un essor considérable avec la mise en œuvre du plan quinquennal 2013-2017, approuvé par le gouvernement. Ce plan a permis en 2013 à Air Algérie de gagner des parts de marché à l’international en les portant dans ce segment à 49%, contre 47% en 2012, a-t-il précisé, affichant l’ambition de sa compagnie de devenir leader sur le marché national où opèrent plus de 25 compagnies aériennes internationales.
Le P-DG d’Air Algérie a affirmé que celle-ci est en mesure de passer avec succès tous les contrôles aériens internationaux, démentant des spéculations de la presse française faisant état d’une possible inscription de la compagnie algérienne sur la liste noire de l’aviation civile européenne. De tels écrits « rabaissent Air Algérie à un rang qui ne reflète pas l’importance du pavillon national », a déclaré M. Boultif. La presse française a rapporté dernièrement que la reconduction du label « sécurité » de l’aviation civile internationale, qui,expire en décembre 2014, « n’est pas acquise » pour Algérie après le crash du vol AH 5017 au Mali.
Si Boultif a reconnu qu’en 2009 sa compagnie avait échappé de peu à la liste noire de l’EASA, le gendarme de l’aviation civile européenne, il a cependant précisé qu’Air Algérie a, depuis, considérablement renforcé la sécurité de sa flotte en instituant deux contrôles internes de ses appareils. « Effectivement en 2009, on a été sous la loupe du contrôle SAFA (Safety assessment of foreign aircraft) de la commission européenne, mais la compagnie a pu fort heureusement se soustraire à cette menace », a-t-il indiqué. « Concernant le contrôle Safa, il n’y a pas eu d’événements majeurs depuis 2009 », a-t-il ajouté, notant que sa compagnie « obtient depuis 2010 de bonnes notes à chaque contrôle SAFA » mené par l’EASA.
La procédure d’affrètement de l’appareil a été bel et bien respectée
Mohamed Salah Boultif a affirmé que la procédure d’affrètement de l’appareil de la compagnie espagnole Swiftair, qui s’est écrasé le 24 juillet dernier au Mali, a été bel et bien respectée, qualifiant les irrégularités évoquées par certains experts de « pure spéculation » : « J’ai entendu par-ci par-là que les conditions d’affrètement de l’appareil n’ont pas été respectées, ce qui n’est pas vrai.
C’est de la pure spéculation. Ces personnes font dans la désinformation. » Selon lui, l’octroi des marchés d’affrètement « se fait par voie d’appel d’offres » qui est suivi par une « évaluation rigoureuse » des offres technique et financière des soumissionnaires et ce dans le strict respect des dispositions du cahier des charges. Il a précisé que la commission d’attribution des marchés de l’entreprise rejette systématiquement les offres qui ne sont pas conformes à ces dispositions. Globalement, le processus d’affrètement est élaboré par la direction des programmes d’Air Algérie, qui définit les besoins en avions et en équipages.
Ce programme est approuvé par la Direction de l’aviation civile du ministère des Transports (DAC), a-t-il expliqué.
Démentant formellement les accusations selon lesquelles Air Algérie aurait fait appel aux services d’une compagnie aérienne spécialisée dans le fret pour transporter des passagers, M. Boultif a précisé que Swiftair disposait d’un permis d’exploitation (Airline operating certificate) espagnol, délivré conformément aux exigences de la législation européenne en la matière : « Ce permis l’autorise à transporter aussi bien du fret que des passagers », a-t-il encore précisé, relevant qu’Air Algérie n’est pas la seule compagnie à affréter les avions de Swiftair, puisque des voisins et même les Nations-Unies font appel à ses services.
« C’est une compagnie européenne contrôlée par une autorité européenne, en l’occurrence l’EASA (l’Agence européenne de la sécurité aérienne) », a-t-il dit. Pour l’âge des appareils affrétés auprès de cette compagnie, qui a dépassé selon des observateurs la limite fixée par le cahier des charges, le P-DG d’Air Algérie a réfuté cette critique en affirmant que seul l’entretien comptait dans la mise en exploitation des avions.
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