Braquage sur scène – Le Jeune Indépendant
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Culture

Braquage sur scène

Braquage sur scène

Le jeune metteur en scène Faouzi Ben Braham, déjà présent au 9e Festival national du théâtre professionnel avec deux productions, récidive, dans une nouvelle forme théâtrale, avec le spectacle Satw khass. Ce dernier a été présenté mardi dernier dans la soirée, à Alger dans une satire sociale mêlée au burlesque, tissée dans l’esprit d’un polar hollywoodien.

Faouzi Ben Braham revient avec Satw khass (Braquage spécial) qu’il a coécrit avec Mohamed Mostefaoui et dont il a également assuré la scénographie. Spectacle contemporain empreint de symbolisme, Satw khass est conçu à l’adresse des jeunes dans l’imaginaire des 7e et 9e arts, regroupant dans l’action intrigue policière et bande dessinée, dans une conception à dominance tragicomique.

Saâd et Guemra dirigent un gang spécialisé dans le vol d’œuvres d’art. S’apprêtant de nouveau à subtiliser une sculpture exposée dans un grand musée qui attend d’être inauguré, la méfiance que se vouent les deux chefs est nettement perceptible. Afin de pouvoir pénétrer au musée, les six malfaiteurs décident de simuler un spectacle théâtral à l’occasion de son inauguration, comptant sur l’informaticien du groupe pour neutraliser le système de sécurité et les rayons laser déclenchant l’alarme.

Saâd, voulant trahir ses amis en gardant la sculpture pour lui, se fait doubler, après avoir fui le groupe avec une copie de la statue, laissant l’original à Guemra, lequel a vu venir les choses et fomenté la tromperie. Le théâtre dans le théâtre, les comédiens ont évolué dans un rythme ascendant et ont entretenu une trame à rebondissements, se donnant la réplique dans un équilibre appréciable entre différents personnages, qui ont bien exploité l’espace scénique. La scène d’exposition présentant les personnages qui allaient former le gang (au troisième tableau) est réglée avec minutie et les chorégraphies fonctionnelles intervenant le long du spectacle sont d’un apport sémantique et esthétique probant.

La scénographie, concluante et utile, a bien servi les choix conceptuels de la mise en scène, permettant un bon jeu des comédiens tout au long
des tableaux qui se sont succédé, appuyée par une musique signée Hassen Lamamra. Celle-ci a constitué un véritable élément dramaturgique, avec une authenticité dans le contenu et une modernité dans la forme. Usant dans un jeu burlesque de caricatures, de flashs-back, de bande dessinée (pour la scène de la fuite en voiture), d’ombres chinoises (pour celle du vol de la sculpture), dans des atmosphères dignes d’un polar hollywoodien, les comédiens se sont surpassés, donnant du plaisir à un public nombreux qui a savouré chaque instant du spectacle dans l’allégresse et la volupté.

Dans un spectacle vivant de 65minutes, la sculpture volée par le gang symboliserait, selon un critique de théâtre invité au débat organisé après la représentation, le « bonheur et la prospérité » dont rêvent les jeunes, « contraints de les accaparer par les voies de l’illégalité ».

Faouzi Ben Braham, diplômé de l’Institut supérieur des métiers des arts de la scène (ISMAS) de Bordj El Kiffan en 2009, a mis en scène plusieurs spectacles dont Arrêt fixe du regretté M’hamed-Benguettaf, prix Ali-Maâchi du président de la République en 2009, et Moustanqae ed’dhiaab (le Marécage des loups), prix de la meilleure mise en scène au 6e festival national du théâtre professionnel en 2011.

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