Bouteflika veut-il donner une seconde chance aux boycotteurs ?
Après des mois de silence, le président Abdelaziz Bouteflika vient de relancer le projet de révision de la Constitution, la réforme politique la plus attendue.
La mouture finale sera établie sur la base des résultats des larges consultations organisées avec la classe politique, les personnalités nationales et les organisations de la société civile le mois de juin dernier, a indiqué le président Bouteflika.
Une fois achevé, le texte sera présenté au Parlement (APN et Conseil de la nation) pour ratification puis soumis à référendum, au plus tard 50 jours après son adoption.
Mais en cas de non-modification des équilibres fondamentaux des pouvoirs, le président Bouteflika peut promulguer la Loi fondamentale sans consulter le peuple. Aucune date n’a été avancée pour son passage devant les parlementaires. Des sources dignes de foi évoquent le début de l’année 2015.
Il s’agit de la deuxième révision de la Constitution depuis les années 2000. Parmi les réformes proposées : la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire et la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux. La révision de la Constitution ne mentionne pas de poste de vice-président de la République. Les partis siégeant au sein de la Coordination nationale pour les libertés démocratiques (CNLTD) ont refusé de s’associer à cette démarche puisqu’ils ont boycotté les consultations menées par le chef de cabinet de la présidence, Ahmed Ouyahia.
Pour ces partis, le changement ne peut se faire que par une transition démocratique. La CNLTD dit avoir la certitude que « l’impasse dans laquelle se trouve le pays mènera forcément vers l’effondrement de l’Etat ».
Le président Bouteflika a tenu aussi à préciser que le retard pris dans la confection finale du projet de révision de la Constitution est dû au fait d’associer tout le monde à travers une démarche consensuelle.
Mais aussi d’éviter de le faire dans la précipitation : « Pour ce faire, nous veillons particulièrement à ne pas verser dans l’imitation ni dans l’improvisation », a indiqué le président Bouteflika. Le chef de l’Etat a ainsi pris tout son temps pour prendre sa décision et aussi pour donner une seconde chance aux partis qui ont boycotté la démarche.
Comment le Président compte-t-il convaincre ces partis de participer à un second round, si second round il y aura ?
La présidence de la République avait publié le 16 mai dernier, sur son site Internet, le projet de révision de la Constitution. Le fameux article 74 est rétabli dans la version qui existait dans la Constitution de 1996.
Il dispose que la durée du mandat présidentiel est de 5 ans et que le Président de la République est rééligible une seule fois. Cinq experts nommés par le président Bouteflika ont participé à sa rédaction. Leur objectif : faire en sorte que les propositions du Parlement et du gouvernement soient cohérentes. Ils pourront aussi donner un avis global.
Parmi les membres de cette nouvelle commission, figurent le représentant de l’Algérie pour le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, un professeur d’université, un ancien ministre de la Justice et deux sénateurs issus du tiers présidentiel. Enfin, le timing de l’annonce étonne plus qu’il ne rassure.
Des initiatives politiques ont été enclenchées depuis des mois. Le FFS, dans une posture de facilitateur entre l’opposition et le pouvoir avec sa conférence nationale de consensus qu’il prépare activement, tente de ranimer la scène politique.
La CNLTD, composée de partis radicalement opposés à la démarche présidentielle et à celle du FFS, met le cap sur la transition démocratique et refuse tout contact avec le pouvoir et enfin le FLN qui tente de raviver la coalition gouvernementale avec les partis siégeant au gouvernement. Un véritable imbroglio politique où tout un chacun croit détenir la vérité absolue.