Boukhalfa Laâla : «L’Algérie peut atteindre l’autosuffisance en 2025»
L’Algérie qui a longtemps été et qui demeure un grand importateur de céréales peut inverser la donne et, ainsi, passer du statut d’importateur à celui d’exportateur de ce produit stratégique à l’horizon 2030, en passant par la réalisation de son autosuffisance en 2025. C’est ce qu’estime l’expert en agriculture, Boukhalfa Laâla, lequel conditionne cet « exploit » » par le respect du programme tracé par les hautes autorités du pays.
« L’Algérie peut atteindre son autosuffisance en matière des céréales à l’horizon 2025, mais aussi devenir un pays exportateur de céréales en 2030 ». C’est ce qu’a affirmé au Jeune Indépendant cet expert en agriculture, qui a exigé le respect du programme tracé. Selon lui, avec la nouvelle politique adoptée, on peut inverser la tendance et ainsi passer de pays importateur de céréales à un pays producteur et exportateur. « Nous disposons de tous les moyens pour le réaliser. Il suffit de tracer un plan stratégique, asseoir une bonne gouvernance et faire un suivi permanent », a-t-il précisé.
L’annonce faite, avant-hier, par le ministre de l’Agriculture d’atteindre un million d’hectare dédiée à l’agriculture céréalière dans le sud du pays à l’horizon 2025 est qualifiée d’importante par cet expert, qui dit que le potentiel est beaucoup plus grand. « Les périmètres qui peuvent être exploités sont beaucoup plus importants que cela. Ils sont estimés à 9 millions d’hectares, mais qu’on ne peut pas exploiter dans l’immédiat », a expliqué M. Laâla, signalant la nécessité de mobiliser des moyens financiers et matériels importants.
Pour l’exploitation de cette superficie annoncée par le ministre de l’Agriculture, l’expert propose de faire appel à cinq wilayas du sud du pays et chacune sera chargée de réserver environ 200 000 hectares. « Chose qui est à leur portée », a-t-il estimé.
Le challenge du rendement
Le challenge est, surtout, d’augmenter le rendement, lequel est pour le moment nettement insuffisant, notamment dans le sud du pays. Si le « un million d’hectares » sera mis en œuvre avec un bon suivi technique qui consiste, entre autres, au choix de la semence, au choix des engrais et le moment de leur utilisation, à la lutte contre les mauvaises herbes et au suivi permanent, le rendement peut être amené à 80 quintaux/ hectare et, ainsi, produire 80 millions de quintaux par an et, par ricochet, répondre à nos besoins en céréales, selon l’expert
Cette production épargnera surtout à l’Algérie le recours à l’importation qui coûte cher au Trésor public. « On peut donc mettre fin à l’importation et gagner les trois milliards de dollar réservé à l’importation des céréales qu’on peut injecter dans le développement de cette filière stratégique, pour essayer de produire beaucoup plus et, pourquoi pas, dans un proche devenir, devenir un exportateur de céréales », selon les explications de l’expert en agriculture, qui a salué le choix de se diriger vers l’agriculture saharienne qui n’est pas dépendante des conditions climatiques, notamment la pluviométrie.
Il a, en outre, mis en avant le grand potentiel de recèle le sud du pays qui, à coup sûr, nous permettra d’augmenter les rendements. « Il y a des terres fertiles, l’eau et l’énergie sont disponibles, l’Eta accorde des aides pour ce qui est du système d’irrigation économique, prise en charge de la subvention des engrais…Tous ces éléments favoriseront la production », a souligné l’expert agricole, affirmant qu’avec ces conditions, on devrait avoir un rendement entre 60 et 80 quintaux/hectare, alors que le rendement moyen pour dans le nord du pays est de l’ordre de 17 quintaux/hectare.
Interrogé sur la volonté d’augmenter les capacités de stockage des céréales, également annoncées per le premier responsable du secteur de l’agriculture, M. Laâla, qui dit que la problématique du stockage des céréales est un handicap, a affirmé que la céréaliculture doit obéir à un schéma complémentaire. « Si on va produire beaucoup et on n’a pas les moyens de stockage nécessaires, ça ne sert à rien », a-t-il souligné, notant les capacités de stockage qui sont en deçà des besoins.
Ainsi, le renforcement de ces capacités de stockage de sorte à les doubler a été salué par l’intervenant, précisant que le nouveau programme concerne la reprise des projets à l’arrêt ainsi que le lancement de nouveaux projets.
Il a, dans la foulée, mis l’accent sur la nécessité d’opter aussi pour des espaces de stockage de proximité, soit près des exploitations. L’objectif étant de donner des garanties aux agriculteurs, notamment ceux du sud du pays.