Boudiaf : « les médecins doivent choisir entre le public ou le privé »
Etalés au grand jour, une anarchie régnante depuis des années au CHU Dr Benbadis, des scandales à la pelle, que ce soit au sein de structures indépendantes à l’image de la l’EHS Daksi spécialisée en néphrologie,ou au niveau de certains services du CHU notamment celui de la gynéco-obstétrique au centre d’une polémique suscitéeà la suite de la diffusion par la télévision nationale de l’horrible image qu’offre la maternité de la mégastructure sanitaire, ne pouvaient comme il fallait s’y attendre laisser insensible le premier responsable du secteur.
Il était donc évidentque Abdelmalek Boudiaf venu à la hâte s’enquérir de visu de la situation était porteur de décisions radicales. La maternité a donc tout simplement était fermée en attendant la mise de ses différents services et blocs en conformité avec les normes les plus rudimentaires, qui faut-il le rappeler manquaient cruellement. Pour cela quatre mois ont été accordés au wali et Directeur de la santé pour mettre de l’ordre dans ce service qui fait depuis des années couler beaucoup d’encre. Détournement de matériel médical, enlèvement du petit nourrisson leithen 2014, des médecins, sages femmes et autres paramédicaux estés en justice par des familles de femmes victimes d’erreurs médicales, ou encore plus récemment l’affaire des quatre échographes détruits au marteau, autant de scandales qui auraient dû alerter bien avant la tutelle. Il aura donc fallu des images et une sortie inattendue au demeurant de l’actuel directeur du Centre hospitalo-universitaire, en poste depuis seulement six mois mais qui a eu contrairement à ses prédécesseurs « le courage » d’oser affronter le laisser-aller d’une armada de professeurs dont certains se sont appropriés des services tout entiers et en ont fait leurs chasses gardées.
La décision de fermeture de la maternité comme première mesure n’a donc pas tardée. En attendant, les malades et tout le personnel médical et paramédical serontdispatchés à travers trois établissements, les hôpitaux d’El-Khroub et celui d’El-Bir et l’EHS de Sidi Mabrouk, a, par ailleurs, précisé le ministre. D’autre part, des instructions auraient été données à tous les directeurs de santé des wilayas limitrophes de ne transférer désormaisleurs malades vers le CHU de la capitale de l’Est qu’en ca de nécessité. Il est, en effet, utile de préciser que nombre de citoyens de plusieurs wilayas de l’Est (une dizaine de wilayas,selon le directeur du CHU) préfèrent faire enregistrer leursnouveau-nés aux registres de la commune de Constantine, ce qui, à posteriori crée un désordre au niveau de la maternité lié au surnombre et qui fait que des fois deux voire trois femmes se retrouvent alitées sur le même lit.
Des décisions « tomberont » dans les prochaines 48 heures
Abdelmalek Boudiaf a au cours de sa visite annoncé que plusieurs services sont actuellement scrutés par les services de sécurité et d’autres carrément sous la coupe d’enquêtes judicaires. C’est en toua cas le cas du service de l’orthopédie où la révélation d’un gaspillage de prothèses de la hanche évalué à près de 3 milliards a créé l’indignation des malades. Le ministre a été clair : « Nous ne pouvons plus nous taire », avant de poursuivre sur un ton menaçant :« des décisions vont tomber et des mesures seront prises dans les 48 heures ». Le premier responsable de la Santé prévoit donc de sévir au plus tard ce mardi sur la base, comme il l’a laissé entendre, de rapports que les conclusions d’enquêtes auront à fournir dans les prochaines 48 heures. Des enquêtes qu’il aurait lui-même ordonnéespour tirer au clair les nombreuses incohérences constatées au niveau de plusieurs services et établissements sanitaires de la cité du Rocher.
A cet effet, il citera le cas de 4 professeurs nommés au niveau du service de la Chirurgie générale mais qui n’ont fait aucune intervention depuis plus de cinq ans alors qu’ils continuent de percevoir leurs salaires. Une situation que l’hôte de la ville des Ponts a qualifiée d’inacceptable.
Le chef du département sanitaire a par ailleurs laissé entendre qu’une commission d’experts est à pied d’œuvre au niveaude l’EHS Daksi, pour faire une évaluation de la greffe des reins, au ralenti depuis des années. Boudiaf s’est ainsi interrogé sur les raisons qui font qu’un « établissement de rang » n’ait fait depuis sa création, il y a plus de vingt ans, que 91 interventions de greffe.
Sur un autre volet, le ministre a annoncé sa décision de mettre fin au temps complémentaire, qui permettait jusque-là aux médecins et médecins spécialistes de pratiquer aussi bien dans le public que dans le privé. Abdelmalek Boudiaf s’est montré intransigeant sur le sujet : « je suis le ministre et j’ai décidé de mettre fin au temps complémentaire », a-t-il dit, précisant au passage que celui qui veut travailler chez le privé est libre et n’a qu’à prendre une décision ». « Je ne suis contre personne, mais il est désormais inconcevable pour tout professionnel de la santé de mettre un pied dans le public et un autre dans le privé », a-t-il dit en substance.