Bouchouareb : «Cette conjoncture nous rappelle à l’ordre»
A quelque chose malheur est bon. Pour le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdelwahab Bouchareb, la dégringolade de l’or noir sur le marché mondial devrait donner à réfléchir sur l’urgence de revoir la gestion de la rente et l’instauration d’une économie diversifiée qui permettraient à l’Algérie de réduire sa forte dépendance des hydrocarbures.
« Nous devons absolument agir pour adapter notre économie aux mutations qui s’opèrent au niveau mondial afin de la prémunir des fluctuations des prix du pétrole », a-t-il souligné hier lors de la 8e assemblée générale du Conseil national consultatif pour la promotion des PME (CNS PME).
Le ministre a, néanmoins, souligné que l’Algérie n’a pas attendu la chute des cours du pétrole pour opérer des changements et qu’elle dispose d’une marge de manœuvre importante pour relancer son économie. « Nous avons anticipé les choses.
Car nous ne sommes pas dans la même conjoncture que celle des années 1990 où nous étions contraints d’entamer des réformes sous les fourches caudines du FMI », a-t-il martelé. Le ministre soutient que l’Algérie n’est pas en crise malgré cette chute du prix des hydrocarbures en précisant que le monde entier subit les contrecoups de cette baisse.
« Est-ce que nos concitoyens sont réellement en train de vivre la crise plus que les autres ? », s’est-il demandé en rétorquant que « le pays est certes dans une situation difficile mais les choses ne sont pas aussi alarmantes ».
Pour étayer ses propos, il a souligné qu’il y a « une forte explosion » de la classe moyenne avec plus de 100 000 voitures par an ». Il a également rappelé le soutien étatique des prix de l’eau et de l’énergie ainsi que des produits de premières nécessités. Le ministre est revenu sur les réformes « anticipées » entamées quelques mois avant le repli des cours du pétrole.
Il a notamment cité le nouveau code d’investissement qui devrait être approuvé par le gouvernement dès 2015 et dont le contenu devrait faciliter le climat des affaires et d’encourager l’investissement productif. « On a tendance à focaliser sur la règle 51 /49 régissant l’investissement étranger, expurgée de ce nouveau code. Mais Il n’a pas que ça », a-t-il dit en soutenant que le nouveau code comporte de nouvelles facilitations dont le libre accès au marché algérien pour les investisseurs étrangers et le changement de la gestion des entreprises publiques.
« En tant qu’entreprises économiques celles-ci ne seront plus sous la tutelle de l’Etat ce qui devrait renforcer le climat des investissements », a-t-il ajouté. Il a évoqué en outre, le nouveau code des PME qui sera également approuvé en 2015. Ce code consolidera, selon lui, les différents dispositifs d’appui dédiés à la PME afin de réduire leur taux de mortalité et d’atteindre de nombre de un million de PME à l’horizon 2019.
« Nous veilleront à l’accompagnement des petites et moyennes entreprises et nous les placerons sur le marché », a-t-il affirmé, jugeant par ailleurs que le nombre des 900 000 PME/PMI que compte l’Algérie est en deçà des capacités existantes.
Gestion plus rationnelle des dépenses
Au-delà de ces propos rassurants, le ministre a appelé à une gestion plus rationnelle des dépenses à travers la réduction des importations et la consommation des produits locaux. « Dans les marchés publics, nous avons imposé à toutes les entreprises qui consomment le budget de l’Etat d’acheter les produits nationaux et nous tenons à introduire ce principe chez le simple citoyen en l’encourageant à consommer local », a-t-il souligné.
Pour sa part, le président du Conseil économique et social, Mohamed Babès, a mis en exergue le rôle « incontournable des PME dans la relance du secteur industriel et la création d’emplois en citant l’exemple des pays de l’Union européenne qui comptent 25 millions de PME/PMI.
Pour le président du CNES c’est le secteur qui nous permettra de réduire graduellement notre dépendance des hydrocarbures et de passer d’une économie de rente à une économie du savoir. « Les PME qui représentent 72 % de l’emploi au niveau mondial est notre seule issue pour amorcer le tissu industriel, et rattraper le retard. Mais à condition de mettre les conditions appropriées », a-t-il soutenu.
Parmi ces conditions, le président du CNES a évoqué le rapprochement entre l’université et l’entreprise qui devrait tirer profit de la recherche et de l’innovation issues du monde universitaire. Le président du CNC PME, Zaïm Bensassi, a souligné pour sa part la nécessité pour les entreprises PME/PMI de maitriser les nouvelles technologies et d’adapter leurs produits aux besoins et aux évolutions de la demande. « C’est à ces conditions là que ces entreprises pourrait être compétitives et capables d’affronter la concurrence rude des entreprises étrangères »