Borrel en visite à Rabat : L’ombre du scandale du Marocgate a plané
L’ombre du scandale de corruption du Marocgate a plané tout au long de la visite au Maroc du chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell. Ce dernier ne pouvait guère échapper aux questions des journalistes, qui l’interrogeaient sur l’ampleur et les dégâts que pourraient causer cette affaire sur les relations entre le l’UE et le Maroc.
Borrel a promis une politique de « tolérance zéro » pour la corruption, alors que le Maroc est impliqué directement dans ce scandale de trafic d’influence qui secoue le Parlement européen depuis plusieurs semaines.
Dans un discours prononcé à Rabat aux côtés du ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, M. Borrell a déclaré avoir « soulevé la question » de l’enquête sur la corruption avec son homologue, mais a ajouté qu’il attendait la conclusion des procédures officielles avant d’en discuter davantage.
« Nous sommes péoccupés par ces événements rapportés par la presse. Ils sont inquiétants et les accusations sont graves », a affirmé M. Borrell après la réunion.
« La position de l’UE est claire : il ne peut y avoir d’impunité pour la corruption. Tolérance zéro », a-t-il déclaré, ajoutant que le bloc attendra la décision finale d’une enquête judiciaire sur cette affaire.
La visite de deux jours de M. Borrell se déroule quelques semaines après que la police belge a perquisitionné plusieurs adresses utilisées par des législateurs européens et d’autres fonctionnaires. Les policiers y ont trouvé 1,5 million d’euros en espèces, des sommes que les médias belges ont associés au Qatar et au Maroc.
Quatre suspects sont actuellement en détention, dont l’eurodéputée grecque Eva Kaili. Son compagnon, l’assistant parlementaire italien Francesco Giorgi, aurait fait des aveux aux procureurs belges et affirmé que le Maroc était impliqué. Le Maroc n’a pas commenté publiquement l’affaire.
Pour sa part, Bourita a déclaré que les liens du Maroc avec l’UE doivent être protégés contre le « harcèlement » au Parlement européen.
Dans ce qui semble être une tentative de contrer les accusations, il a promis que « le Maroc défendra ses intérêts et compte sur ses partenaires pour défendre le partenariat » avec l’UE. Toutefois, il a refusé d’évoquer le scandale où les services secrets marocains sont impliqués jusqu’au cou, grâce aux aveux des eurodéputés.
« Ce partenariat fait également face à des attaques au sein des institutions européennes, notamment au Parlement, à travers des questions dirigées contre le Maroc, qui sont le résultat de machinations et d’une volonté de nuire à ce partenariat », a déclaré M. Bourita.
Le Maroc est « le premier partenaire économique et commercial de l’UE sur le continent africain », a souligné ce jeudi le Premier ministre marocain Aziz Akhannouch dans un communiqué, évoquant les 45 milliards d’euros d’échanges commerciaux en 2021.
S’agissant du Sahara occidental, Borrel a réitéré le soutien de l’UE au processus, exprimant l’espoir d’une solution « juste, pragmatique, durable et mutuellement acceptable ».
