La culture en 2022: Dj Snake, Disco Maghreb, des départs, le retour du thêatre et le cinéma à l’agonie
L’année 2022 prend fin. Un coup d’œil dans le rétro s’impose sur les activités culturelles qu’a connues le secteur, durant ces douze derniers mois . Le cinéma, le théâtre, le livre, la musique ou le patrimoine ont stagné durant plus de deux ans, à cause de la pandémie de la Covid-19, qui a frappé le monde entier.
Cependant, ces derniers mois, les événements culturels respirent à nouveau. Mais, ce qui sort du lot, la scène culturelle 2022, est en premier lieu, l’entrée du raï au patrimoine immatériel de l’Unesco et la célébration du 60e anniversaire du recouvrement de l’indépendance dans toutes les activités culturelles.
L’inscription en début décembre de la musique raï qui porte ainsi à neuf le nombre d’éléments du patrimoine immatériel algérien classés, était une occasion de sceller le débat sur la paternité de ce genre musical, mais surtout de le réhabiliter.
La ministre de la culture Soraya Mouloudji a d’ailleurs déclaré au lendemain de l’annonce que « l’inscription du Raï, chant populaire d’Algérie, constitue pour mon pays un acte décisif de reconnaissance par le monde à l’endroit de ce genre culturel, artistique, poétique, musical et chorégraphique qui se donne à voir, à comprendre et à apprécier comme un message de partage, d’amitié, d’amour, et de paix, (…) offert au monde et à l’humanité ».
Le buzz de Dj Snake
Peu avant l’inscription du raï à l’UNESCO, le célèbre artiste franco-algérien William Sami Grigahcine, connu sous Dj Snake, a porté son grain de sel à cette dernière. Avec son hommage à Disco Maghreb, il a donné un gros coup de pub à la culture algérienne. Un buzz mondial qui a fait connaître cette musique bédouine de l’est du pays.
La célébration du 60e anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale et du 68e anniversaire du déclenchement de la Guerre de libération, a été au cœur de toutes les activités culturelles de cette année. Le ministère de la culture a aussi concocté un riche programme de spectacles et un grand nombre d’expositions et de cycles de projection en lien avec l’histoire, en plus d’avoir lancé un vaste mécanisme de subvention de projets dans le théâtre, la littérature, le cinéma et la musique.
Le ministère de la culture change de tête
Chercheure permanente au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) d’Oran, Soraya Mouloudji a remplacé le mois de février dernier Wafa Chaalal au ministère de la Culture et des Arts. Elle est la sixième femme à diriger ce département. Elle a annoncé plusieurs décisions pour redynamiser la production culturelle et artistique. Elle a accordé une attention particulière aux projets relatifs à l’industrie cinématographique des opérateurs privés.
La production cinématographique à l’agonie
Le cinéma algérien a vécu sa plus sombre année, et ce après la suppression du Fonds d’aide aux techniques et aux industries cinématographiques (Fdatic) par la loi de finances 2021. Les réalisateurs, cinéastes et acteurs du 7e art, ont souffert de cette décision, qui a stoppé net, la production cinématographique.
A cet effet, la ministre de la Culture et des Arts a annoncé au mois d’octobre, la mobilisation d’une enveloppe de près de 64 millions de dinars pour régler les tranches de pas moins de 16 films restés en suspens.
Il faut mentionner que le long métrage « Ben M’hidi » de Bachir Derrais, dédié à la vie et au parcours du martyr de la guerre de libération nationale Larbi Ben M’hidi a été bloqué depuis plus de quatre ans. Le film a reçu, mi-décembre à Alger, l’approbation de la commission mixte, mise en place par les ministères de la Culture et des Arts et celui des Moudjahidine et des Ayants-droits, qui ont visionné encore une fois ce dernier. Une levée de toutes les réserves exprimées sur ce film a été annoncée, mais aucune date de sortie n’est à ce jour avancée.
Retour des festivals
Comme dans tous les autres pays, les manifestations culturelles qui devaient se tenir en Algérie sont toutes reportées en raison de la pandémie de Coronavirus. Mais l’année 2022, a été marquée par le grand retour de quelques manifestations.
Le seul festival cinématographique qui a tenu le coup est le Festival international du cinéma d’Alger, resté fidèle à sa fréquentation cette année, malgré un léger changement de date et une baisse de budget. Ce dernier a su se démarquer par sa programmation et la qualité de ses films projetés sur le grand écran. La 11e édition a également connu la projection d’avants premières à l’instar du long métrage « nos frangins » Rachid Bouchareb.
La 12e édition du Festival de la musique symphonique a aussi fait son grand retour et a vu défiler des orchestres internationaux des plus renommés. Citons aussi le Festival international de bande dessinée qui malgré sa fréquentation fidèle, la programmation reste à désirer.
D’autres parts, le Festival national du théâtre professionnel (FNTP), le plus important du quatrième art algérien, est revenu en force pour sa 15e édition, qui prend fin aujourd’hui à Alger. Plusieurs représentations théâtrales ont conquis le public, qui reste fidèle à ce rendez-vous.
Le livre algérien suffoque
Par ailleurs, il faut citer le Festival d’Annaba du film méditerranéen d’Annaba et le Festival du film arabe d’Oran, deux manifestations importantes pour le 7ème art algérien, qui ont à ce jour disparu.
Le livre a aussi connu sa gloire en 2022. Avec le Salon international du livre d’Alger (Sila), un important événement est reporté deux ans de suite, en raison des répercussions du Coronavirus. Les amoureux de la littérature ont été également au rendez vous.
La 25e édition a vu la participation record avec 1250 maisons d’édition de 36 pays. Ce qui représente une hausse de plus de 26 % comparativement à l’année 2019, dont 266 exposants d’Algérie. Toutefois, une baisse de la participation algérienne de 12%, comparativement à l’édition 2019, a été observée et cela à cause des retombées de la pandémie sur le marché du livre en Algérie.
Le Festival culturel national de la production théâtrale féminine a fait aussi son retour à Annaba après une rupture de sept ans. La 5e édition qui s’est déroulée du 27 au 30 novembre a été dédiée à mémoire de la comédienne Sonia Mekkiou, fondatrice en 2010 du festival lorsqu’elle était directrice du Théâtre régional Azzeddine Medjoubi de Annaba (TRA), après avoir dirigé celui de Skikda.
Ils nous ont quittés en 2022
L’année 2022 a été assombrie par la disparition de plusieurs figures qui ont marqué la scène culturelle algérienne. Au mois de janvier le 7e art algérien a pleuré la dispersion de Mohamed Hilmi, dramaturge, réalisateur et comédien qui a marqué plusieurs générations et la culture de l’Algérie postindépendance.
Le mois suivant, Mustapha Preure, a été emporté par le virus Covid-19. Il avait consacré sa vie à l’art, passant du théâtre à la télévision. Le musicien et interprète Chakib Bouzidi, connu dans l’univers du Diwan, s’est éteint en avril dernier après un long combat avec la maladie.
Le même mois, la scène culturelle algérienne a perdu l’une des icônes du 7e art. La réalisatrice algérienne Yamina Bachir Chouikh qui à contribué à plusieurs productions telles que “Omar Gatlato” de Merzak Alouache et “Vents du Sud” de Mohamed Lakhder Hamina. Elle a réalisé “Rachida”, un long-métrage qui figurait dans la sélection Un certain regard au Festival de Cannes 2002.
Le cinéma algérien a été également endeuillé par la disparition en mai dernier de Mohamed Hazim, l’une des figures artistiques appréciées du public algérien, de par ses sketchs comiques au sein de la célèbre troupe « Bila houdoud ». Le même mois, le cinéma algérien a perdu l’une des grandes figures. Ahmed Benaïssa était un homme de théâtre, acteur et metteur en scène. La célèbre actrice Chafia Boudraa s’est éteinte aussi en mai. Elle est connue pour ses rôles dans des longs métrages cultes tels que “El Hariq” et “L’évasion de Hassan Terro”.
Farida Saboundji, monument du cinéma algérien, nous a quittés en septembre après une carrière artistique bien remplie. Le monde artistique a été aussi attristé d’apprendre le décès du chanteur de chaâbi, Aziouz Raïs.