Benkhalfa prédit une autonomie de deux ans et quatre mois

Il aura fallu un peu plus de six mois à l’homme pour qu’il reprenne langue. Abderrahmane Benkhalfa, très loquace au temps où il occupait le poste de ministre des Finances, est peu prolixe depuis le mois de juin 2016.
L’expert revient donc sur la scène à partir d’El-Bayadh où il était l’invité de la Chambre de commerce et de l’industrie « Kessal « , organisatrice d’une journée d’études, consacrée à la Loi de finances 2017 et son impact sur l’investissement et l’entreprise, le banquier était venu plaider la cause de la Banque d’Algérie.
Usant d’un verbe assuré comme à son habitude, l’expert a confirmé que les 114 milliards de dollars de réserves de change de l’Algérie suffiraient à combler le déficit de la balance commerciale jusqu’à la mi-2019.
Benkhalfa estime que ses réserves permettront au pays de couvrir ses dépenses pour une période de deux années et quatre mois et lui assurent une sécurité sur le plan économique par rapport à de nombreux pays.
L’ex-ministre reprend aussi pour son compte un plaidoyer pour la loi de finance en qualifiant de bonne vision le fait que la loi ait été établie en tenant compte des niveaux décroissant de la fiscalité pétrolière et celui croissant de la fiscalité ordinaire et ce pour les trois prochaines années. Ce qui mettrait, selon lui, « l’économie nationale à l’abri des soubresauts ».
Des prévisions qui ne contredisent finalement pas ceux publiées en 2016 par la Banque mondiale et qui prévoyaient une baisse des réserves de changes de près de 62 milliards de dollars durant les deux prochaines années (2017 et 2018) à raison de 31 milliards de dollars l’année.
Seulement ces chiffres (ceux la BM) ne tenaient pas compte des mesures prises par le gouvernement algérien en matière de redressement et d’austérité incluses dans la loi de finance 2017 votée récemment. Des décisions qualifiées d’ailleurs d’impopulaires par la classe politique les acteurs de la société civile.
Abderrahmene Benkhalfa s’est également porté presque garant de la politique social de l’Etat, soulignant que l’Etat n’a pas renoncé à ses engagements sociaux, et ce à travers sa politique de soutien des produits de consommation et des secteurs de la santé et de l’habitat, ainsi que les différentes mesures incitatives dans le domaine de la promotion de l’investissement, notamment dans les régions des Hauts Plateaux et dans le Sud du pays.
Des projets d’investissement qui faut-il le rappeler font partie des principales préoccupations du gouvernement, lequel mise aussi sur la stabilité du marché interne garant d’une visibilité claire pour les entreprises étrangères, à la recherche pour nombre d’entre elles d’un redéploiement dans la région moyen-orientale et nord-africaine.
La stabilité politique et sécuritaire constitue pour cela un facteur indispensable.
L’ex-trésorier en chef revient ainsi sur le sujet en rappelant que l’Algérie est l’un des pays appelés à accueillir les investissements étrangers, au vu de ses recettes, du coût des investissements et du soutien de l’Etat dans ce domaine.
Abderrahmane Benkhalfa, pour rappel, a été remercié à peine une année après avoir été porté à la tête du très sensible ministère des Finances dans l’objectif de redresser la barre. Les fluctuations des prix de la principale matière « exportable « par le pays avait en effet été à l’origine de la baisse des réserves en devises de la Banque d’Algérie.
Le manque de liquidité avait, rappelons-le, été l’une des cause avancée par le gouvernement afin de faire face aux dépenses prévus alors par la loi de finance 2015. Benkhalfa avait vainement tenté alors de faire de la « récupération « de liquidité circulant sur le marché parallèle et qu’il avait estimé à 37 milliards de dollars.
Sa stratégie de remettre de l’ordre dans le secteur se basera donc sur un objectif essentiel qui devait se résumer à injecter dans les banques l’argent de l’informel circulant en dehors du circuit bancaire.
Il se fixera alors un délai pour tenter de « séduire « les barons du marché parallèles. Les détenteurs de ces sommes « illicites » activant pour la plupart dans l’informelle n’y voyaient aucune raison de remettre en cause leurs acquis, l’appel de Benkhalfa eut très peu d’engouement et toute sa stratégie vola en éclat.
Il aura aussi fallut des critiques acerbes de l’ex-secrétaire générale du FLN, Amar Saidani, pour que l’homme se voit remplacé en juin 2016 par Hadji Baba Ammi, lequel occupait alors le poste de ministre délégué au Budget.
Un départ qualifié par les économistes « d’inapproprié « dans la mesure où Benkhalfa n’a pas eu le temps qu’il faut pour mener à bout ses réformes. Selon ces experts l’ex-ministre avait peut-être promis trop de changements sans vraiment avoir les moyens de les réaliser.
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