Benghebrit propose une solution inédite : Les CD de la grogne
Le ministère de l’Education nationale envisage de distribuer des CD des cours aux élèves de terminale, un raccourci inédit jugé surréaliste pour contourner les grèves du Cnapest. Le département de Benghebrit contraint désormais chaque élève à disposer d’un PC ou à fréquenter les cybercafés pour consulter le contenu des CD, à défaut de pouvoir recourir aux lycées qui ne disposent pas d’ordinateurs.
Le conflit opposant le département de Benghebrit au Cnapest semble se durcir, puisque le ministère de l’Education nationale accuse le syndicat des enseignants de prendre en otage les élèves.
« Je ne parlerai pas de bras de fer entre le ministère de l’Éducation nationale et le Cnapest, mais plutôt de chantage », a déclaré Nedjadi Messeguem lors de son passage sur les ondes de la Chaîne III de la radio algérienne.
S’en prenant vertement au syndicat du Cnapest, dont la persistance de la grève est en train de perturber la période d’examens, il l’a accusé de n’être pas dans son rôle d’organisation socioprofessionnelle mais dans celui d’un « acteur politique ».
Dans ce contexte, il appelle les associations des parents d’élèves à réagir. Par ailleurs, Messeguem a déclaré que la situation est « grave ». « L’école est en danger », a-t-il affirmé, soulignant que les élèves se trouvent « disqualifié » des suites de la régression du niveau scolaire constaté au cours des dix dernières d’années.
Il rappelle que son ministère avait engagé des négociations, 10 heures durant, avec les syndicats du secteur autour de 14 revendications « auxquelles, nous avons répondu favorablement ». Il dit ne pas comprendre qu’en plus de réclamer un départ à la retraite au bout de 25 années d’activité, le Cnapest revendique un avancement automatique dans le grade en faveur de ces derniers « sans qu’ils ne suivent une formation, ou ne subissent un examen de niveau ».
L’inspecteur de l’éducation nationale annonce qu’il a été convenu d’une nouvelle rencontre avec ce syndicat « pour trouver une issue à la crise » souhaitant toutefois que celui-ci, tout comme les autres organisations, adhère à une charte d’éthique et de stabilité.
Questionné sur le retard occasionné par la grève de certains enseignants, il affirme que celui-ci est « rattrapable ». « On a déjà réalisé, ajoute-t-il, 75% des programmes et nous avons remis des CD aux élèves afin qu’ils puissent réviser les programmes d’enseignement qu’ils auraient pu rater ». L’invité assure, par ailleurs, que les examens de fin d’année ne seront pas repoussés à une date ultérieure et qu’ils se dérouleront à la date fixée initialement.
Les cours télévisés et sur CD rejetés par les syndicats
Les dernières mesures prises par la ministre de tutelle quant à la mise à la disposition des élèves des cours télévisés ou sur CD, n’ont pas été du goût des syndicats autonomes activant dans le secteur de l’éducation. Rejetant ces mesures, ils estiment que les cours télévisés ou sur CD remettent en cause la relation pédagogique entre l’élève et l’enseignant.
Joint par téléphone, le chargé de la communication du Conseil national autonome de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest-Elargi), qui poursuit son mouvement de grève illimitée depuis le 16 février dernier, rejette catégoriquement ces mesures prises par la ministre de tutelle.
« Nul ne peut remplacer l’enseignant dans la scolarisation de l’élève », a-t-il lancé, indiquant que ces mesures portent atteinte à la « dignité » des enseignants du secondaire et du technique. S’agissant du taux d’exécution des cours qui, selon la ministre, oscille entre 70 et 75%, le chargé de communication au sein du Cnapest, Messaoud Boudiba, fera savoir qu’ « il est impossible d’atteindre ce pourcentage étant donné qu’il y a eu un retard de sept semaines ».
Pour illustrer ses propos, il a affirmé qu’il y a des établissements secondaires qui ont accusé un retard de sept semaines, suite aux intempéries et à la grève initiée par son organisme syndical. Pour ce qui est du mouvement de grève de ce syndicat, Boudiba affirme que celle-ci ne se fera pas sans des revendications claires.
« Les négociations avec les représentants du ministère de l’Éducation n’ont pas abouti. Aucune de nos revendications n’a été satisfaite. Nous avons senti qu’ils n’étaient pas ouverts au dialogue », a-t-il expliqué. Abondant dans le même sens, le porte-parole du Conseil des lycées d’Algérie (CLA), Idir Achour, dira : « Nous ne pouvons pas considérer les cours télévisés ou sur CD comme un moyen pour le remplacement de l’enseignant ». Selon lui, le CD contenant tous les cours de terminale peut être un support supplémentaire pour l’élève, affirmant que « nous n’avons pas encore atteint ce niveau ».