Benghebrit mise à l’épreuve
Demain, plus de 8 millions d’élèves rejoindront les bancs de l’école. Tous les yeux sont tournés vers le département de Benghebrit.
Cette rentrée scolaire, qui aura lieu demain, le 6 septembre, dans tous les établissements scolaires du territoire national sera probablement une réussite, bien que certains syndicats autonomes menacent de recourir à la grève si leurs revendications demeurent insatisfaites. La ministre de l’Education pourra-t-elle relever le défi et a assurer une rentrée scolaire sereine ?
Mme Benghebrit assuré que toutes les conditions seraient réunies pour la réussite de la rentrée scolaire 2015-2016 qui enregistrera plus de 8 112 000 élèves, tous cycles confondus. Le coup d’envoi sera donné cette année depuis la wilaya de Skikda. La nouveauté concerne la date de la rentrée, laquelle sera la même pour tous les établissements scolaires.
D’importants moyens matériels et humains ont été mobilisés afin d’accueillir les élèves dans de bonnes conditions, a indiqué la ministre de l’Education. D’autant plus que son département prône la concertation et le dialogue avec les partenaires sociaux et les syndicats du secteur.
Pour ce faire, Nouria Benghebrit a promis d’organiser des rencontres bilatérales avec tous les syndicats du secteur pour examiner leurs préoccupations. Elles se tiendront à partir du 15 octobre, dans le cadre de la poursuite des réunions initiées par la tutelle avec les partenaires sociaux (syndicats et associations des parents d’élèves) avant la rentrée scolaire. Les syndicats ont, pour leur part, garanti une rentrée scolaire dans le calme.
Les syndicats enterrent la hache de guerre
Alors qu’un vent de colère risquait de souffler sur son département dès la rentrée scolaire, Nouria Benghebrit a tenté de jouer la carte de l’apaisement en invitant les syndicats autonomes à une réunion de concertation, et ce afin d’empêcher une éventuelle perturbation dans le secteur. Lors de cette rencontre, tenue au siège du ministère, les représentants des syndicats de l’éducation ont été unanimes pour dire que la prochaine rentrée scolaire sera « calme », suite à la satisfaction des principales revendications contenues dans les procès-verbaux des syndicats, signés en mars dernier.
Selon le coordinateur du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste), Nouar Larbi, la réunion était une rencontre d’information. La ministre de l’Education y a présenté des mesures pour la prochaine rentrée scolaire et a demandé la garantie d’une rentrée scolaire dans le calme.
En contrepartie, elle s’est engagée à satisfaire plusieurs revendications, dont l’organisation d’un concours pour la promotion de 45 000 enseignants dans les trois cycles de l’éducation (primaire, moyen et secondaire) ainsi qu’une autre « systématique » pour les nouveaux grades, et ce afin de garantir une promotion aux enseignants « menacés de disparition ».
Concernant les points qui n’ont pas encore été abordés, la ministre a fixé la date du 15 octobre prochain pour les évaluer, a-t-il ajouté. Le président du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest) estime que cette rencontre de concertation est « appréciable », la ministre ayant évoqué la question de la formation des enseignants.
La première opération de formation des enseignants s’est tenue ce mois-ci et sera suivie par d’autres formations durant toute l’année scolaire. S’agissant de la charte d’éthique et de stabilité proposée par le ministère de tutelle au mois d’avril dernier, M. Meziane Meriane a déclaré qu’elle sera établie une fois que les syndicats autonomes du secteur de l’éducation auront formulé leurs propositions.
« Les principales revendications sont ajournées », a affirmé le secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs de l’éducation (FNTE), Ferhat Chabekh. Ce dernier a indiqué que le gouvernement a approuvé la revendication relative à la prime des intendants et économes, qui est différente de celle des fonctions pédagogiques. Concernant la prime d’encadrement, M. Chabekh a affirmé que le syndicat attend toujours le règlement de cette dernière par le gouvernement.
Benghebrit s’explique sur l’introduction de la « derdja »
Prendre en considération la langue maternelle de l’enfant dès sa première année scolaire pour ne pas le choquer est l’une des recommandations sanctionnant la Conférence nationale sur l’évaluation de la mise en œuvre de la réforme de l’école, tenue les 25 et 26 juillet dernier au palais des Nations. Une recommandation qui a suscité une vive polémique.
En réponse à ses détracteurs qui ont lancé une campagne contre elle, la ministre s’est interrogée pourquoi ces derniers ne se soucient plutôt pas des faibles résultats obtenus par les élèves lors les examens nationaux et n’œuvrent pas à améliorer leurs résultats. Elle a expliqué que l’enseignement en langue arabe est incontestable et qu’il ne faut pas tromper la société.
« La langue arabe reste la première langue adoptée dans l’enseignement des autres matières », a-t-elle rassuré, estimant que « la Constitution est claire sur la question ». Et d’ajouter : « Il appartient de faire preuve de sagesse et de s’occuper davantage des questions pédagogiques ». La problématique qui se pose est plutôt « comment maîtriser la langue arabe enseignée ». La ministre a tenu à indiquer que le taux d’échec en deuxième année primaire, concernant la langue arabe, oscille entre 8 et 10 %.
La rentrée scolaire en chiffres
Plus de 8 112 000 élèves, tous cycles confondus, rejoindront les bancs de l’école à l’échelle nationale au titre de l’année scolaire 2015-2016. Dans le détail, ce nombre impressionnant se répartit comme suit : 4 109 964 pour le cycle primaire, 2 666 227 pour le cycle moyen et 1 336 884 pour le cycle secondaire. Les groupes pédagogiques sont dans le même ordre : le cycle primaire (141 479), le cycle moyen (82 249) et le cycle secondaire (47 144). Concernant les infrastructures, en particulier celles fraîchement réceptionnées, on enregistre 25 946 établissements scolaires, dont 18 350 écoles primaires, 5 346 CEM et 2 250 lycées.
Les structures d’appui sont tout aussi importantes puisqu’elles doivent permettre d’assurer de bonnes conditions aux élèves, en particulier celles et ceux qui résident assez loin de l’établissement scolaire fréquenté.
Les cantines scolaires seront au nombre de 14 160 alors que pour l’internat, 1 008 structures seront réparties comme suit : 44 pour le primaire, 369 pour le moyen et 595 pour le secondaire. En outre, 3 132 élèves bénéficient du régime de demi-pension : 2 058 dans le cycle moyen et 1 074 dans le cycle secondaire.
Concernant l’appui à la scolarité, 3 millions d’élèves bénéficieront de la prime de scolarité (3 000 dinars chacun, soit une affectation de 9 milliards de dinars) et 4 298 895 élèves bénéficieront des manuels scolaires gratuitement (soit 50 % du nombre d’élèves global), alors que plus de 1,3 million d’élèves bénéficieront de tabliers scolaires. La prise en charge de tous les élèves nécessitant le transport scolaire sera assurée, en collaboration avec les ministères concernés.
Par ailleurs, il y aura 1 322 unités de santé scolaire. Pour les manuels scolaires, ce sont plus de 55 millions d’exemplaires de 167 titres qui ont été tirés par l’Office national des publications scolaires (ONPS) et distribués à tous les établissements éducatifs avant la rentrée 2015-2016, et ce pour la première fois, a tenu à souligner la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit. Les établissements n’ont pas procédé à la distribution des livres en juillet dernier ; ils le feront au courant de la semaine.
Près de 4 millions d’élèves (la moitié des élèves scolarisés) bénéficieront de la gratuité du manuel scolaire. La ministre a en outre annoncé l’introduction du livre d’informatique pour les élèves du secondaire, précisant que l’opération sera généralisée à l’avenir aux autres cycles d’enseignement.
Un premier cours consacré à la solidarité
Comme il a été décidé par la ministre de l’Education nationale, le thème retenu pour le cours inaugural de cette nouvelle rentrée portera sur « la solidarité », avec toutes ses dimensions. La ministre, qui intervenait lors de la Conférence nationale des directeurs de l’éducation des wilayas en prévision de la rentrée scolaire, a souligné que son ministère œuvrera à relever trois défis consistant en la consécration de l’équité et de l’égalité des chances pour tous les élèves, et celles du principe de citoyenneté et de la qualité dans l’enseignement.