Benghebrit la bête noire des sans lumières
Enfin une ministre qui veut tirer l’école algérienne vers le haut ? Depuis plus de vingt ans, les ministres de l’Education qui se sont succédé se sont évertués uniquement à plaire au courant islamo-baathiste qui a pris en otage le secteur au début des années 1980 a travers la première réforme de l’école appelée pompeusement l’école fondamentale.
Très peu de reformes sur la plan pédagogique ont été introduites. Or, avec Mme Benghebrit, une experte en la matière, ce courant, bien installé dans les rouages de l’administration avant d’en être chassé par Benbouzid, ne comptait pas lâcher prise de sitôt. Aujourd’hui, il est tapi dans certaines rédactions de journaux arabophones et de chaînes de télévision qui le relaient ; son discours rétrograde est dépassé par le temps, tout cela au nom de la langue arabe et du contenu religieux qui est enseigné à l’école. Un comble pour une école censée enseigner le savoir et la science. Aujourd’hui, ce courant focalise son discours plein de fiel et de haine sur une ministre qui tente de secouer le cocotier. La méthode : lancer une rumeur et s’emparer d’elle pour lancer ensuite des attaques, des insinuations et des contrevérités. Après Benyounès (qui vient d’être limogé par Bouteflika) c’est au tour, pour la seconde fois, de la ministre de l’Education.
La conférence nationale sur l’éducation, qui vient de s’achever, aura été un grand succès avec des recommandations concrètes et réalistes pour permettre à l’école algérienne d’accéder au statut d’école citoyenne. Mais cette conférence ne semble pas être plaire au bureau national du MSP qui la pourfend au motif que les travaux s’y sont déroulés en langue française. Le MSP, dans le communiqué de son bureau national rendu public jeudi dernier, dénonce le fait que la plupart des interventions ont été faites dans la langue de Voltaire. Le bureau du MSP remet en cause « les orientations idéologiques » de cette conférence, en contradiction avec la Constitution, selon son communiqué. Pour lui, le modèle qui a inspiré cette proposition « est celui qui est en usage dans les anciennes colonies françaises aujourd’hui sous-développées ». En revanche, le MSP préconise de s’inspirer des expériences des pays asiatiques et musulmans, qui ont réalisé des progrès avec leurs langues nationales. Ce sont les mêmes milieux conservateurs qui avaient très mal réagi à la nomination de Benghebrit à la tête du ministère de l’Education nationale. On se souvient que les auteurs de ces attaques lui ont inventé de toutes pièces des origines juives. Ces milieux, qui pensaient que la ministre allait jeter l’éponge face au chahut permanent des syndicats, ont au contraire découvert une femme battante qui ne recule pas devant les difficultés, qu’elle a justement réussi à surmonter à la faveur du dialogue. Ces milieux, qui sont derrière l’état de faillite de l’école algérienne bien qu’elle ait toujours constitué le deuxième budget de l’Etat, après d’être attaquée la Défense nationale, et toujours en embuscade, ont trouvé dans la conférence nationale sur l’éducation une raison de lancer un nouvel assaut contre Mme Benghebrit. Selon eux, la ministre veut remplacer l’arabe classique, langue nationale et officielle par l’arabe dialectal. Or, elle vient de démentir d’une manière solennelle ces informations, précisant que cette question a été débattue lors de la conférence nationale et qu’elle reste, pour l’instant, au stade d’une proposition.
Nouria Benghebrit, a qualifié, jeudi dernier à Laghouat, la rumeur concernant l’introduction de l’enseignement de l’arabe dialectal dans le cycle primaire de « chahut inacceptable ». Elle a indiqué que « la langue arabe reste la première langue d’enseignement, adoptée dans celui des autres matières », soulignant, à ce propos, que « la Constitution est claire sur la question ». « Il s’agit de faire preuve de sagesse et de s’occuper davantage des questions pédagogiques », a affirmé Mme Benghebrit, avant de faire état de suggestions formulées par des spécialistes participant à la conférence régionale d’évaluation de la mise en œuvre de la réforme scolaire, appelant à tenir compte, de façon progressive, du background linguistique de l’enfant : « Comment concevoir la dimension algérienne si le secteur de l’éducation n’investit pas sur l’aspect innovateur véhiculé par les langues arabe et amazighe », s’est-elle interrogée. Cette conférence, dérange beaucoup les gardiens du temple. D’où cette nouvelle offensive contre elle.
Une chose est sûre : elle a le soutien de tous ceux qui ont à cœur de voir l’école algérienne former des citoyens ancrés dans l’identité profonde de l’Algérien mais aussi ouverts sur la modernité.