Benflis : «Le pouvoir ne propose plus à l’Algérie une vision cohérente»
Silencieux depuis plus d’un mois, ramadhan oblige, l’ex-candidat à l’élection présidentielle du mois d’avril dernier, Ali Benflis, a fait hier sa rentrée politique à l’occasion de l’université d’été du Front du changement (FC) d’Abdelmadjid Menasra qui se tient à Boumerdès, Dans son intervention, Benflis a, comme à son habitude, fait le procès du président de la République Abdelaziz Bouteflika.
De prime abord, il qualifie d’ »anormalité » institutionnelle la situation dans laquelle vit le pays. Pour lui, le pouvoir a cessé d’être « présent, fonctionnel et performant ». Sa gouvernance n’est désormais plus qu’une série d’approximations et d’improvisations pour « dissiper les pressions et parer à l’urgence ». Ali Benflis affirme que « le pouvoir ne propose plus à l’Algérie une vision cohérente de son devenir, tout comme il est devenu dans l’incapacité de lui proposer un projet politique crédible, convaincant et mobilisateur ».
L’ancien chef de gouvernement note que la présidence de la République « est devenue aléatoirement diffuse, émiettée, dispersée » et qu’elle « a cessé d’être identifiable et localisable. » A ce propos, il pose un certain nombre d’interrogations qui semblent, selon lui, légitimes : « Qui est véritablement aux commandes de l’Etat ? Où est-il ? Que fait-il ? Nul ne le sait », tient-il à répondre. Et de dénoncer dans la foulée un « Etat figé dans des dogmes et des certitudes d’un autre temps, face à une société vivante, dynamique et innovante ». L’ex-candidat à la présidentielle refuse de reconnaître la Constitution actuelle, « celle d’un homme et d’un régime » et non pas « celle de la République ».
Il faut, selon lui, « changer le régime politique en place (…) hégémonique, dominateur et exclusif », par un nouveau « système politique protecteur des droits et des libertés, respectueux de l’équilibre et du partage des pouvoirs, garant de la pratique politique pluraliste, pourvoyeur d’équité et de justice, soumis au contrôle et à la reddition des comptes ».
Mais pour Benflis, ce changement ne doit pas apparaître aux yeux de notre peuple, avertit-il, comme une affaire bilatérale banale entre le pouvoir et l’opposition, c’est-à-dire, explique-t-il, comme « une querelle politicienne ordinaire à l’égard de laquelle notre peuple se sentirait non impliqué, non intéressé et non concerné ». Le défi pour l’opposition nationale, souligne-t-il, « est celui de l’implication du peuple comme partie prenante et active dans la cause du changement démocratique ». Ali Benflis, qui a entamé le processus de fondation de son parti le Front des libertés (FDL), avait indiqué que le dossier d’agrément de sa formation politique sera déposé avant le mois de ramadhan.
Depuis, plus rien. Le ministère n’a pas donné suite à deux demandes de rendez-vous. Depuis le début de juillet, aucune des multiples demandes de rendez-vous introduites auprès du ministère de l’Intérieur n’a abouti : « Ils ne veulent même plus nous prendre au téléphone », affirme un des membres fondateurs. Mais ces derniers vont faire appel à un huissier de justice pour contraindre la direction générale des libertés publiques à fixer une date pour l’introduction d’une demande officielle. L’administration est tenue de se prononcer sur l’éventuelle conformité d’un parti dans un délai de trois mois. Faute de quoi le dossier est agréé de facto.