Beckham et Soros plaident pour le maintien
A deux jours du référendum historique sur l’Union européenne, le camp du maintien dans l’UE, au coude à coude avec celui du Brexit dans les sondages, espérait hier capitaliser sur de nouveaux soutiens, comme celui de David Beckham, et sur un avertissement du milliardaire George Soros.
« Nous vivons dans un monde dynamique et connecté où, en tant que peuple, nous sommes forts ensembles. Pour nos enfants et leurs enfants, nous devrions faire face aux problèmes du monde ensemble et pas seuls », a fait valoir l’icône retraitée du football anglais, dans un communiqué rendu public par la campagne « Britain Stronger In Europe ».
Le milliardaire américain George Soros a quant à lui mis en garde contre un possible « vendredi noir » en cas de Brexit, anticipant une chute d’au moins 15% de la valeur de la livre sterling. « Alors, ironiquement, la livre vaudrait à peu près un euro », a relevé dans le Guardian George Soros qui s’était enrichi en spéculant contre la devise britannique lors du « mercredi noir » en 1992.
Si les bookmakers penchent sans ambiguïté pour une victoire du « In », les principales maisons de paris évaluant à 80% la probabilité d’un maintien dans l’Union européenne, les derniers sondages prédisent toujours un résultat très serré dans ce scrutin déterminant pour l’avenir du Royaume-Uni, mais aussi du reste de l’Europe.
Une enquête d’opinion d’ORB pour le Daily Telegraph donnait avant-hier une avance de deux points aux partisans du maintien, à 49%. L’institut YouGov donnait lui, pour le Times, un léger avantage au camp adverse, avec 44% (contre 42%).
Chaque camp devait donc tenter de convaincre les derniers indécis notamment lors d’un débat hier soir au stade de Wembley organisé par la BBC.
C’est devant 6.000 personnes que se sont affronté le chef de file des pro-Brexit Boris Johnson et ex-maire de Londres, et son successeur à la mairie, le travailliste Sadiq Khan.
Avant cela, le Premier ministre David Cameron s’est exprimé à Londres à la mi-journée tandis que Nigel Farage, chef du parti europhobe Ukip, a présenté au même moment une nouvelle affiche de campagne.
Cette figure de proue du camp du Brexit a fait scandale, au sein même de son camp, avec une autre affiche, dévoilée la semaine dernière, montrant une colonne de réfugiés avec la mention « Breaking point » (Point de rupture).
Ignorant les critiques, Nigel Farage a accusé le Premier ministre et le camp du maintien d’instrumentaliser le meurtre de la députée pro-UE Jo Cox, sauvagement tuée à coups de couteau et par balles jeudi dans sa circonscription du nord de l’Angleterre.
Le parlement britannique a rendu un hommage ému lundi à cette fervente partisane d’un maintien dans le bloc des 28 et une nouvelle cérémonie est prévue à Londres aujourd’hui, jour de son anniversaire.
Le Premier ministre a également été accusé par l’un de ses anciens conseillers d’avoir promis de limiter l’immigration alors que son équipe lui avait clairement notifié que ces promesses seraient intenables.
David Cameron a reçu le soutien inattendu de son ministre de la Justice Michael Gove, l’un des chefs de file du camp du Brexit, qui a rejeté l’idée que le parti conservateur ait fait campagne aux dernières élections sur « un mensonge ».
Du côté de la presse, le Guardian et le Daily Telegraph ont sans surprise pris position respectivement pour le camp du maintien et le camp du Brexit.
A Hong-Kong, Li Ka-shing, l’un des hommes les plus riches d’Asie et détenteurs d’énormes investissements en Grande-Bretagne, a jugé que le pays devait rester dans l’UE, estimant qu’un vote en faveur d’un Brexit aurait « un impact négatif sur l’Europe toute entière ».
Une trentaine de grandes entreprises françaises parmi lesquels Air France-KLM, Bouygues et Michelin ont aussi publié dans la presse britannique une déclaration d’amour à l’intention du Royaume-Uni pour qu’il « reste » dans l’UE.
Le ministre espagnol de l’Économie Luis de Guindos a quant à lui estimé lundi soir que l’organisation du référendum avait été une « erreur » ayant ouvert une « boîte de Pandore ».
« Je suis convaincu que le Brexit ne va pas l’emporter » mais, « de grâce, ne nous mettons pas dans cette situation une nouvelle fois : cela peut avoir des effets dans d’autres pays dans lesquels le populisme avance de manière très rapide », a-t-il ajouté.