Baghdad promet de régler le dossier des prisonniers algériens
« Sauvez nos enfants », ne cessent d’implorer les proches d’Algériens incarcérés dans les prisons irakiennes. Un cri de détresse qui semble avoir enfin eu un retour d’écho. Une semaine après le passage à Alger du ministre irakien des Affaires étrangères, un signal prometteur est venu du pays de l’Euphrate.
Aussitôt reçu l’appel des familles des prisonniers détenus en Irak, « glissé » par Ramtane Lamamra à son homologue irakien en marge des discussions entre les deux hommes la semaine dernière à Alger, l’on affiche du côté irakien une disponibilité à régler le dossier.
Et c’est à partir de la présidence irakienne qu’une réaction a laissé entrevoir l’espoir d’un règlement du dossier.
Une mission qui sera réservée, à en croire l’agence de presse irakienne Alsumaria News, au nouveau chargé de l’ambassade d’Irak à Alger.
Abderrahmene Hamed Al-Husseini, qui devrait rejoindre son nouveau poste d’ambassadeur d’Irak en Algérie à partir de dimanche, a été chargé personnellement par le président irakien, Fouad Maassoum, de « veiller au règlement du dossier des prisonniers algériens incarcérés en Irak ».
Le chef de l’Etat irakien a mis aussi l’accent, en marge de sa rencontre avec le futur représentant de son gouvernement à Alger, sur « les relations historiques qui lient les deux pays et la nécessité de les développer et de les fructifier dans tous les domaines », notamment ceux de l’agriculture, de l’industrie et de l’économie, insistant par ailleurs sur l’impératif du moment qui pousse les deux pays à coordonner leurs efforts et à « travailler d’un commun accord au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour l’intérêt des deux nations ».
Mission délicate pour le nouveau diplomate. Il aura, en effet, à coordonner avec les autorités algériennes pour tenter de filtrer parmi les détenus algériens dans les bagnes irakiens ceux qui seraient injustement impliqués dans des actes criminels.
Et ils seraient nombreux à avoir fait les frais d’un système qui cherchait à tout prix à remettre de l’ordre dans un pays désintégré après l’intervention américaine.
La montée au créneau des familles de plusieurs détenus dans ce pays relayée par la Cfadi (Coordination des familles d’Algériens détenus en Irak) a donc fait boule de neige. Le ministre irakien des Affaires étrangères, Ibrahim Al-Ashaiqer Al-Jaafari, a tenu sa promesse, et c’est le chef de l’Etat en personne qui a ainsi pris les choses en main.
Bien qu’aucun chiffre ne soit à ce jour diffusé sur les cas d’Algériens détenus dans ce pays, plusieurs témoignages avaient par contre confirmé la présence d’au moins une vingtaine détenus dans les geôles irakiennes pour des faits de droit commun.
La Ligue algérienne de défense des droits de l’homme avait diffusé dans un rapport publié en 2015 que suite à un témoignage d’un ressortissant algérien détenu dans une prison à Nacirya, au moins une quinzaine de ses compatriotes était détenus dans ce bagne où, selon ce détenu, au moins seize prisonniers de différentes nationalités avaient été exécutés à la fin de 2014 dont trois Algériens.
Rappelons aussi que dans une déclaration rendue publique juste avant l’arrivée du ministre irakien, la coordination des familles des détenus en Irak avait appelé à des réponses concrètes à ses demandes de libération des prisonniers algériens. « Nous ne voulons plus de promesses creuses, nous voulons du concret », avait-on écrit alors.
Les rédacteurs du communiqué avaient également précisé que les organisations de défense des Droits de l’homme algériennes avaient sollicité au mois de janvier dernier certaines organisations internationales, dont Amnesty, sur la question de ces prisonniers dont certains ont été récemment condamnés, soit au mois de décembre 2015, à la peine capitale par un tribunal irakien.
Les organisations des droits de l’homme avaient de leur côté dénoncé des procès non équitables et des fois même expéditifs.
Au milieu du désordre qui y régnait, plusieurs Algériens avaient en effet été condamnés par des tribunaux militaires au début des années 2000. Des centaines pour ne pas dire des milliers de sunnites issus de plusieurs pays ont fait les frais d’une guerre de religions qui s’annonçait dans le pays gouverné alors par Al Maliki, dont des Algériens, des Tunisiens et des Saoudiens. Enlèvements, liquidations et exécutions sommaires étaient alors le lot des massacres commis dans le pays au nom d’un pouvoir instable et sous les ordres des puissances étrangères.