Bachir Amellah : Parcours d’un homme méconnu

Ecrivains, historiens et autres universitaires et académiciens ont clôturé, hier, vendredi 15 août, un séminaire de quatre jours sur la vie et l’œuvre de l’homme de lettres El Bachir Amellah, au village Feraoun, dans la daïra de Oued-Amizour à Béjaïa.
Le séminaire scientifique est organisé par l’association scientifique et culturelle El Bachir Amellah, en collaboration avec l’APC de Feraoun, l’APW de Béjaïa, le Haut commissariat à l’amazighité (HCA). Les différents auteurs des communications ont réussi à apporter beaucoup de lumière sur l’homme de lettres El Bachir Amellah d’expression amazighe.
En dépit de son long parcours littéraire et poétique, ce dernier n’est pas connu du grand public, du moins en dehors de la Kabylie. L’implication des universitaires et des pouvoirs publics, lors de ce séminaire, permettra de faire sortir du boisseau le nom et l’œuvre de cet homme qui a vécu à une époque où le peuple algérien traversait une période la plus critique de son histoire.
Le poète et homme de lettres El Bachir Amellah, de son vrai nom El Bachir Chiban, est né au village d’Ichekaven à Béjaïa en l’an 1856 et est décédé le 3 février 1931. Il est le fils d’Arezki Outahar et Hefsa des Aït Yekhlef. L’appellation Amellah était attribuée à ce poète par rapport au lieu où il vivait : Imellahen (pluriel d’Amellah), une agglomération dans le sud de Béjaïa de trois villages : Ichekaven, Ait Ounir et Iaâdhnan. Les historiens retiennent que cette appellation est due au fait que dans cette partie géographique on y faisait extraire du sous-sol du sel. El Bachir Amellah a vécu dans son village natal jusqu’à l’âge10 ans, avant que son paternel ne décide de l’instruire, privilège que beaucoup d’enfants de son âge n’avaient pas à cette époque. C’est en 1866 que El Bachir Amellah s’est retrouvé à l’école coranique de Sidi Soufi à Béjaïa ville. Il avait pour maître Cheikh L’harouzi.
Celui-ci était exigeant envers ses étudiants, rigueur dans le travail et discipline. Pendant huit longues années, El Bachir Amellah apprenait la grammaire, la conjugaison, l’histoire, le coran, et en même temps le kabyle, langue fort maîtrisée par les grands maîtres des écoles coraniques. A l’âge de 18 ans, El Bachir Amellal est rentré à la maison paternelle. Le jeune homme décide alors d’aider ses parents et se met dès lors au travail. Sa curiosité scientifique et intellectuelle, toujours plus grandissante, l’a poussé à quitter de nouveau le domicile parental et son cher village.
El Bachir Amellah s’est retrouvé dans la capitale des Hammadites, dans la zaouia, sise à Iznayen et spécialisée dans la formation des imams des grandes mosquées. De là, la grande aventure littéraire et poétique d’El Bachir Amellah est entamée. Il a composé des vers et a rédigé des textes. Il a traduit de grands auteurs qu’il a lu en kabyle. Au vu de son statut, il a côtoyé les grands savants de son époque, et ce sans compter les chefs de tribus et les grands chefs militaires et religieux, eux aussi des lettrés et des amoureux de la science.
En étant témoin de la colonisation de son pays par la France, El Bachir Amellah a ressenti le mal jusqu’au plus profond de sa chair. Etant visionnaire, il devait sans doute mourir avec cette conviction que l’indépendance de l’Algérie ne devait être qu’une question de temps, d’autant plus qu’il a encore vécu cinq ans après la création de l’Etoile Nord Africaine.
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