«Baccaricature»
L’annonce officielle de baisser la moyenne d’obtention du bac à 9/20 de moyenne est surprenante . Bien que le ministre de l’éducation, Mohamed Oudjaout, évoque les conditions sanitaires exceptionnelles, pour justifier une telle décision, le monde de la pédagogie est sidéré. Le milieu de l’éducation ne comprend pas cette démarche, qui suscite déjà sur les réseaux sociaux, des critiques acerbes, des polémiques et des débats interminables. Cela va de l’analyse pure sur les motivations profondes de cette annonce aux réactions satiriques et ironiques.
Nombreux parmi les pédagogues dénoncent ce qu’ils qualifient de » Baccaricature », estimant qu’il s’agit ici d’un véritable scandale. Comment justifier cette décision par rapport aux élèves qui ont fait des efforts toute l’année, payant des cours et des révisions? Comment justifier également cette offrande aux meilleurs candidats et autres bacheliers, ceux qui sont convaincus des valeurs de l’effort, de l’apprentissage et du sérieux ? Comment justifier cela sur le plan de la pure forme, que notre examen est valable et valide, conforme et qualifié ? Comment justifier une coupure de l’Internet et des mauvaises connexions pendant toute une semaine et sur tout le territoire contre la triche pour enfin arriver à cette décision? Que reste t-il comme héritage et avaleur à ce Bac austère, qui a broyé des générations et a comblé d’autres ?
Déjà que nos universités sont mal loties, mal notées et toujours à la traîne, des recalés en puissance au bac vont se retrouver sur les bancs des amphithéâtres des facultés et instituts, par la grâces d’une décision inattendue et spectaculaire.
Certains observateurs n’y vont pas par quatre chemins pour expliquer la posture du ministère. Selon eux, à la limite de la mauvaise langue, cette décision est indissociable à la conjoncture politique et surtout la proximité d’un référendum sur la révision constitutionnelle, pour lequel les autorités attachent une grande importance. C’est du pur social, comme on est habitué depuis des décennies. Pourtant, même au temps du terrorisme, durant des années terribles et exceptionnelles marquées par les tragédies et les drames, le Bac a gardé son honorabilité, sa valeur. Les officiels n’ont jamais osé toucher à cet examen prestigieux, alors que tout le monde savait comment nos candidats et leurs familles avaient vécu cette décennie noire, ou même les lycées et les établissements scolaires étaient ciblés par des bombes et des incendies. De plus, les élèves n’ont jamais réclamé une quelconque générosité dans la moyenne. D’autres observateurs pensent que les autorités auraient dû ne pas médiatiser cette décision, pour éviter les polémiques, mais il semble que l’annonce serait bien calculée politiquement, selon nombreux commentateurs. La désapprobation est là, générale. Le paradigme de « Un dix sur vingt est un dix sur vingt », semble relever du passé. Les règles ont changé désormais.