Baccalauréat : quelle valeur lui reste-il ?
Les résultats du baccalauréat session 2020 ont été dévoilés ce mercredi. Pour ceux qui ont décroché ce précieux sésame, l’heure est à la joie. Mais même s’il semblait plus facile à obtenir cette année, la valeur de ce bac «option Covid» est bien incertaine.
Au bout d’une année scolaire bouleversée par la Covid-19, le bac a subi de sérieuses perturbations. Si la pandémie a eu raison de ces épreuves, quelle est donc la valeur de ce bac ? Permettra-il aux futurs bacheliers de suivre correctement le cursus universitaire ou encore de trouver une place au sein des universités étrangères ? Spécialistes de l’éducation, pédagogues et syndicalistes sont unanimes à dire que le bac algérien a perdu et continue de perdre de sa valeur. Pour le pédagogue Bachir Hakem, la dernière décision qui consiste à rabaisser la moyenne de réussite à cet examen était le coup fatal. L’image du bac algérien en a pris un sacré coup. Contacté par le Jeune Indépendant, M. Hakem regrette le fait que les bacheliers de cette session 2020 auront moins de chances d’aller continuer leurs études à l’étranger. « Aucune université de renom étrangère ne reconnaîtra un bac sur deux trimestres, avec une moyenne de réussite de 9/20 », déplore-t-il. Evoquant le taux de réussite de de la session 2020, qui est de 55,30%, le syndicaliste estime que ce taux dévoile le problème dont souffre le secteur de l’éducation car, dit- il, même en rabaissant la moyenne à 9/20, le taux habituel n’a pas changé. Pour Bachir Hakem, revoir à la baisse la moyenne de réussite au bac risque de créer un autre problème dans les années à venir. « Nous allons de nouveau parler du seuil et nous rabaisserons la moyenne de nouveau pour avoir la paix sociale. Il n’y a ni le courage ni la volonté politique nécessaires de la part des parties concernées pour une école de qualité », regrette-t-il. Notre interlocuteur insiste sur un autre point, à savoir la prise en charge par l’université des candidats admis ainsi que celle des candidats qui ont échoué.
« Sur 637 538 candidats, nous avons une moyenne de 55,30% de réussite, c’est-à-dire que le nombre qui doit être pris en charge par l’université est de 353 558 étudiants, desquels il faut déduire le nombre d’étudiants ayant obtenu une moyenne entre 9/20 et 10/20car ces derniers auront des difficultés à trouver une place à l’université. Il faut penser aussi aux 284 979 élèves qui ont échoué », s’ interroge-t-il.
Réformer le bac : une nécessité
Face à la dévalorisation du bac algérien, Bachir Hakim insiste sur la nécessité de réformer le baccalauréat algérien. « Il est temps, comme je l’ai déjà proposé, de faire la refonte de l’éducation et celle du bac, particulièrement pour cette année scolaire », indique-t-il. « La réforme du baccalauréat doit être imminente. Nous avons donné des solutions et nous pouvons sauver l’éducation, à condition d’en avoir le courage et la volonté politique », ajoute-t-il. L’interlocuteur regrette que, cette année, les futurs bacheliers iront à l’université amoindris, le troisième trimestre n’ayant pas eu lieu. Pour rappel, la révision de la moyenne du bac en Algérie a été contestée par nombreux pédagogues et syndicalistes. Depuis son annonce, faite dimanche 11 octobre, cette décision a provoqué un mécontentement auprès des pédagogues et des syndicalistes qui n’ont pas tardé à réagir et exprimer leur mécontentement.
Ambiance particulière
Hier, c’est à partir de 15 h que les résultats du bac ont été dévoilés. Les cris de joie fusaient de partout. L’ambiance était particulière. Des élèves, en petits groupes, ont rejoint leurs établissements pour voir l’affichage des résultats. Certains ont préféré rester chez eux pour les consulter sur Internet, sur le site électronique de l’Office national des examens et concours (ONEC). Rayane, candidat en maths techniques au nouveau lycée de Boudouaou, attendait les résultats avec impatience. Il a préféré se déplacer à son lycée car, selon lui, les listes ont été affichées cinq minutes avant qu’ils ne le soient sur Internet. Il est sorti de l’établissement soulagé : « Je l’ai eu avec 17,45. J’avais tout calculé, j’étais sûr et certain de l’avoir. J’ai préféré me déplacer que de rester chez moi à consulter sur Internet vu les problèmes de saturation dans ces circonstances », indique-t-il. Rayane n’a pas manqué de signaler que peu de gens se sont déplacés à leurs établissements par peur de se regrouper, notamment en ces temps de Coronavirus. Les mathématiques ont tout déchiré. Ainsi, cette section est en tête avec un taux de réussite générale de 80,22%. Toutefois, le taux le plus bas est accordé à la filière gestion économique. Le taux de réussite des langues Étrangères s’établit à 67,78%. Quant à la filière des lettres et philosophie, le taux est de 52,60%. Enfin, le taux de la filière maths techniques s’élève à 58,48%.