Baccalauréat : Les élèves sèchent les cours et s’orientent vers les cours de soutien

Alors que l’arrêt des cours pour les classes des cycles moyen et secondaire est prévu pour la fin du mois de mai, les candidats au baccalauréat n’ont pas attendu cette date et ont déjà commencé à déserter les bancs des établissements depuis des mois déjà. Ils préfèrent s’orienter vers les cours de soutien scolaire, payables en monnaie sonnante et trébuchante.

En effet, les classes de terminale sont presque vides. «Il n’y a qu’une poignée d’élèves qui viennent. Quatre, voire cinq élèves par classe. Le professeur nous demande carrément de partir car il ne peut faire un cours à une minorité présente», confie Yacine, un élève en terminale.

Si le phénomène n’est pas nouveau, il n’en reste pas moins qu’il inquiète les parents d’élèves, les enseignants et les responsables des établissements scolaires. «Ce phénomène n’est pas nouveau, il remonte en réalité à 2008», explique Messaoud, un professeur de philo, au Jeune Indépendant. «C’est depuis l’annulation de la fiche de synthèse, qui tenait compte des notes d’examen et des observations des enseignants, et qui déterminait le rachat de l’élève ou non, que l’on a constaté ce phénomène d’absentéisme», ajoute-t-il.

D’ailleurs, un autre facteur favorise l’absentéisme. «Le système d’évaluation est devenu obsolète et, du coup, l’élève n’accorde plus d’importance aux cours dispensés au niveau de son établissement scolaire».

En fait, ce qui aggrave la situation, «c’est le fait que la direction et l’équipe pédagogique n’aient plus aucun pouvoir». Pour remédier à cette situation, «il faut revenir à la fiche de synthèse et revoir de fond en comble le système d’évaluation, en accordant plus d’importance aux cours et aux travaux dirigés», insiste Ameziane, un autre enseignant du secondaire. Depuis le mois de janvier, le nombre d’élèves poursuivant des cours de soutien a augmenté de 30 à 40%. «La demande a augmenté.

Certaines classes, qui accueillaient 14 élèves, sont passées à 30 élèves», selon Ameziane, qui indique qu’«il est arrivé de constater, dans certaines classes, que l’enseignant dispense son cours à seulement cinq élèves au lieu des trente inscrits». Concernant les tarifs pratiqués pour les cours privés, ces derniers ont augmenté substantiellement durant le mois de mai, qui précède l’examen du bac.

Les parents d’élèves, de leur côté, dénoncent le comportement des enseignants qui encouragent leurs élèves à prendre des cours de soutien pour pouvoir terminer le programme scolaire et être prêts pour l’examen officiel. «Il existe un grand problème.

Les enseignants ne font pas correctement leur travail et conseillent aux élèves de prendre des cours qu’ils dispensent», signale un parent d’élève. En réalité, «les inspecteurs et les directeurs des établissements scolaires sont complices. Cela les arrange. Ainsi, en l’absence des élèves de 3e année secondaire, les directeurs peuvent mieux maîtriser le reste des élèves des 1re et 2e années», argumente-t-il.

Pour mettre fin au phénomène d’absentéisme chez les élèves de terminale, plusieurs suggestions ont été proposées comme fermer le site de l’ONEC pour que les candidats ne puissent pas retirer leur convocation et noter toutes les absences au cours du 3e trimestre. Ahmed, père d’un élève en terminale, reconnaît que les parents ont leur part de responsabilité dans ce phénomène d’absentéisme mais qu’ils n’ont pas d’autre choix que de recourir aux cours de soutien pour combler le manque des cours. Pour rappel, l’examen du baccalauréat 2022 aura lieu entre les 12 et 16 juin 2022 et celui du BEM les 6,7 et 8 juin 2022.