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Op-Ed

Audin, en attendant les autres martyrs

En demandant « pardon » à la veuve de Maurice Audin, pour la torture et la disparition de son mari, mort pour la cause algérienne en 1957, le président français Emmanuel Macron, a franchi une nouvelle étape et on lui doit le mérite d’avoir fait sauter un verrou bien gardé par les apologistes de la mission civilisatrice du colonialisme français en Algérie, car ils sont malheureusement bien nombreux et toujours avec le « même logiciel » …
Mais cette reconnaissance qui arrive tout de même 61 après la disparition tragique du jeune mathématicien anticolonialiste, porte en elle un gout d’inachevé qui, à défaut d’une autre « étape » encore plus audacieuse, reconnaissant sans inhibition ni attentisme, tous les crimes de l’armée française, risque de prendre un caractère discriminatoire qui aura à terme, un effet aggravant plutôt qu’apaisant sur les relations déjà très tendues entre les deux peuples, d’autant que cette relation se nourrît des stigmates de la guerre, toujours vivaces dans la mémoire collective du peuple algérien.

Il est de ce fait naturel et évident que la première chose qui vient à l’esprit d’un citoyen algérien, en écoutant les propos du président français Emannuel Macron , c’est de se demander : quand est-il aux autres ? Car les victimes des tortionnaires français sont très nombreuses et les Algériens, se souviennent avec une grande peine aussi bien de la disparition tragique de Maurice Audin que celles de Maurice Laban, d’Henry Maillot, de Raymonde Perchard, de Larbi Benmhidi, Hassiba Benbouali, Ahmed Zabana et tant d’autres martyres morts pour une Algérie indépendante. Pourquoi alors avoir choisi Maurice Audin et pas les autres ? S’agit-il peut-être d’une action purement symbolique, qui dans ce cas-là, ne sera jamais suffisante pour effacer un passé colonial ineffaçable, ou s’agit-il plutôt d’une démarche stratégique prudente à l’égard d’une question très sensible en France afin d’ouvrir la voie vers un dénouement final et définitif de cette question ? En tous cas, on l’espère tous, car une chose est certaine, les Algériens après cette nouvelle étape sont en attente, surement beaucoup plus qu’ils ne l’étaient auparavant, d’une reconnaissance officielle de tous les crimes commis sur toutes les victimes et sans distinction.

En rendant hommage aux Algériens d’origine européenne pour leur soutien au combat du peuple algérien pour son indépendance ; l’État algérien a démontré qu’en matière d’histoire la reconnaissance transcende toutes les considérations politiques qu’elles soient internes ou externes, de gauche ou de droite. La France ne doit-elle pas suivre cette voie couronnée par l’ inauguration par le président Abdelaziz Bouteflika en 2002, d’une stèle à la mémoire des Européens qui avaient soutenu le combat du peuple algérien pour sa libération. Pourquoi pas un jour inaugurer une stèle à la mémoire de toutes les victimes du colonialisme français sur le sol de la France par un président français, ce sera alors un hymne à l’humanité, mais cette fois-ci toute entière. 



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