Au royaume du complot
Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a répondu aux allégations saoudiennes accusant l’Algérie de faillir à ses obligations quant à la lutte contre le blanchiment d’argent. « Tempête dans un verre d’eau », comme métaphore choisie par le chef de la diplomatie en guise de formule polie pour démentir des accusations sérieuses puisqu’elles ont trait à notre action contre le terrorisme international et son financement.
Bien entendu, selon les extraits rapportés par l’APS, le département de Lamamra s’est gardé de répondre à quelque pays que ce soit en considérant, à juste titre, que les engagements de l’Algérie dans le GAFI, le Groupe d’action financière, ne relève pas d’un niveau bilatéral au plan des relations internationales. Avec la finesse habituelle qui caractérise les AE sous le magistère de son ministre de tutelle actuel, le communiqué fait mine de corriger les imprécisions journalistiques quand il rétorque, sur le fond, aux griefs exprimés par le royaume d’Arabie Saoudite.
Or, pour les observateurs avertis dont doivent faire partie nos confrères journalistes, il n’est point la peine de trop argumenter sur la bonne foi d’Alger dans l’adaptation de son socle juridique aux normes internationales.
Au contraire, rappelons-nous de cette autre polémique récente au sujet d’un texte de loi adopté à la hâte par notre chambre basse pour aligner justement notre législation sur les orientations du GAFI. D’aucuns y avaient vu un zèle suspect quand d’autres avaient compris qu’il fallait absolument anticiper sur les « derniers délais » pour ne pas exposer le pays à ces critiques auxquelles on peut répondre aujourd’hui.
C’est pourquoi, le dérapage saoudien qui a décidé de blacklister l’Algérie ne doit pas semer le doute ni la confusion. Surtout que l’accusateur paraît fort mal placé pour donner des leçons d’intégrité morale au sujet du financement du terrorisme. Il n’y a pas eu que les notes secrètes révélées par WikiLeaks pour pointer du doigt le double jeu de Riyad dans ses rapports à la subversion terroriste internationale.
Il y a quelques semaines, c’était au tour du célèbre membre du réseau du 11 septembre 2001, le Franco-Marocain Zaccaria Moussaoui, incarcéré aux Etats-Unis, de déclarer durant son procès que « des hauts dignitaires de la pétromonarchie finançaient les activités d’Al Qaïda ». Cela suffirait-il à inscrire le royaume de Salmane ben Abdelaziz Al Saoud dans le livre blanc du complot pseudo-djihadiste du terrorisme international ?
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