Au lieu du dialogue, Benbitour prône la négociation
L’ancien chef de gouvernement Ahmed Benbitour estime qu’actuellement « nous ne sommes plus dans l’étape de dialogue, mais dans celle de la négociation pour le changement de tout le système de gouvernance et répondre ainsi positivement aux revendications de la population ».
Il appelle dans la foulée le « hirak » à rompre avec le slogan « Yetnehaw ga3 » (Ils partent tous) qui ne va pas apporter de solutions, mais plutôt définir ses objectifs d’une manière claire pour négocier le changement.
Invité de la rédaction d’Alger Chaîne III, Benbitour suggère qu’« il faut définir d’abord le dialogue car ce dernier ne peut pas partir de sujets théoriques ».
Les tenants du pouvoir, précise-t-il, doivent comprendre aussi que lorsqu’ils parlent de dialogue, ils doivent savoir que c’est d’une négociation qu’il s’agit pour organiser le changement et non pas dialoguer sur des sujets théoriques. « Ces négociations, c’est de se mettre d’accord sur la manière de changer le système de gouvernance qui est l’objectif final », a-t-il expliqué. Sachant que les négociations sont lancées généralement en périodes tendues, à l’instar des guerres, Benbitour estime qu’elles peuvent être paisibles. « Comme les marches sont paisibles, les négociations peuvent être également paisibles », a-t-il rassuré.
Pour ce qui est de l’élection présidentielle du 4 juillet, selon lui « elle est irréalisable administrativement » et « la question n’est plus en débat ». Cependant, il a expliqué qu’il faut aller vers des élections dans les plus brefs délais, d’autant que la situation économique du pays ne tolère plus de retard. Il faut donc aller vers les solutions le plus vite possible. « La durée de report de l’élection ou de la transition ne doit pas dépasser les 12 mois », a-t-il indiqué, soulignant que cette période sera suffisante, notamment pour la mise en place de la Commission indépendante d’organisation des élections, l’installation d’un gouvernement de transition chargé de gérer les affaires du pays et surtout la préparation d’un programme de communication pour expliquer à la population la situation difficile que traversera le pays sur le plan économique. Car, avertit-il, l’Algérie d’ici 2021 ne disposera plus de réserves de change pour le financement des importations.
Par ailleurs, Benbitour a souligné la nécessité de capitaliser les acquis de « la révolution citoyenne » du 22 février. Il estime que « les marches du hirak ont apporté un élément très positif qu’il faut comptabiliser pour regarder l’avenir d’une autre manière ». saluant cette attitude, il a indiqué qu’elle a permis de repenser le pays. « Les marches ont démontré que nous ne sommes plus dans le paternalisme et l’autoritarisme, donc il y a des éléments positifs qui suggèrent de féliciter les marcheurs pour avoir obtenu ces résultats », a-t-il relevé. Car avant le 22 février, la société soufrait de plusieurs maux, comme la perte de la morale collective, la violence qui est devenue l’instrument privilégié de règlement de conflits entre les individus et entre ces derniers et l’Etat, la corruption généralisée, l’individualisme… « Après trois mois du hirak, on a pu venir à bout de ces maux ».
Lilia Aït Akli