Au-delà d’un slogan, le business

Le caractère pacifique des marches reste intact. Comme c’est le cas des revendications qui sont restées fermes comme au premier jour, un 22 février. A voir les commerces ouverts parallèlement aux manifestations qui se tiennent à Alger-centre, le caractère pacifique des marches dépasse le stade de slogan, il est palpable et réel.
Mardi encore, des milliers d’étudiants ont perpétué le rendez-vous des marches des mardis. De la Grande-poste à la Place Audin, en passant par l’avenue Pasteur, avec une organisation remarquable, ces étudiants –quoique en période de vacances- restent déterminés. Ce mouvement n’a, cependant, guère affecté l’activité commerciale dans ces quartiers, qui sont le théâtre de marches et de manifestations quasi quotidiennes depuis le 22 février. En effet, les pharmacies, les papeteries, les magasins de vêtements et de chaussures, mais aussi les cafés sont tous restés ouverts.
Il est même possible de prendre un café à une terrasse. Les chapiteaux abritant l’exposition de produits artisanaux à la Place Audin et la Grande-poste sont également maintenus. « Nous travaillons le plus normalement du monde. Nous n’avons jamais eu de problèmes », nous confie Yamina, une exposante de produits artisanaux, signalant que c’est le vendredi seulement que l’exposition ne se tient pas. « Ces marches n’ont pas du tout impacté notre activité qui se déroule de manière ordinaire », a-t-elle poursuivi, soulignant l’intérêt des passants pour ses produits exposés. Badi, vendeur de chaussures en face de la Fac centrale, fait de son côté le même constat. « Les gens achètent comme à l’accoutumée. Rien n’a changé », a-t-il indiqué tout en continuant de dépoussiérer une paire de chaussures. Pour montrer que l’activité commerciale est restée la même, il nous a invité à constater de visu le va-et-vient des clients, au moment où des étudiants défilaient sur le même trottoir. Un peu plus loin, Abdou, propriétaire d’une parfumerie, signale pour sa part une augmentation de ses gains ces jours-ci. « Nos ventes ont augmenté ces jours-ci compte tenu du grand nombre de personnes qui fréquentent le quartier en ces jours de marches », a-t-il signalé, avant de nous lancer « Yak Silmiya » (On a dit qu’elle est pacifique). Une manière de dire qu’il n’y a rien à craindre. Tout en signalant son adhésion à ce mouvement populaire, Abdou nous fait savoir qu’il ouvre sa boutique même le vendredi, le jour de marche par excellence. Donc fini la baisse des rideaux de commerces à l’annonce d’une manifestation ou d’une marche populaire, comme c’était le cas avant.
Car il y a quelque temps les marches ont été synonymes de casse. Des manifestants, pacifiques soient-ils, se voient souvent infiltrés par « des casseurs » donnant ainsi une autre tournure aux évènements. Cependant les observateurs s’interrogent sur la durée de ce mouvement populaire, alors qu’il entame son deuxième mois d’existence. Certains n’hésitent pas à prédire son essoufflement dans le cas où il se structure pas.
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