Tunisie : Des milliers d’algériens attendus dans un contexte particulier
Après une fermeture de plus de deux ans, la frontière algéro-tunisienne a été ouverte ce vendredi, laissant la voix libre à des cortèges de voitures, certaines sous les Youyou, pour accéder à un territoire voisin très prisé par les algériens durant la saison estivale.
Une bouffée d’oxygène pour la Tunisie et un espace d’évasion en ce début d’été pour les familles algériennes.
Malgré l’enthousiasme affiché par les autorités des deux pays, les algériens habitués aux vacances en Tunisie avant la pandémie de Covid-19 risquent d’être très surpris par la situation que vit le plus petit pays du Maghreb et le contexte particulier dans lequel il se trouve.
Pour les familles et les individus ayant opté pour les formules de tourismes en hôtel, mis à part une hausse des prix, la qualité habituelle sera probablement au rendez-vous, d’ailleurs il faudra privilégier une réservation et un paiement auprès d’une agence de voyage algérienne, souvent moins chères que leurs homologues tunisiennes et toujours beaucoup moins chères qu’une réservation à l’hôtel. Point positif, l’accueil et le service qui devraient être réservés aux algériens seront meilleurs, selon un cadre de l’Office nationale tunisienne du tourisme (ONTT), qui a confirmé que les gérants d’hôtels avaient été instruits pour tout faire pour améliorer l’accueil des touristes algériens et de s’adapter à leurs exigences.
Pour les habitués aux vacances chez l’habitant, il faudra savoir que là aussi les prix ont évolué et que les produits de subsistance quotidienne peuvent parfois manquer. En effet, il existe des tensions sur le sucre et la farine par exemple et il arrive que le pain manque sur les étals.
Néanmoins, les autorités tunisiennes semblent vouloir faciliter le séjour des algériens au point de commettre des bévues. Par exemple le Ministre de l’Intérieur tunisien Taoufik Charfeddine aurait annoncé, lors d’une rencontre le 12 juillet dernier, avec Kamel Beldjoud à la Wilaya d’El Tarf, que les Algériens, attendus à compter de demain dans nos contrées, allaient être dispensés des sabots et de la fourrière. Cette mesure prenant en compte l’afflux de véhicules et la nécessité de fournir un nombre de places de parking correspondant à cette variation.
L’annonce avait suscité un large mécontentement envers le peu de cas que l’on fait de l’application de la loi, et de l’égalité de tous devant la loi. Le lendemain, Charfeddine a répliqué en insistant que ces mesures de souplesses allaient être appliqués à tous, sans distinction d’origine et qu’elles enteraient dans le cadre d’un nouveau plan routier, en cours d’élaboration.
Le Ministre de l’Intérieur a aussi évoqué le renforcement de la sécurité des lieux touristiques et des effectifs de la police touristique dans les zones privilégiées par les algériens. Il faut rappeler que ces derniers mois la Tunisie a connu une hausse de l’insécurité dans les grandes villes avec une augmentation de 70% des crimes violents en comparaison avec les années précédentes. Selon le sociologue tunisien Sami Nasr, le taux de criminalité est passé de 5% avant la révolution tunisienne à 7,8% actuellement.
Pour rappel, il y a deux mois, un journaliste algérien travaillant pour une grande chaîne de télévision qatarie avait été agressé et dépouillé de ses possessions à quelques mètres du Ministère de l’Intérieur à Tunis dans la prestigieuse avenue Habib Bourguiba.
Reste la grande inconnue, le retour du Covid dans la région (21000 nouveaux cas et 25 décès en Tunisie entre le 4 et le 10 juillet), pourrait perturber cette saison estivale si des décisions sanitaires strictes étaient prises d’un côté ou de l’autre de la frontière.