Attaque de Zelensky contre des pays arabes : Le dérapage de Djeddah

Que veut MBS ? Non content de vouloir s’approprier les efforts d’autrui concernant le retour de la Syrie à la Ligue arabe, le voici qui invite le président ukrainien Volodomyr Zelensky au sommet arabe de Djeddah. Il fallait le faire ! Convier un protagoniste d’un conflit non arabe à la table des Arabes, en ignorant le second protagoniste, comme pour entériner un alignement sur Kiev au dépend de Moscou.
Comble de l’ironie, le convié s’est permis le luxe et l’outrecuidance d’insulter ses pairs du monde arabe en direct et en présentiel. Fidèle à ses tours de provocation, Zelensky s’est fendu d’un « Malheureusement, certains pays dans le monde et ici, parmi vous, ferment les yeux sur ces prisons et annexions illégales » (de la Russie contre son pays, ndlr). En ligne de mire du président ukrainien, la Syrie, allié inconditionnel de Moscou ainsi que d’autres pays proches diplomatiquement de la Russie.
La faute incombe à la partie qui a invité, soit à l’Arabie Saoudite. Car il faut le savoir, le président ukrainien n’est pas l’invité de la Ligue arabe. C’est le prince héritier saoudien, seul et sans consulter le secrétariat de la Ligue ni le président en exercice de la précédente cession, l’Algérie, qui a pris l’initiative d’impliquer toute l’organisation panarabe dans une prise de position unilatérale qui s’aligne sur celle de l’Occident intégral.
Qu’est-ce qui explique ce revirement de MBS ? Des pressions américaines et un recadrage post-réconciliation saoudo-iranienne de Pékin ? Sommes-nous devant les prémisses d’une volte-face saoudienne, une de trop ? Les prochains jours dévoileront sans doute les tenants et les aboutissants de la présence de Zelensky à Djeddah.
Ce qui est sûr, c’est l’extrême volatilité de l’humeur du prince héritier Mohamed Ben Salmane. Pressé de prendre les rênes de la Ligue, MBS a multiplié les gestes inamicaux en direction de l’Algérie, qui assurait la présidence de la Ligue depuis le 1er novembre 2022. Riyad qui a milité en 2011-2012 pour exclure la Syrie de la Ligue arabe, finançant les groupes terroristes en les dotant en finances, en armes et en hommes, a déployé un étrange exhibitionnisme diplomatique afin de réadmettre Damas en sein de l’organisation panarabe.
Doublé par son frère ennemi mohamed Ben Zayed des Emirats arabes unis, qui a normalisé avec la Syrie dès 2018, rabroué par son autre concurrent, l’émir du Qatar cheikh Tamim Ben Hamad qui s’oppose toujours à Damas, au nom de son amitié avec la Turquie d’Erdogan, MBS n’a pas trouvé mieux que d’embarquer avec lui quelques pays arabes pour faire pénitence et trouver le chemin de Damas. Réunissant il y a quelques semaines, le CCG, moins le Qatar, l’Irak, la Jordanie et l’Egypte, il y a quelques semaines pour entériner le retour syrien, MBS a commis un impair diplomatique en ignorant l’Algérie. Double affront pour le président en exercice de la Ligue ?
Protocolairement peut être, diplomatiquement non. Parce que tout simplement, le prince héritier a démontré au monde entier son amateurisme et son peu de considération aux questions protocolaires et de bienséance, ainsi que le fait qu’il n’a aucune estime pour les principes et l’éthique dans les relations internationales.
Ses tentatives de récupérer les honneurs du retour de la Syrie ont étaient vaines. L’hommage rendu à l’Algérie à Djeddah par les chefs d’Etats arabes sensibles aux efforts du président Tebboune pour la réalisation de la réconciliation arabe sont le meilleur témoignage de la reconnaissance arabe en direction d’Alger. La prise de parole du ministre syrien de l’économie il y a trois jours a été sans ambigüité. Damas a rendu un hommage appuyé à l’Algérie pour la constance de ses positions et ses efforts afin de réadmettre la Syrie à l’occasion du sommet d’Alger les 1er et 2 novembre 2022.
Le second impair en direction de l’Algérie a été la légèreté dans le traitement de la crise au Soudan. En effet, MBS s’est empressé à réunir les deux protagonistes à Djeddah en ignorant le président en exercice de la Ligue arabe. Un amateurisme qui s’ajoute aux nombreuses frasques de celui qui s’apprête à prendre la tête du royaume saoudien à la disparition de son père.
Reste que le coup d’épée dans l’eau de MBS ressemble davantage à une obéissance à une injonction qu’autre chose. Washington a froncé les sourcilles suite à la normalisation saoudo-syrienne, la jugeant inopportune. La seule parade pour Riyad était d’éclipser la présence de Bachar Al-Assad par une autre tout aussi spectaculaire. En conviant Zelensky, MBS est allé à Canossa pour plaire à Washington et faire pénitence pour avoir emprunter le chemin de Damas.
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