Appel à préserver son héritage : Tizi Ouzou rend hommage à l’artiste Mokrane Agawa
La vie et l’œuvre artistique à connotation religieuse de Mokrane Agawa ont été revisitées avant-hier dans l’espace du petit théâtre de la maison de la culture Mouloud Mammeri, de Tizi Ouzou.
De nombreuses révélations ont été faites sur ce grand artiste, c’est Mokrane Ladj, compagnon du défunt, qui a apporté un important éclairage sur son parcours. Un appel à la préservation de son héritage a été aussi lancé. Dès le début de son intervention, Mokrane Ladj a expliqué que Mokrane Agawa avait attiré l’attention de son maître en chant religieux (dikr) dès son plus jeune âge. Sa voix tendre et mélodieuse le distinguait clairement de ses condisciples, et cette qualité allait faire de lui, plus tard, un grand spécialiste du chant religieux.
Bien que son véritable nom soit Mohand-Amokrane Ouali, il est connu sous le nom de Mokrane Agawa. Selon Mokrane Ladj, cela s’explique par le fait que les habitants de l’actuelle wilaya de Tizi Ouzou étaient appelés « Igawawen » par les habitants de Béjaïa et d’autres régions. « Agawa » est en effet le singulier d’«Igawawen ». Mokrane Agawa s’est installé à Béjaïa à l’âge de 20 ans, une ville réputée pour sa riche culture musicale et artistique. C’est là que les Béjaouis l’ont surnommé ainsi, un nom qu’il conserva toute sa vie.
Ce sont les Béjaouis qui, justement, lui ont donné cette appellation « Mokrane Agawa) ; qu’il gardera durant toute sa vie, avec laquelle il est connu. Toujours selon les conférenciers, les Béjaouis l’ont très vite adopté, car ses chants, et surtout sa voix mélodieuse, les ont toujours séduits.
Le défunt artiste occupait un poste de cadre dans le secteur touristique. Il avait exercé d’abord à Annaba avant d’être affecté à Alger. Ce n’est qu’au début des années 1970 qu’un déclic se produisit en lui : l’appel du chant religieux devint irrésistible, le poussant à renouer avec la scène artistique. Il forma alors une troupe mixte de choristes avec laquelle il parcourut toute la Kabylie.
Mokrane Agawa et sa troupe animaient des veillées funèbres ainsi que d’autres cérémonies religieuses. Né le 23 mai 1929 au village d’Ath Atteli, dans la commune de Larbaâ Nath Irathen, il s’est éteint le 12 septembre 2009 à son domicile d’Ath Atteli, à l’âge de 80 ans. L’hommage qui lui a été rendu a également été marqué par des chants religieux imprégnés de son style.
La première troupe à monter sur scène fut celle de Mokrane Agawa, qui interpréta quatre chants. En plus du chanteur principal, cette formation comprend neuf choristes féminins et six masculins. La plupart de ces choristes ont longuement accompagné Mokrane Agawa.
Ensuite, la troupe Khouane Tamgout de Yakouren et la troupe de la zaouia de Sidi-Amar Oulhadj de Bouzguène ont également captivé l’audience avec des chants religieux aux vers et rimes d’une grande rigueur académique. Parmi les spectateurs, se trouvaient plusieurs membres de la famille du défunt. En plus des cadeaux et titres de reconnaissance remis aux participants et à la famille du défunt, un représentant du comité du village d’Ath-Atteli, également élu à l’APC de Larbaâ Nath Irathen, a annoncé la création prochaine de la fondation Mokrane Agawa.
Cette nouvelle a réjoui l’assistance parmi laquelle se trouvait Mme Nabila Goumeziane. La directrice de la culture et des arts de la wilaya a fortement applaudi cette nouvelle. Quelques minutes auparavant, cette responsable, qui était sur scène, a lancé un appel pour la sauvegarde du patrimoine laissé par Mokrane Agawa.
Cependant, les deux conférenciers, Dr Saïd Bouziri et le Pr Mourad Hachi, qui devaient animer cette conférence autour du thème du défunt artiste, n’avaient pas honoré ce rendez-vous. Selon les informations recueillies par le Jeune Indépendant au sujet de cette absence, les deux personnalités étaient retenues par des missions d’une extrême urgence et non prévues auparavant.