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Nationale Algérie-France

Algérie-France: Macron fait marche arrière et prône l’apaisement

Algérie-France: Macron fait marche arrière et prône l’apaisement

Le président de la République française, Emmanuel Macron, a souhaité « un apaisement » sur le sujet mémoriel entre la France et l’Algérie, et dit avoir des relations « vraiment cordiales » avec le président  Abdelmadjid Tebboune, faisant ainsi marche arrière par rapport à ses propos tenus le 30 septembre contre les institutions algériennes.

« Mon souhait, c’est qu’il y ait un apaisement parce que je pense que c’est mieux de se parler, d’avancer », déclare-t-il dans un entretien ce mardi 5 octobre à la radio France Inter, appelant à « reconnaître toutes ces mémoires » et leur « permettre de cohabiter ». « Ce n’est pas un problème diplomatique, c’est d’abord un problème franco-français », a-t-il aussi estimé.

Emmanuel Macron a également dit avoir « confiance » en son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune. « J’ai le plus grand respect pour le peuple algérien et j’entretiens des relations vraiment cordiales avec le président Tebboune », a-t-il déclaré, liant les tensions actuelles au travail de mémoire fait en France sur la guerre d’Algérie.

Macron, premier président de la République française né après la guerre d’Algérie (1954-1962), a entrepris un travail de mémoire inédit sur cette guerre, souvenir douloureux pour des millions de Français, faisant 1.5 million de victimes algériennes.

« Quand la question m’a été posée sur l’accueil du rapport de Benjamin Stora en Algérie, j’ai été obligé de dire la vérité au président Tebboune, on en a parlé et c’est quelqu’un en qui j’ai confiance. Il a eu des mots amicaux et proportionnés. » Mais en Algérie, « beaucoup de gens ont insulté, parfois menacé, Benjamin Stora suite à ce rapport. On ne va pas faire comme si cela n’était rien », a-t-il poursuivi.

Il estime toutefois que ce travail mémoriel, « c’est d’abord un problème franco-français. On doit continuer à faire ce travail avec beaucoup d’humilité, avec beaucoup de respect ».

Cette posture de Macron intervient suite au tollé suscité en Algérie par ses propos sur la question des visas et à l’égard des institutions du pays dont l’armée et sur la question de l’histoire coloniale française  affirmant que le président  Tebboune serait l’otage d’un « système très dur ».

Lors d’une rencontre, le jeudi 30 septembre, avec des descendants d’acteurs de la guerre d’Algérie, de tous les bords, le président français a accusé la classe dirigeante en Algérie, l’accusant de vivre de la « rente mémorielle » et assumant que la dernière restriction sur la visas était justement destinée contre cette classe.
Macron s’en est pris ensuite aux institutions en soutenant que « le système algérien est fatigué et que le hirak l’a fragilisé ». Et d’ajouter, « j’ai un bon dialogue avec le président Tebboune mais je vois qu’il est pris dans un système qui est très der ».

Interrogé sur sa dernière décision de réduire de moitié le nombre de visas accordés au Algériens, Macron a ouvertement assumé que les restrictions visent en premier lieu les responsables algériens.

« Il n’y aura pas d’impact sur ce qu’on évoque. On va s’attacher à ce que les étudiants et le monde économique puissent le garder. On va plutôt ennuyer les gens qui sont dans le milieu dirigeant, qui avaient l’habitude de demander des visas facilement », a-t-il dit.

Mardi 28 septembre, le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, a annoncé la décision des autorités de son pays de réduire à 31500 le quota de visas à accorder aux Algériens pendant les six prochains mois, soit la moitié du total délivré durant la même période de l’année 2020.

Durant cette rencontre du 30 septembre avec les 18 jeunes, Macron a accusé la classe dirigeante de véhiculer « un discours qui repose sur une haine de la France » en faisant référence à la question mémorielle. Selon lui, il existe une « rente mémorielle » en Algérie entretenue par « le système politico-militaire ».

A Alger la sortie de Macron n’est pas innocente et elle est motivée par des considérations électoralistes : « Cette sortie de route du président Macron, à propos de l’Algérie et de ses institutions, est lamentable et elle pue à plein nez l’opportunisme électoral ».
Suite à ce grave dérapage, l’Algérie a rappelé pour consultations son ambassadeur en France, Mohamed-Antar Daoud et a décidé de fermer son espace aérien aux avions militaires français.

C’est la première fois dans les annales des relations bilatérales qu’un président français tient des propos aussi hostiles envers des hauts responsables algériens, compliquant davantage des relations déjà très tendues entre les deux pays.

La première réaction officielle de l’Algérie est venue de l’envoyé spécial chargé de la cause du Sahara Occidental et des pays du Maghreb Arabe, Amar Belani qui a qualifié la décision française de durcir l’octroi des visas aux Algériens de «disproportionnée » et « malencontreuse ».

«Dans la forme, elle est malencontreuse car elle intervient à la veille du déplacement d’une délégation algérienne à Paris dans le but de faire le point sur tous les cas en suspens et de déterminer le mode opératoire le plus satisfaisant en vue de renforcer la coopération dans le domaine de la gestion de l’immigration irrégulière», a souligné M. Belani.

Par ailleurs, une source diplomatique a affirmé au Jeune Indépendant que l’Algérie ne refuse pas la réadmission de ses ressortissants expulsés de France par voie de justice, lorsque leur identité est formellement établie.

«Les autorités algériennes n’ont jamais refusé la réadmission des ressortissants expulsés de France par voie de justice. Cette procédure se fait de manière régulière entre les autorités des deux pays » a souligné la même source, qui a expliqué que toute réadmission doit faire l’objet d’une identification minutieuse établie et acceptée par les autorités judiciaires des deux pays. Selon la même source, “le pouvoir en France veut se servir de la question des visas et de l’immigration comme carte électorale au milieu d’une campagne dans laquelle cette question fait basculer les voix et les sondages d’un côté comme de l’autre”, estimant que “l’opportunité de cette annonce profite au débat interne en France”.

Outre le rappel de son ambassadeur, le régime algérien a interdit le survol du pays aux avions militaires français, qui participent notamment à l’opération « Barkhane », menée contre les djihadistes au Sahel.

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