Alger et Ankara: de nouvelles perspectives

La visite du président Recep Tayyip Erdogan en Algérie est un signe de l’excellence des relations politiques, diplomatiques et d’amitié entre les deux pays.
En plus des convergences de vues sur la question libyenne, cette visite est surtout dominée par des dossiers économiques, un registre que le président Erdogan maîtrise assez bien et qui l’accompagne dans tous ses périples à l’étranger. Car il est évident que ces dix dernières années, la coopération économique a enregistré une dynamique particulière, avec la réalisation de plusieurs projets d’envergure dans différents secteurs, comme le textile et la sidérurgie. Ce n’est pas pour rien que la Turquie est le premier investisseur étranger hors hydrocarbures en Algérie.
Le forum d’affaires tenu dans l’après-midi de dimanche, présidé conjointement par le Premier ministre Abdelaziz Djerad et le président turc, a été une occasion de débattre les voies et moyens de développer cette coopération économique en vue de la hisser davantage au niveau de l’excellence de leurs relations politiques.
Ce forum aura réuni des responsables d’institutions économiques, des chefs d’entreprises et des hommes d’affaires des deux pays pour donner une nouvelle impulsion au partenariat économique, notamment dans les domaines de l’industrie, du tourisme, de l’agriculture et des énergies renouvelables.
Cette rencontre devrait également identifier d’autres secteurs et lancer d’autres projets industriels. Pour l’instant, on veut atteindre un volume de 5 milliards de dollars d’échanges dans un premier temps.
En vertu de nombreux accords portant sur la concrétisation de projets dans les secteurs industriel (textile, sidérurgie…), énergétique, du transport maritime et du bâtiment, la coopération algéro-turque ne cesse de se diversifier et de se développer.
Durant la période allant de 2003 à 2017, pas moins de 138 projets d’investissement impliquant des promoteurs turcs, devant générer 33 859 postes d’emploi, ont été déclarés au niveau de l’Andi pour un montant global de 474 milliards de DA, selon un bilan du ministère de l’Industrie.
En 2017, la Turquie avait détrôné la France en se plaçant en haut du tableau des investisseurs étrangers déclarés, avec un volume financier de 169 milliards de DA, permettant la création de 12 306 emplois.
Le secteur de l’industrie est en première position dans la répartition sectorielle des investissements turcs en Algérie, représentant 59% en nombre de projets, 90% en flux et 64% en termes d’emplois créés sur l’ensemble des projets inscrits au niveau de l’ANDI.
Le secteur du bâtiment, des travaux publics et de l’habitat vient en deuxième position avec 46 projets, suivi de ceux des transports et des services et enfin de l’agriculture.
Actuellement, près de 1 000 entreprises turques activent en Algérie, alors que la communauté de ce pays vivant en Algérie dépasse 10 000 personnes, dont des cadres supérieurs, des techniciens et des travailleurs exerçant dans divers domaines d’activité.
Plusieurs accords de partenariat ont été conclus entre l’Algérie et la Turquie, notamment dans les domaines de la sidérurgie, de l’industrie, de l’agroalimentaire, du tourisme et de la culture.
Mais c’est surtout dans le textile et la sidérurgie que ce pays a investi considérablement en Algérie.
Un projet de construction d’un complexe de textile à Relizane appartenant à la joint-venture Tayal, formée de deux filiales du groupe public national de textile Getex, du holding Madar (ex. Snta) et de l’entreprise turque Intertay, est en cours de réalisation.
En mars 2018, une usine de filature de coton faisant partie de ce complexe est entrée en production, avec une capacité de production de 9 000 tonnes/an.
Toujours dans le secteur du textile, un protocole d’accord a été signé entre l’entreprise publique nationale Texalg et la société turque Boyner Sanayi A.S, pour la création d’une joint-venture de production de filés de laine et d’autres produits textiles à Meskiana (Oum-El Bouaghi).
Un autre partenariat algéro-turc d’envergure est l’extension, sur une superficie de 100 hectares dédiée à la production de rond à béton dans le pôle économique de Béthioua, du complexe sidérurgique d’aciérie et de laminoirs du groupe turc de droit algérien « Tosyali Iron and Steel Industry Algérie », entré en service en 2013.
La capacité de production de ce complexe, estimée à 2 millions de tonnes/an, devant permettre de réduire les importations de ce matériau de construction et de répondre aux besoins des nombreux chantiers de construction.
Dans le secteur énergétique, la compagnie nationale Sonatrach, à travers sa filiale Spic (Sonatrach Petrolium Investment Corp), et la compagnie turque CPEY, filiale de Ronesans, ont signé en septembre 2019 à Istanbul l’ensemble des contrats nécessaires au lancement des études d’engineering du complexe pétrochimique pour la production de propylène et de polypropylène (PDH-PP) à Ceyhan en Turquie.
Sonatrach et Ronesans avaient procédé à la création de la société de projet, une société mixte de droit turc, avec une structure d’actionnariat de 34% pour la Spic et 66% pour CPEY. Selon Sonatrach, cet investissement, estimé à 1,4 milliard de dollars, représente un « intérêt stratégique » pour la Turquie comme pour l’Algérie.
Lors de sa dernière visite à Alger le 26 février 2018, le président turc avait évoqué la nécessité de signer un accord sur la protection des investissements et un autre sur le partenariat stratégique avec l’Algérie.
Il avait notamment appelé les hommes d’affaires de son pays à « investir en force » en Algérie qu’il avait qualifiée d’ »île de stabilité politique et économique en Méditerranée et en Afrique ».
Parallèlement aux projets d’investissements engagés par les deux parties, les échanges commerciaux algéro-turcs ont également connu un essor pour s’établir à plus de 4 milliards de dollars durant les 11 premiers mois de 2019, faisant de la Turquie le 5e partenaire commercial de l’Algérie après la Chine, la France, l’Italie et l’Espagne.
L’objectif tracé par les deux parties est celui d’atteindre, dans les prochaines années, un volume de 10 milliards de dollars par an d’échanges commerciaux.
Hier, une déclaration commune portant création d’un Conseil de coopération de haut niveau entre l’Algérie et la Turquie a été signée à Alger.
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