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Nationale

Al Hoceima entre en dissidence

Al Hoceima entre en dissidence

Il n’est pas bon d’être un journaliste étranger ou local au Maroc, surtout en ces moments de grandes contestations qui touchent de grandes villes du pays.

Après l’arrestation musclée dimanche dernier du journaliste algérien d’El Watan Djamel Alilat, expulsé avant-hier, un autre journaliste, marocain celui-là, n’a plus donné signe de vie.

Selon l’organisation non-gouvernementale de défense des droits des journalistes Reporters sans frontières (RSF), celle-ci a exprimé, mardi dernier, sa préoccupation suite à la disparition du journaliste Mohamed El Asrihi, directeur du site marocain d’informations locales en continu, Rif24 suite à la couverture des manifestations qui secouent depuis plusieurs semaines le Rif dans le Nord du royaume : « Il a disparu depuis vendredi 26 mai. Pour le moment, nous n’avons pas de nouvelles. Nous sommes inquiets », affirme RSF Afrique du Nord. 

Ce site informatique, qui donne des informations en continu sur les événements du Rif, est devenu la bête noire du makhzen qui utilise tous les moyens psychologiques et médiatiques pour discréditer les manifestants d’El Hoceima et leurs leaders emprisonnés. Les médias publics font pour le moment une couverture minimale de ces événements. La télévision nationale Al Oula fait même dans la désinformation à outrance.

Des images trompeuses sur les marches des manifestants ont été utilisées par cette chaîne à l’adresse de l’opinion nationale et internationale. La télévision marocaine a eu recours à des images montrant un affrontement entre supporters de clubs. Le père de Nasser Zefzafi a pris la relève de son fils emprisonné et a appelé hier soir à manifester en paix.

Lors d’une manifestation monstre qui a réuni des milliers de citoyens dans le quartier de Sidi Abid d’El-Hoceima, le père de Nasser Zefzafi a pris la parole pour s’adresser à la foule : « Je peux dire que c’est notre destin. Je ne peux que vous remercier, vous qui êtes sortis ce soir, mais aussi l’ensemble des citoyens qui sont sortis dans d’autres villes du Maroc », a-t-il déclaré.

Il s’est ensuite excusé, disant ne pas être prêt pour prononcer un discours. Il a aussi dit s’être rendu sur place pour « s’assurer de la continuité du Hirak » et « faire passer un message à Nasser Zefzafi et aux autres personnes kidnappées ».

« Je suis venu leur dire que leurs frères dans le Rif et dans d’autres villes marocaines et en Europe sont tous avec eux. Nous demandons à ce pays de revenir sur toutes les charges contre les détenus politiques et les personnes kidnappées ». Il a ensuite appelé à conserver le caractère « pacifique » des protestations, répétant le mot « pacifique » à maintes reprises avant que les applaudissements de la foule ne couvrent sa voix.

El-Hoceïma, une ville de 56 000 habitants a été, la nuit dernière, le théâtre d’une nouvelle démonstration de force par les habitants de la région pour réclamer la libération de celui considéré comme leur leader, Nacer Zefzafi, et réitérer leurs revendications politiques, sociales et économiques.

Des milliers de manifestants ont envahi les rues du quartier de Sidi Abed, non loin du centre-ville d’El-Hoceïma, vers 22h locales après la rupture du jeûne.

Les forces anti-émeutes se sont déployées sur une place non loin du boulevard Tarik-Ibn-Ziyad pour tenter de les empêcher de se rassembler, mais elles ont ensuite reculé sous la pression des contestataires, dans un face-à-face tendu mais sans incident.

Vers 23h locales (et GMT), la manifestation se poursuivait tandis que les contestataires scandaient « Nous sommes tous Zefzafi « , « Dignité pour le Rif », ou « Halte à la militarisation », brandissant par centaines des portraits de leur leader. Le père de Mohcine Fikri, vendeur de poisson tué accidentellement dans une benne à ordures fin octobre, dont la mort avait été le déclencheur de la révolte, était lui aussi sur place.
Il a appelé les manifestants « à poursuivre leur mouvement pacifique ».

Des manifestations d’importance ont eu lieu également dans d’autres localités de la province, à Imzouren et Beni Bouyaach. A Rabat, un sit-in d’environ 200 personnes devant le Parlement a été violemment dispersé par les policiers, qui ont chargé la foule. Même scénario à Casablanca, à proximité de la brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), où Zefzafi a été transféré.



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