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Nationale

Aït Ahmed rejoint Boumediène

Aït Ahmed rejoint Boumediène

Qui se souvient de Boumediène ? La question paraît insolente, bien entendu, mais il faut avouer que le Président qui a marqué
les premières années de l’indépendance de l’Algérie a été un peu oublié ces derniers temps.

Or, l’anniversaire de sa disparition coïncide cette année avec le décès de Hocine Aït Ahmed, un autre symbole de l’épopée révolutionnaire algérienne, qui a terminé ses jours en exil. Le départ des derniers héros de la Guerre de Libération autorisera-t-il enfin l’écriture apaisée de l’histoire de l’Algérie ?

L’Algérie pleure Hocine Aït Ahmed. Toute l’Algérie et non pas seulement son village, comme un papier de l’APS l’a signifié maladroitement. Il en est de même pour tous ces Algériens qui ont su sacrifier leur jeunesse pour l’émancipation de leur peuple les générations qui ont suivi n’auront jamais assez remercié les Novembristes. 

Ceux assassinés, tombés au champ d’honneur, ceux torturés, emprisonnés, exilés, ceux disparus, sans sépulture, sous l’effroyable répression de l’armée coloniale qui brûla des douars entiers au napalm. « L’été de la discorde » n’aura pas pu effacer le miracle de l’unité des Algériens du Sud au Nord, d’Est en Ouest, sans omettre la zone autonome d’Alger où même des enfants sont morts en s’impliquant dans la lutte.

Quelles que soient les manœuvres des uns et des autres au lendemain de l’indépendance, quelles que soient les dérives antidémocratiques que la prise de pouvoir a apportées dans ses baluchons, ces hommes reposent dans l’imaginaire collectif au cimetière des braves.

Dans le carré officiel d’El Alia ou sous un olivier de Kabylie, dans le sable de Biskra ou face à la mer sur le mont Chenoua, tous les Algériens qui ont contribué à casser le joug colonial méritent le respect et la reconnaissance éternelle de la Patrie.

Manichéisme insensé

Parce que la tendance a été, pour certains, de faire un tri dévastateur sur le plan de la vérité historique entre les bons et les mauvais moudjahiddine.

 Au nom du manichéisme imbécile qui propose un récit simpliste, partiel et forcément mensonger des faits historiques.
A cause des déchirements qui ont très tôt caractérisé le mouvement national, mais que le Front de libération nationale de l’époque avait su tempérer.

Les acteurs, eux-mêmes rescapés du génocide commis par la France, ont ouvert la brèche en racontant leur version étriquée, y injectant une bonne dose de subjectivité. Dans le but de régler des comptes à des frères de combat rivaux ou pour encenser des amis du maquis.

 Sur fond de résurgence des différends idéologiques et de bavures non assumées qui ont endeuillé parfois la famille révolutionnaire.
On a pu ainsi entendre des accusations proférées par des figures de la Révolution qui ont attribué des assassinats fratricides à des chouhada, en éclaboussant leur mémoire au point de heurter nombre d’Algériens en général et leur famille en particulier.

Les purges de la « bleuite », la mort du colonel Amirouche, l’assassinat d’Abane Ramdane, de Krim Belkacem et de Khider, pour ne citer que ces moments tragiques, sont devenus des sujets de débat qui ont terni le récit glorieux de Novembre. Devoir de vérité face à une histoire officielle qui a naturellement trop arrondi les angles au point de se contredire par la suite…

Le cas Messali

A l’instar de la réhabilitation tardive d’un des pères de la Révolution, devenu traître en porte-à-faux avec le déclenchement de la lutte armée du 1er Novembre 1954. Il s’agit de Messali Hadj, à qui on reconnaît finalement sa part de mérite dans le cheminement vers l’indépendance.

Une réhabilitation controversée et dénoncée par une importante frange de consciences patriotiques qui considèrent que la guerre menée par le MNA de Bellounis, bras droit de Messali, au FLN historique, interdit toutes circonstances atténuantes à l’ex-leader charismatique du MTLD. 

Cette lecture intransigeante de l’histoire, dont feu Boumediène a été lui aussi un adepte, semble s’être retournée contre sa propre personne. Son coup d’Etat en 1965 qui renversa le premier président de la République algérienne, Ahmed Ben Bella, est resté en travers de la gorge de nombreux compagnons de lutte, tandis que sa main de fer contre toutes expressions identitaires ou politiques remettant en question son autorité et le parti unique, demeurent de sombres souvenirs pour les militants démocrates qui ont croupi dans les prisons de Lambèse ou Berrouaghia.

Des griefs qui s’opposent durement aux hommages qu’on voudrait rendre à sa politique sociale extraordinaire, qui fit de l’enfant en guenilles d’un village enclavé un adulte chirurgien de renommée internationale. 

El Houari Boumediène, l’autocrate sévère, fait bien de l’ombre à l’autre Boumediène, le nationaliste généreux et désintéressé matériellement, austère de nature, qui voulut partager les richesses nationales entre tous.

En bon socialiste, en bon musulman. Il faudra donc des années encore de travail méticuleux et dépassionné d’historiens débarrassés des idéologies, de l’amertume et de la rancune, pour redonner à chacun sa place dans l’Histoire merveilleuse d’un peuple qui sortit de la nuit coloniale grâce à son courage et sa détermination.

Un peuple composé de femmes et d’hommes imparfaits, capables du meilleur comme du pire. Des enfants de la Révolution malgré tout. Un travail académique sérieux s’impose pour que les jeunes de demain sachent qui était l’homme que l’aéroport international d’Alger rappelle à notre mémoire.

Un aéroport où ils seront nombreux, les Algériens, à attendre la dépouille de Da l’Hocine, un héros, un homme lui aussi, avec ses hauts faits et ses erreurs, mais qui a tant donné pour l’Algérie. Allah Yerham chouhada.



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