Ahmed Benaissa: Un an après, son héritage se perpétue

Il y a un an, le 20 mai à Cannes, l’Algérie perdait une de ses plus grandes figures du théâtre, de la télévision et du cinéma, Ahmed Benaissa. Son décès soudain, foudroyé par un malaise cardiaque  juste avant la présentation de son dernier film « Goutte d’or » réalisé par Clément Cogitore, a laissé le monde artistique algérien en deuil. Sa voix profonde et son visage reconnaissables entre mille restent gravés dans les mémoires, rappelant l’immense héritage laissé par cet artiste hors du commun. Un an après sa disparition, le théâtre algérien se souvient de cet homme qui a marqué son histoire de manière indélébile.

Cela fait un an que le rideau est tombé sur la vie d’Ahmed Benaissa, transmis derrière lui un héritage artistique d’une valeur inestimable. Né le 1er mars 1944 à Nedroma et élevé à Sidi Bel Abbes, il a voué plus de 50 ans de sa vie à l’art et à la culture de son pays. Son amour pour le théâtre s’est éveillé dès son plus jeune âge, et il a rapidement quitté sa ville natale pour rejoindre la capitale Alger, où il a intégré le théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi.

Sa carrière dans les arts de la scène a débuté en 1964, lorsqu’il a participé aux représentations théâtrales à Alger et à Oran. Aux côtés de grands noms tels que Kateb Yacine, Mohamed Boudia, Azzedine Medjoubi, M’hamed Benguettaf et Sonia, Ahmed Benaissa a brillé par son talent et sa présence charismatique. Son engagement dans le théâtre ne s’est jamais relâché, et il a même assumé la responsabilité de la direction du théâtre régional de Sidi Bel Abbes dans les années 1990.

Ahmed Benaissa était bien plus qu’un simple acteur talentueux. Il était une force de la nature sur scène, captivant le public avec sa présence charismatique et son interprétation magistrale des rôles qui lui étaient attribués. Sa voix puissante et son jeu d’acteur remarquable ont fait de lui l’un des acteurs les plus respectés et adulés de sa génération.

Au-delà de sa brillante carrière théâtrale, Ahmed Benaissa a également laissé une empreinte indélébile dans le cinéma algérien. Son talent s’est exprimé à travers de nombreuses performances cinématographiques, travaillant aux côtés des plus grands réalisateurs du pays.

En 1971, Benaïssa commence sa carrière au cinéma avec le film Étoile aux dents ou Poulou le magnifique réalisé par Derri Berkani. Il a joué le rôle’Jibé’ dans ce film. Fort du succès du film, il reçoit plusieurs films les années suivantes comme les films algériens Leïla et les autres en 1977 réalisé par Sid Ali Mazif, Buamama en 1985 réalisé par Benamar Bakhti et la comédie populaire Le Clandestin en 1989 réalisé par Bakhti.

Il a joué le rôle principal de’Haroun’, dans le film L’Étranger de Camus. Il a joué et mis en scène au Théâtre National d’Alger, ainsi qu’au Théâtre Régional d’Oran. Il a également dirigé le Théâtre Régional de Sidi Bel Abbès. En 2013, il remporte le prix de la meilleure réalisation pour le film Nedjma. Benaïssa a joué le rôle de’Rida’ dans le premier long métrage de Ramzi Ben Sliman Ma Révolution.

L’ampleur de sa contribution à l’industrie cinématographique et télévisuelle aurait pu le détourner du théâtre, mais Ahmed Benaissa est resté fidèle à sa passion. Il a même lancé et mis en scène le projet « Nadjma » il y a quelques années, dans le but de rapprocher les jeunes acteurs des textes de Kateb Yacine en travaillant sur des adaptations dans un langage universel compréhensible par tous.

Un an après sa disparition, l’héritage d’Ahmed Benaissa brille toujours comme une étoile dans le firmament culturel de l’Algérie. Son charisme, son talent et son dévouement à l’art ont laissé une marque indélébile dans le cœur de ceux qui l’ont connu et admiré. Sa présence manque cruellement à la scène artistique algérienne, mais son souvenir continue de vivre à travers les œuvres qu’il a laissées derrière lui.