Agressions, viols et assassinats : un cauchemar qui hante la population
Le feuilleton des actes de violence et des crimes n’est pas près de connaître son épilogue. Six jours après l’assassinat crapuleux de la jeune adolescente Chaima, dans la banlieue est d’Alger, un autre crime similaire et aussi horrible a eu lieu dans la nuit du mercredi au jeudi, à Sétif.
La victime est une jeune femme âgée de 32 ans. Elle a été retrouvée assassinée et brûlée dans la forêt Faid-Ghrib, sur les hauteurs d’El-Eulma. Selon les premières informations, le criminel serait un jeune homme de 28 ans, de la région de Bellaa (Sétif). Il se serait présenté, après avoir commis son forfait, aux services de la Gendarmerie nationale territorialement compétents.
Suite à ces crimes en série qui ciblent notamment la gent féminine, un rassemblement à la mémoire de toutes les femmes victimes de violences a été tenu, avant-hier à Alger-Centre, par des militantes, des artistes et des journalistes. L’action a été initiée par le collectif du mouvement féministe FACE (Femme algérienne pour un changement vers l’égalité), qui dénonce la mort de 39 femmes tuées en 2020.
« Les femmes crient leur ras-le-bol face à une violence qui se pratique à leur encontre et disent en avoir marre de la brutalité. C’est de notre devoir, tous comme on est, d’agir pour que ces victimes ne restent pas seulement des images et des chiffres qui indiquent leur nombre. Il faut mettre un terme à ce phénomène. C’est bon ! Basta ! », lâche la militante Amel Hadjadj qui était parmi les protestataires présentes au sit-in devant la faculté centrale.
Selon cette militante, l’objectif de ce rassemblement est de tirer la sonnette d’alarme sur la gravité et l’allure inquiétante prise par ce fléau social. Elle appelle l’Etat à intervenir pour trouver des solutions radicales au phénomène qui ronge la société. La militante a critiqué la prise en charge par les autorités publiques des femmes violentées qui, selon elle, ne répond pas à leur situation « intenable ». « Des femmes déposent des plaintes contre leurs agresseurs et restent des années à attendre le traitement de leurs affaires. Dans certains cas, on leur dit qu’il y a la loi, mais qu’il vaut mieux pardonner. C’est inacceptable ! Nous voulons des solutions radicale coercitives contres ces pratiques », a-t-elle martelé.
Le collectif FACE estime que « le changement devra s’opérer en abrogeant le code de la famille de 1984 et en promulguant des lois civiles égalitaires ». Il souligne également la nécessité de « réviser la loi relative au viol et à la criminalisation de tout acte de viol et violence faites aux femmes».
A cette occasion, le collectif réitère son appel à l’application ferme des lois contre toutes ces pratiques subies par les femmes dans l’espace public, dans le milieu du travail ou encore au sein de son entourage familial.
Cependant, la spirale de violence ne concerne pas uniquement les femmes et les adolescentes. Les garçons et les jeunes hommes, eux aussi, ne sont pas à l’abri de ces agressions perpétrées par des monstres qui continuent, en gangs et armes blanches à la main, de semer la terreur parmi la population. L’Observatoire national pour la lutte contre les fléaux a signalé, mercredi soir, via les réseaux sociaux, l’enlèvement d’un jeune homme de 24 ans par un groupe de criminels à Aïn Nadja. Les ravisseurs ont par la suite appelé la maman de la victime pour revendiquer une rançon de 12 millions de centimes, ajoute la même source.
« Sa3ika » pour endiguer les gangs et les agresseurs
Face à la montée terrifiante de ce phénomène « complexe » comportant les actes les plus inhumains : agressions, assassinats, viols et calcination des corps, l’Etat envisage une réaction encore plus violente pour mettre fin à cette insécurité qui se propage comme une traînée de poudre. La force de frappe, cette fois-ci, ce sont les groupes d’intervention de la Gendarmerie nationale dits « Sa3ika ».
« Je m’adresse aux gangs, l’Etat ne restera pas de marbre face à ce phénomène, et agira plus violemment contre des acteurs les actes d’enlèvement et d’agression. Contrairement à la méthode classique, notre intervention sera forte, rapide et violente contre les criminels et les bandes de quartier. Nous allons ainsi employer ce qui est connu communément comme les groupes « Sa3ika » et nous sommes même prêts à réquisitionner les forces des parachutistes de Biskra », a déclaré le représentant du Commandement de la Gendarmerie nationale, le lieutenant-colonel Sayeh Boussif.
« Si le citoyen croit que nous allons le laisser livré à lui-même pour faire face à ces criminels, c’est faux. L’Etat est en mesure d’assurer la protection de ses citoyens », a-t-il affirmé.
Pour ce faire, les services de la Gendarmerie nationale comptent aussi resserrer l’étau autour de la cybercriminalité et le harcèlement pratiqué sur la Toile sur des enfants mineurs. « Les enfants qui subissent des pressions par des gangsters en usant des photos personnelles compromettantes (…) peuvent appeler le 1055 pour que nos spécialistes les prennent en charge », a poursuivi l’officier.
« Nos éléments peuvent se déplacer chez le concerné sans en informer l’entourage familial, les voisins et le milieu scolaire, et ce pour le protéger. Nous disposons des moyens nécessaires pour traquer ces criminels là où ils se trouvent », a-t-ils souligné.
En attendant que les autorités publiques agissent rapidement et efficacement pour sauver d’autres familles d’un deuil inconsolable et indélébile, les spécialistes estiment que la mère de tous ces crimes reste la consommation, à grande échelle, de drogue, de psychotropes et d’autres stupéfiants.