Que faire pour mettre fin aux agressions contre les enseignants ? – Le Jeune Indépendant
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Nationale

Que faire pour mettre fin aux agressions contre les enseignants ?

Que faire pour mettre fin aux agressions contre les enseignants ?

La violence dans les établissements scolaires ne date pas d’aujourd’hui, toutefois, elle s’est incrustée dans l’école algérienne. Le phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur au point de devenir une sérieuse menace pour la stabilité de la société. Ces scènes de violence sont devenues coutumières.

Enseignants, directeurs et surveillants, le personnel de l’éducation nationale est souvent agressé ou victime de violences. Plusieurs actes de violence sont en effet signalés un peu partout en Algérie. Le dernier en date est celui de l’enseignante de langue arabe Rayhana Benchia, qui a été agressée au couteau par l’un de ses élèves au CEM Amari-Said, dans la commune de Taxlent, dans la wilaya de Batna.

L’enseignante victime de l’agression avait convoqué le père de l’élève, aux alentours de 10 heures, pour évoquer le comportement de ce dernier, a indiqué un communiqué du procureur de la République près le tribunal de N’gaous. « Peu de temps après, vers les coups de midi, soit durant la pause, alors que l’enseignante se tenait devant son bureau, l’élève lui a donné un coup de couteau dans le dos avant de prendre la fuite », a détaillé le même communiqué.

Une autre agression a eu lieu dans un lycée, dans la wilaya de Sétif, où un surveillant général a été agressé par l’un des élèves.

Les agressions répétitives envers le personnel du secteur ont pris dernièrement des proportions alarmantes, ce qui a généré l’ébullition parmi les fonctionnaires du secteur. Pour diminuer le taux de ce phénomène, le ministère de l’Education nationale affirme avoir mis en place une série de mesures et de mécanismes pour arriver à endiguer la violence dans le milieu scolaire. 

Le département de Belabed serait-il en mesure de faire face à ce sérieux problème qui ronge l’école algérienne ? N’est-il pas temps d’ouvrir un vif débat dans lequel enseignants et parents doivent être partie prenante pour désigner les raisons qui ont conduit l’école à cette situation de déliquescence.

Pour le syndicaliste et retraité de l’enseignement, Bachir Hakem, qui a fait plusieurs études sur ce phénomène, la violence ne naît pas de rien, elle provient des familles, de la société et ne peut que se manifester dans les écoles, expliquant que la recrudescence de ce phénomène est liée à plusieurs facteurs, dont la surcharge des classes ou le nombre trop limité de surveillants qui fait que les élèves échappent au contrôle de l’administration.

Des enseignants du Lycée Oumalou de Béjaïa

Contacté par le Jeune Indépendant, M. Hakem a affirmé que ce phénomène « très grave » ne date pas d’aujourd’hui et tend à prendre de l’ampleur, tout en mettant en exergue le quotidien difficile des enseignants qui sont, selon lui, sujet à toutes les dérives.

« Des milliers d’enseignants sont menacés sans aucune prise en charge. L’école est dévastée par une violence sans limite », a-t-il indiqué, affirmant que l’école algérienne ne pourra jamais mettre fin à ces transgressions en l’absence de conditions favorables. La transmission du savoir ne peut avoir lieu dans un environnement caractérisé par un climat électrique, où des enseignants mal formés se retrouvent face à des élèves difficiles, et ce sans aucune assistance administrative.

Le syndicaliste regrette le fait que 50 % des violences verbales contre les instituteurs sont cautionnées et reçoivent l’approbation des parents d’élèves. « Les enseignants sont aujourd’hui soumis à la volonté d’enfants omnipotents qui profitent de cet état de fait pour commettre des agressions verbales ou physiques, avec le soutien de la famille et le regard complice de l’institution, laquelle préfère ne pas faire de vagues », a-t-il fait savoir.

Cependant certains élèves, a-t-il estimé, mal encadrés et dotés d’un fort sentiment d’impunité, voire de toute puissance, n’hésitent ainsi plus à franchir toutes les barrières.

Selon M. Hakem, l’école aujourd’hui n’éduque plus, car on a enlevé à l’enseignant l’autorité pédagogique et les parents ont démissionné de leurs responsabilités. « Aujourd’hui, au nom de la loi, l’élève ne peut être puni et l’enseignant, pour ne pas avoir de problème avec l’administration ou les parents, ne joue plus son rôle d’éducateur », a-t-il regretté, ajoutant que tout éducateur qui ne se contente pas d’enseigner se retrouve confronté aussi bien à l’administration qu’aux parents.

Hakem a préconisé de redonner l’autorité pédagogique à l’enseignant et de responsabiliser les parents par des lois sévères. « L’élève doit respecter son enseignant et être son exemple, et pour cela, il faut revoir le statut de l’enseignant, notamment le volet financier. Si l’élève est pris en charge dans le primaire, du côté pédagogique et disciplinaire, nous aurons limité au maximum la violence, même en dehors de l’école, et la drogue ne circulerait pas à l’intérieur de l’école », a-t-il souligné.

Il convient de rappeler que le ministre de l’éducation nationale, Abdelhakim Belabed, qui s’est rendu jeudi dernier à Batna pour s’enquérir de l’état de santé de l’enseignante Rayhana Benchia, a tenu à affirmer que l’Etat, à travers son département ministériel, déploie tous les efforts pour assurer la sécurité nécessaire à l’ensemble des professionnels du secteur. 

Le ministre a indiqué que « cet incident exige une réflexion sur les changements à apporter aux règlements internes des établissements scolaires ».

Concernant le cas de l’enseignante Rayhana Benchia, M. Belabed a déclaré avoir recommandé au directeur local de l’éducation de passer l’examen de promotion le 21 janvier courant en cas du prolongement de son hospitalisation, réaffirmant « le soutien et l’accompagnement de l’Etat algérien à l’enseignante victime jusqu’à son rétablissement total ».

Le ministre a ajouté que son déplacement personnel pour s’enquérir de la santé de l’enseignante vise à montrer le soutien de l’Etat algérien et de son département ministériel et lui apporter l’appui moral nécessaire.

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