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Nationale

Affaire des crânes de résistants algériens: Manipulation médiatique ?

Affaire des crânes de résistants algériens: Manipulation médiatique ?

Il y a deux ans, le 3 juillet 2020, l’Algérie rapatriait les restes de 24 crânes des symboles de la résistance à l’occupation française. Ces restes de résistants venaient de retrouver enfin leur terre natale après un siècle et demi de leur décapitation et le transfert de leurs crânes en France.

Ce rapatriement a été rendu possible à la suite d’une demande officielle formulée par l’Algérie à la France et des entretiens entre les plus hautes autorités des deux pays.

Conservés depuis plus d’un siècle et demi au Musée d’histoire naturelle de Paris, les crânes des résistants rapatriés et qui ont eu droit à une cérémonie militaire solennelle, appartiennent à des héros de la résistance algérienne contre le colonialisme français, à l’instar de Mohammed Lamjad Ben Abdelmalek dit Chérif Boubaghla (1854), Cheikh Bouziane des Zaâtchas (1849), Moussa El-Derkaoui, son conseiller militaire égyptien, et Si Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui.

Il s’agissait également de la tête momifiée d’Aïssa El-Hamadi, qui fut le lieutenant de Cherif Boubaghla et le moulage intégral de la tête de Mohamed Ben-Allel Ben Embarek, lieutenant de l’Emir Abdelkader.
Il s’agit d’une première étape de rapatriement des restes mortuaires des résistants algériens.

Les autorités algériennes faisaient part de la détermination de l’Etat de poursuivre cette opération jusqu’au rapatriement de l’ensemble des restes des résistants algériens pour qu’ils soient enterrés sur la terre pour laquelle ils se sont sacrifiés. Selon un recensement effectué en avril 2018, le nombre de crânes d’Algériens conservés au Musée de l’Homme à Paris s’élève à 536 provenant de toutes les régions d’Algérie. Alors que ce Musée détient l’une des plus grandes collections de crânes d’Europe avec près de 18.000 crânes du monde entier.

Dans son édition du 17  octobre, le quotidien américain le New York Times est revenu sur ce dossier. Selon l’auteur de l’enquête, des documents révèlent le geste français comme embrouillé par la politique. Car, il s’avère que des documents du musée et du gouvernement français montrent que si six des crânes restitués étaient ceux de résistants, les autres n’étaient pas ou étaient d’origine incertaine. Comment cela est devenu possible, alors qu’une commission d’experts des deux pays a travaillé ensemble sur ce projet de rapatriement ?

« Les affaires diplomatiques ont prévalu sur les affaires historiques », a déclaré Catherine Morin-Dessailly, une sénatrice française de centre droit qui a longtemps travaillé sur les restitutions de restes. En réaction, le ministère français des Affaires étrangère, cité par le quotidien newyorkais a déclaré que la liste des crânes restitués avait été « approuvée par les deux parties ».

En effet, les ossements ont été restitués en vertu d’un accord signé par les deux gouvernements le 26 juin 2020, qui comprenait une annexe de quatre pages détaillant les identités des restes. Parmi eux, selon le document obtenu par The Times, se trouvaient des voleurs emprisonnés et trois fantassins algériens ayant effectivement servi dans l’armée française.

Faut-il s’inquiéter maintenant de ces restitutions qui semblent échappé à la rigueur scientifique et législative ? Des scientifiques, des chercheurs et autres anthropologues s’interrogent sérieusement sur cet aspect. Faut-il croire qu’il y avait réellement une malencontreuse erreur dans cette complexe opération de restitution ? S’agit-il d’une manipulation du quotidien compte tenu du fait que la vérification est désormais impossible quels que soient les documents invoqués.

Cependant, d’autres observateurs et spécialistes des affaires de rapatriements des cranes pensent que l’article du NY Times pourrait être une manipulation médiatique de grande ampleur, dont le but est de créer de la « zizanie », de la brouille dans les relations entre les deux pays, qui venaient juste d’entamer une période de dégel après un froid et des déclarations hostiles.

Des parties radicales en France, notamment au niveau du sénat et de l’Assemblée nationale, mettent une grande pression sur tout ce qui se rattache au dossier mémoriel avec l’Algérie. « Pour d’établir avec exactitude à qui a appartient tel ou tel crane il faut passer par des documents », a indiqué au Jeune Indépendant un des experts ayant travaillé sur ce dossier en précisant que les ossements sont catalogués et bien identifiés. Selon lui, l’article du NY Times est truffé d’approximations.

L’article du quotidien américain n’a d’ailleurs jamais interrogé les membres du comité mixte d’experts scientifiques algériens et français chargé de l’identification et de la vérification de la provenance et de l’origine des restes humains présumés algériens conservés dans les collections nationales françaises.



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