Accidents de la route : La formation dans les auto-écoles pointée du doigt

Malgré les mesures prises par les pouvoirs publics pour renforcer la sécurité routière et réduire les accidents de la route, ces derniers enregistrent une importante hausse qui endeuille jour après jour des familles. Le facteur humain est largement pointé du doigt. Mais faut-il porter la responsabilité des accidents aux seuls conducteurs ?

Contacté par le Jeune Indépendant, Chawki, propriétaire d’une auto-école revient, à ce propos, sur un autre facteur qui n‘est pas des moindre, mais ignoré par les spécialistes. Il s’agit de la qualité de la formation dispensée au niveau des auto-écoles. «Ça fait longtemps que les agréments sont distribués comme des petits pains», déplore-t-il en appelant à la création de «vraie école de formation à la conduite ».

Après 22 ans de service dans ce métier de formateur d’auto-école, Chawki estime que les auto-écoles rencontrent plusieurs obstacles dans l’accomplissement de leur travail, notamment le manque de circuits d’examen et d’apprentissage et de matériel pédagogique. « Par exemple, ici à Boudouaou, le problème de circuit d’apprentissage se pose avec acuité. Nous sommes une dizaine d’auto-école à travailler dans un petit circuit, et il n’y a pas de place pour tout le monde », a-t-il regretté. Et de poursuivre : « Nous avons un terrain spacieux au niveau de notre commune et qui peut servir de circuit d’apprentissage. Nous avons interpellé à maintes reprises les autorités pour qu’ils nous l’octroie mais en vain ».

Chawki admet, toutefois, que certains formateurs d’auto-écoles ne sont pas à la hauteur de leur mission, en se livrant à des pratiques illégales qu’il faut combattre. «Certains formateurs donnent une mauvaise image des auto-écoles ce qui les rend responsables, aux yeux de l’opinion, des accidents de la route» a-t-il déploré.

D’autre part, l’obtention d’un permis de conduire est de nos jours une démarche des plus aisées. Une démarche clandestine qui permet à de nombreux candidats l’acquisition de ce permis facilement.

Il faut souligner, que les auto-écoles constituent un maillon de la chaîne de la prévention et de la sécurité routière dont le bon rendement ne pourra que réduire l’hécatombe sur nos routes.

Abondant dans ce sens, le président de l’Association nationale de sécurité routière « Tariq Essalama » et président de l’organisation nationale des transporteurs algériens, M. Hocine Bouraba tire la sonnette d’alarme et interpelle les autorités afin qu’elles multiplient les efforts ne serait-ce que pour freiner un peu l’hécatombe, soulignant que les accidents de la route ont connu une hausse en comparaison aux années précédentes. 

Contacté par le Jeune Indépendant, M. Bouraba a appelé à revoir les mécanismes de la sécurité routière à travers, notamment, la révision du système de formation et d’examen au sein des auto-écoles et revoir aussi les conditions d’obtention du permis de conduire. « Je suggère qu’après l’obtention du permis par les  candidats, les propriétaires d’auto-école ajoutent quelques cours sur la mécanique des véhicules pour leur apprendre, par exemple, le système de freinage, la  vidange et l’électricité automobile. Cela est très important et de leur apprendre à vérifier leurs véhicules pour éviter le pire » a-t-il indiqué. Il faut dire que la négligence dans ces aspects basiques de la mécanique joue un rôle négatif dans les accidents.

Pour les accidents de la route, le représentant des transporteurs refuse de les imputer seulement aux auto-écoles, car une fois que les candidats, dit-il, aient leur permis, ils jettent derrière leur dos tous ce qu’ils ont appris à l’auto-école et conduisent comme bon leur semble.

Mais il a, toutefois, souligné le rôle important des auto-écoles dans la prévention routière. « Les auto-écoles doivent être associées à la démarche visant la lutte contre les accidents de la route, pour que les efforts déployés dans ce registre ne s’avèrent pas vains ». Il a suggéré de ne pas permettre aux détenteurs de nouveaux permis de conduire en dehors de zones urbaines de leurs wilayas.

En faisant remarquer que le candidat d’aujourd’hui est le conducteur de demain, il propose d’examiner les candidats par un psychologue avant de leur octroyer le permis de conduire.

La sécurité routière est une question de culture….

Aussi, le président de l’Association « Tariq Essalama » a suggéré l’inclusion du code de la route dans les programmes scolaires des trois paliers de l’éducation, à savoir le primaire, le moyen et le secondaire. Il a également indiqué que son association a mis en place, tout au long de l’année, un programme de sensibilisation contre les accidents de la circulation, appelant, en même temps, à reconsidérer les méthodes de sensibilisation qui, selon lui, n’ont pas eu l’effet escompté à ce jour.

Hocine Bouraba considère qu’à ce stade, «il est vital de réagir en établissant un plan d’action». Comment? Le président de l’ONTA invite les autorités concernées à organiser un séminaire national qui regroupera tous les secteurs pour présenter des solutions et sortir avec des recommandations. « Il faut donner la parole à des personnes qui connaissent le terrain, car elles seules sont aptes à dégager les solutions efficientes », a-t-il soutenu.

Il faut reconnaître qu’en Algérie, la conduite automobile s’effectue dans une anarchie totale et se caractérise d’un incivisme hallucinant qui, ces dernières années, a eu pour conséquence une augmentation désastreuse des accidents de la circulation.

Plusieurs mesures ont été prises par les autorités compétentes afin de lutter contre ce phénomène qui ne cesse d’endeuiller des familles entières. Il s’agit notamment de durcir l’arsenal législatif en matière de circulation routière. Néanmoins, malgré tous ces efforts, louables à plus d’un titre, il reste encore à renforcer encore plus ce dispositif, notamment en rendant obligatoire le port du casque pour les motards et en sanctionnant les excès de vitesse ainsi que les comportements dangereux de certains automobilistes qui ne respectent pas les signalisations et le code de la route.