Absence de chauffage dans les écoles : un phénomène qui perdure
En plein hiver, et de surcroît des plus rigoureux, la majorité des établissements scolaires dans les différentes wilayas du pays ne disposent pas de chauffage, ou bien il est souvent en panne ou défectueux. Triste réalité qui touche aussi bien les écoles primaires que les établissements du moyen et du secondaire. Les élèves grelottent dans des classes qui s’apparentent à des chambres froides. Ils sont obligés de rester en classe avec leur manteau, leur écharpe et bonnet. Les appels des parents d’élèves ne semblent pas trouver la bonne oreille.
Ces conditions influent négativement sur la scolarité des élèves ainsi que sur leur santé, notamment dans les zones isolées où plusieurs écoles se trouvent fermées en hiver à cause de l’absence de chauffage. Même les parents d’élèves préfèrent ne pas envoyer leurs enfants étudier dans ces conditions.
Il faut savoir que l’Etat algérien a débloqué, durant dix années consécutives, des sommes colossales, plusieurs centaines de milliards de centimes au niveau national, uniquement pour le chauffage des écoles. De quoi provoquer l’indignation chez les parents d’élèves et les syndicats de l’éducation, exaspérés par les négligences criantes et l’attitude des responsables vis-à-vis de cette question.
Contacté par le Jeune Indépendant, Boualem Amoura, président du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), a indiqué que le problème « récurrent » du chauffage qui revient chaque année et que connaissent de nombreux établissements scolaires, à travers tout le territoire national, est le résultat de l’absence d’entretien des équipements de chauffage, la vétusté des appareils, ou carrément l’indisponibilité de chauffage dans les établissements scolaires.
A ce propos, il a cité l’exemple de la ville de Aïn Témouchent, où certaines écoles primaires ne disposent pas d’appareils de chauffage, ou encore celui du nouveau collège de Ighzer Ouzarif à Béjaïa, doté d’une chaudière mais qui n’est pas fonctionnelle. Le syndicaliste a évoqué également des écoles primaires de la wilaya de Menéa privées de chauffage à cause de l’état délabré des radiateurs. « Le verre protecteur de ces appareils est complètement brisé. Le wali a été saisi sur cette situation, qui représente un danger pour les élèves et les enseignants, mais il n’y a pas eu de réponse », a-t-il souligné.
Pointant du doigt les responsables, notamment les APC chargées de la gestion des écoles primaires, il a indiqué : « Ces dernières ont failli à leur devoir en laissant les élèves étudier dans des classes glaciales sans être sanctionnées. »
Abondant dans le même sens, le SG du Satef a fait savoir que l’entretien des chauffages doit se faire dès le 1er octobre. « Il fallait anticiper. L’entretien des chauffages devait se faire avant la période du grand froid, voire en décembre et janvier », a-t-il expliqué.
Par ailleurs, M. Amoura a dénoncé l’expulsion de quatre élèves du lycée Bouchareb-Nacer, à Alger. Ces derniers ont été sanctionnés pour avoir ramené une plaque de résistance en classe pour se réchauffer vu que la classe était dépourvue de chauffage. Cet appareil a causé une masse et a grillé toutes les ampoules de la classe.
Considéré comme « acte injustifié », M. Amoura a déclaré que la sanction ne doit pas être appliquée à sens unique. « Si ces lycéens n’avaient pas froid, ils n’auraient pas réagi de la sorte », ajoutant que « les responsables de la commune n’ont pas fait correctement leur travail ».
Le premier responsable du Satef a fait remarquer que même l’architecture des établissements scolaires de notre pays favorise l’exposition des élèves directement au froid. « Les salles de classe donnent directement sur la cour de récréation », a-t-il conclu.
En 2021, on se rappelle des images saisissantes des élèves de l’école primaire Asma-Bent Abibakr, à Annaba, qui avaient étudié dans des conditions lamentables en période pluviale. L’eau coulait à flots sur les murs des classes, dont de sales traces témoignaient de l’ancienneté des infiltrations. Pire, le toit de la classe s’était presque à moitié effondré. Les élèves, des enfants entre 6 et 10 ans, grelottaient de froid en l’absence d’un chauffage et la menace de ruine était suspendue sur leur tête. Même des vitres étaient en partie cassées, laissant le libre accès aux courants d’air marins de la plage Seybouse.