Abdenour Hochiche: «Nous favorisons le cinéma qui questionne»

A quelques jours de la 14e édition des Rencontres cinématographiques, un festival qui a lancé l’an dernier un nouvel espace en son sein : le Béjaïa Film Laboratoire qui est un forum international de coproduction, nous avons sollicité son directeur, Abdenour Hochiche, qui, entre une édition et une autre, dirige l’association Project’heurts, organisatrice de cette manifestation annuelle et d’autres activités, tout en étant actif sur la scène culturelle, celle du cinéma en particulier.
Le Béjaïa Film Laboratoire – le Forum international de coproduction – est à sa deuxième édition. Quelle est votre appréciation sur ce forum ? Il a un caractère international, mais il reste limité au Maghreb central. Pourquoi n’est-il pas ouvert à tout le continent africain et d’autres ?
L’année dernière, nous avions lancé l’idée de ce forum en partant du principe qu’il n’existe pas en Algérie un tel espace dédié à la production mais aussi à la probable coproduction. Les Rencontres cinématographiques de Béjaïa, dés leur naissance, se sont attelées à répondre aux attentes du jeune cinéma algérien, d’ou la création de ce Béjaïa Film Laboratoire.
Effectivement, pour cette année nous nous sommes contentés du Maghreb central pour une raison très terre à terre, à savoir les moyens financiers qui nous font défaut pour aller à la recherche des projets d’autres pays d’Afrique, mais il est évident que ce forum est appelé à s’ouvrir à d’autres pays, mais cela est grandement tributaire des moyens à avoir.
Le Béjaïa Film Laboratoire vise entre autres la création d’un marché du film. Ce marché ne dépend pas de la seule volonté des Rencontres, mais aussi des institutions étatiques du secteur culturel, n’est-ce pas ? Quelle est donc votre conception à ce sujet ?
En tant que manifestation cinématographique, nous nous donnons aussi le droit d’ouvrir et d’initier le débat sur nombre de questions dont notamment la question du financement du cinéma et de la diffusion des films. Nous initions le débat mais nous offrons aussi l’espace pour ce débat au sein des RCB.
Après, chaque institution se doit d’accomplir sa tâche et de jouer son rôle. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut ouvrir des chantiers de réflexion sur le cinéma en Algérie, ne pas s’entêter à reproduire un débat déjà éculé et qui n’est pas porteur de pistes de sortie de crise en quelque sorte.
Lors de la dernière édition, nombre considérable de films est passé en avant-première. La qualité des RCB se mesure-t-elle seulement à la projection en avant-première, sinon à quoi ?
Pas forcément, la qualité première d’une manifestation se mesure par la cohérence de sa ligne éditoriale en rapport à sa programmation et à ses activités annexes. La programmation des Rencontres se fait selon des critères puisés dans notre identité et notre ligne éditoriale, à savoir aller vers des espaces cinématographiques les plus problématiques tant sur le plan esthétique que sur le discours cinématographique des films proposés.
Nous avons toujours dit que nous favorisons le cinéma qui questionne au cinéma qui répond, nous favorisons le débat. Nous avons souvent des films en avant-première parce que dans le lot des films reçus après l’appel à films (350 reçus cette année), beaucoup ne trouvent pas de manifestation et festivals pour être programmés.
Sur les 350 demandes de films, seuls 26 sont programmés, est-ce seulement lié à l’identité des Rencontres que vous évoquez, ou y a-t-il d’autres critères de sélection ?
26 parce que nous n’avons qu’une seule salle, on aurait pu avoir le double. Comme évoqué déjà, nous privilégions le cinéma qui se questionne, le cinéma où le réalisateur ose questionner et met ainsi le spectateur dans une interactivité et dans un échange. Un cinéma qui ouvre le débat que ce soit sur le plan de la forme ou du fond, un cinéma qui lance aussi des tentatives esthétiques et formelles à disséquer.
L’association Project’heurts, ce n’est pas seulement l’organisation des Rencontres cinématographiques de Béjaïa, mais aussi au courant de l’année de la Nuit du clip, la Nuit du court-métrage, le ciné-club, les Nuits du film d’horreur…
Est-ce aussi un moyen pour alimenter chaque édition des Rencontres ou tout simplement maintenir une activité cinématographique tout au long de l’année pour mieux appréhender les objectifs des Rencontres ?
Entre une édition et une autre, nous avons effectivement une série d’activités menées par les membres de l’association Project’heurts, parce que à l’origine notre association est née aussi pour animer l’espace cinématographique l’année durant. Ce programme permet aussi aux jeunes de l’association de se former sur le terrain de l’animation culturelle.
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