Abdelaziz Bouteflika annonce sa candidature
Le Président Abdelaziz Bouteflika a annoncé ce dimanche qu’il initierait “dès cette année”, s’il est élu, une conférence nationale inclusive qui aurait pour objectif l’élaboration d’une “plateforme politique, économique et sociale”, voire “proposer un enrichissement approfondi de la Constitution”.
“Toutes les forces politiques, économiques et sociales” du pays seraient conviées à cette conférence destinée à dégager un “consensus sur les réformes et les changements que notre pays devra engager”, précise-t-il dans son message à la nation annonçant sa candidature à la présidentielle d’avril 2019.
Outre l’élaboration de cette plateforme, la conférence nationale “pourra proposer un enrichissement approfondi” de la constitution dans “le respect de ses dispositions relatives aux constantes nationales, à l’identité nationale et au caractère démocratique et républicain de l’Etat”. Les conclusions qui émaneraient de cette conférence lui seront soumises à l’effet de les faire concrétiser par “les voies appropriées”.
Ces objectifs, considère-t-il, ne peuvent véritablement être atteints “que si nous travaillons à améliorer la gouvernance aussi bien dans les institutions et administrations de l’Etat que dans le secteur des entreprises publiques et privées”.
D’où “l’intérêt particulier que nous devons absolument accorder à l’émergence aux postes de responsabilité et de gestion d’une ressource humaine de qualité, formée, qu’il faut absolument encourager et protéger”. Les réalisations accomplies jusque-là, argue-t-il, “demeurent à parfaire” pour “rétablir et consolider” la confiance des citoyens dans les institutions.
Cet objectif nécessite également des “réponses plus adaptées aux aspirations de notre jeunesse” qui, parfois, se tient loin de la vie politique et dont certains éléments choisissent même de recourir à des tentatives d’exil, extrêmes et suicidaires”.
Aussi, envisage-t-il de faire “assurer une présence plus forte des jeunes dans les instances exécutives et dans les assemblées élues, pour définir et mettre en œuvre des réponses à leurs attentes”.
Le projet global vise également à “raffermir l’Etat de droit et la bonne gouvernance” et “conforter un développement économique fondé sur la justice sociale et l’affirmation d’une économie nationale d’initiative, productive et compétitive.
Pour atteindre ces objectifs, Bouteflika juge qu’il “faut d’abord vaincre le fléau de la bureaucratie grâce à une modernisation et à une décentralisation accrue de l’administration publique” et aussi accroitre “la contribution des citoyens à la gestion des affaires locales à travers la mise en place de mécanismes de démocratie participative”.
Quant au raffermissent de l’Etat de droit, il s’agit surtout de « consolider l’indépendance » de la Justice et assurer « une plus grande mise en œuvre » de ses décisions. De même, plaide-t-il, il faudra « progresser davantage » dans la lutte contre la corruption par le « renforcement des organes » chargés de cette mission ainsi que par une « plus grande implication de la société civile dans ce combat ».
Au plan économique, Bouteflika soutient que « tous les changements nécessaires » devraient être introduits « sans dogmatisme aucun » et incluraient les secteurs publics et privés nationaux et les partenaires étrangers, avec comme « seule référence, l’efficacité et la performance, la création d’emplois et l’augmentation des revenus du pays ».
Dans le domaine social enfin, les principes de justice et d’équité sont des « constantes nationales » dont la concrétisation nécessitera des « mises à niveau pour améliorer le pouvoir d’achat des citoyens et garantir la pérennité de notre système de protection sociale ».
Concluant ces « quelques réflexions sur les contraintes et les exigences » auxquelles l’Algérie devra faire face, le président-candidat Bouteflika, en appelle « à faire prévaloir tout ce qui rassemble sur ce qui nous différencie les uns des autres dans le respect du pluralisme des visions ».
Poursuite du processus de construction nationale
Dans son message à la nation annonçant sa candidature à la présidentielle d’avril prochain, Bouteflika n’a pas manqué de rappeler les circonstances qui l’ont amené à briguer son premier mandat. « Il y a cinq années, vous m’avez porté à la Magistrature suprême pour poursuivre le processus de construction nationale. Ce choix exprimé par une large
majorité, reflétait sans doute votre attachement à une œuvre nationale marquante, autour de laquelle j’ai eu le privilège de rassembler vos convictions et de mobiliser vos énergies, dira-t-il. En effet, il souligna que « dès ma première investiture à la tête de notre pays, je me suis consacré à éteindre le brasier de la Fitna, à rassembler de nouveau une nation meurtrie par la tragédie nationale et à engager la reconstruction d’un pays ébranlé par une crise multiforme ».
« Ce défi a d’abord été relevé avec la Concorde civile, puis consolidé par la Réconciliation nationale que vous avez décidée souverainement. Grâce à ces choix historiques, la sécurité et la sérénité ont été rétablies dans notre pays, les blessures se sont cicatrisées et la fraternité est revenue au sein de la société. La voix de l’Algérie s’est de nouveau faite entendre avec force sur la scène internationale, et la Réconciliation nationale est devenue un exemple pour de nombreuses nations dans le monde » a-t-il ajouté.
Bouteflika a indiqué que « dans la paix restaurée, le pays est devenu un vaste chantier, après une période difficile d’ajustement structurel économique et social douloureux ».
Les réformes se sont succédé dans de nombreux domaines, notamment ceux de la justice, de l’éducation, de l’administration et de l’économie. La démocratie ainsi que les droits et les libertés des citoyens ont enregistré de grandes avancées, consolidées par la dernière révision constitutionnelle, a estimé Bouteflika.
Dans le domaine économique, le président a rappelé que « l’Algérie a conforté sa souveraineté, grâce à un désendettement massif, à l’accumulation de réserves de change et à la constitution d’une épargne publique appréciable. Ce sont ces facteurs qui nous ont permis de faire face à l’effondrement des prix du pétrole ces dernières années, et de poursuivre ainsi notre processus de développement ».
« L’Algérie a également engagé des programmes massifs de construction d’infrastructures de base. Parallèlement, les réformes et les incitations publiques ont permis des progrès indéniables dans la diversification de l’économie et les exportations hors hydrocarbures ».
Au plan social, Bouteflika n’a pas manqué de souligner que la situation s’est améliorée sensiblement. On le constate à travers « le recul du chômage, la
prise en charge effective de nos concitoyens en matière d’habitat, sur tout le territoire national, la large satisfaction des besoins des citoyens en eau et énergie, ainsi que par le triplement du nombre de nos enfants, filles et garçons, présents dans les écoles, les centres de formation, les instituts et les universités. Par voie de conséquence, l’indice du développement humain a atteint des niveaux remarquables dans les comparaisons internationales ».
Une évolution qualitative des fondements de la société
Dans ce message, le président de la république a évoqué « l’évolution qualitative des fondements de la société. Ainsi, l’unité nationale a été confortée par la promotion de tamazight comme l’un des piliers de notre identité nationale aux côtés de l’Islam et de la langue arabe. De même, la femme a vu sa place et son rôle en politique et dans le monde du travail, rehaussés à la mesure de sa contribution à la libération du pays et à la construction nationale ».
Après avoir réitéré la poursuite des engagements de l’Etat dans la sauvegarde des droits légitimes de notre communauté nationale, et la prise en charge de ses préoccupations, tout en veillant à son implication dans développement national, Bouteflika a mis en exergue son œuvre dans la modernisation de l’Armée nationale populaire, tout en renouvelant « l’expression de reconnaissance et de gratitude de la nation à tous les éléments de nos forces armées que je salue, Commandement, Officiers, Sous-Officiers et Djounoud et tous ceux qui ont servi l’Algérie à travers cette glorieuse institution avec ferveur, fidélité et abnégation, et pour dire les sentiments de respect et de fierté que nous vouons à tous les corps de sécurité et corps constitués ».
« Au niveau international, l’Algérie est désormais, et le demeurera, un partenaire stratégique de nombreuses puissances actives dans le monde, en même temps qu’elle assume un rôle d’avant-garde dans les sphères auxquelles elle appartient, avec son palmarès riche et ses positions constantes », a encore souligné Bouteflika.
Après avoir rappelé ses motivations et les sollicitations des citoyens, Bouteflika a indiqué que c’est « de cette conviction que j’ai appelé, depuis plusieurs mois déjà, les forces de la Nation à faire émerger un consensus patriotique et politique qui leur permettra de mieux se mobiliser ensemble pour préserver nos acquis, défendre nos
intérêts supérieurs et permettre au pays de continuer à progresser dans l’unité et la stabilité, au milieu d’un environnement régional fortement perturbé et dans une conjoncture internationale lourde d’incertitudes.
Et de conclure « Tel est donc le message que j’ai tenu à vous transmettre aujourd’hui, à la fois pour vous annoncer ma candidature à l’élection présidentielle du mois d’avril prochain, mais aussi pour vous faire part de mon intention sincère d’associer toutes les forces nationales, politiques, économiques, associatives et syndicales à la poursuite de la construction de notre démocratie.