A quoi joue le Quai d’Orsay ?

Alors que le regain d’intérêt pour le business, avec notre pays ne s’est jamais départi ces dernières années, la France vient de classer l’Algérie comme pays à haut risque au même titre que la Libye, la Syrie et l’Afghanistan et un pays auquel il est déconseillé aux ressortissants français de se rendre… sauf raison impérative.
En agissant ainsi, le Quai d’Orsay suscite bien des questionnements. Le 27 octobre 2014, les autorités françaises avaient recommandé à tous les ressortissants français voyageant en Algérie de signaler leur déplacement au Centre de crise de leur ministère des Affaires étrangères et du Développement international.
Ce conseil aux voyageurs a été actualisé le 25 février 2015. Les autorités françaises le justifiaient par « la persistance d’un risque terroriste élevé dans la région ». La note d’information destinée aux ressortissants français précise que « la plus grande prudence s’impose à tous nos ressortissants résidant en Algérie ou prévoyant de s’y rendre ».
Et d’ajouter que les déplacements sont en particulier formellement déconseillés « notamment au sud et à l’est de l’Algérie ». Pour le reste, dans « certaines zones du Nord-est du pays où évoluent encore des groupes terroristes », les autorités françaises recommandent « la plus grande prudence » avec mention spéciale pour la wilaya de Tizi Ouzou.
Mais alors que les entreprises françaises se bousculent au portillon d’Alger et certaines même se permettent une nouvelle santé financière chez nous, la France de Hollande et de Fabius met l’Algérie dans la même case que des pays à éviter par les Français comme la Syrie, l’Irak et la Libye, et quelques autres, où règnent l’insécurité ou carrément le chaos.
Si on résume bien, hormis les cas assimilés à une « raison impérative » par le jargon diplomatique, et qui signifierait les cas d’intérêts économiques, financiers et sécuritaires en rapport avec le chaos créé par la France en Libye et au Sahel, l’Algérie redevient infréquentable au même titre que les pays suscités.
Pourtant, le monde entier sait que des entreprises françaises ont des intérêts importants et ne peuvent pas ne pas venir en Algérie.
Les représentants de ces entreprises font souvent fi de ces notes d’informations et de ces mises en garde et les services de sécurité algériens n’ont jamais failli à leurs obligations en matière de protection des intérêts de ce pays et de tous les autres pays qui ont des rapports économiques et commerciaux avec l’Algérie.
Il semblerait donc que des considérations d’un tout autre ordre présideraient à la décision du Quai d’Orsay de black-lister l’Algérie.
Il y a tout d’abord le fait que les bons offices algériens dans la crise malienne et libyenne ne sont pas faits pour arranger la diplomatie d’influence française qui ne veut pas d’un succès diplomatique algérien sur ces dossiers.
La tentative mort-née du Maroc de court-circuiter l’Algérie sur le dossier libyen atteste du degré d’agacement de Paris contre Alger sur le dossier libyen.
Par ailleurs, les récentes manifestations anti-gaz de schiste ne plaisent pas à Laurent Fabius qui aurait fait des confidences à un journal français selon lesquelles le sud Algérie serait un laboratoire par l’entremise de Total, comme l’a été la gerboise bleue (essais nucléaires) avant l’indépendance.
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