Enquête suite à la faillite de la banque SVB

Le ministère américain de la Justice a ouvert une enquête sur la faillite de la banque SVB, ciblant potentiellement les récentes ventes d’actions effectuées par plusieurs dirigeants de la banque, rapportent mardi plusieurs médias américains en citant des sources proches du dossier.
Selon le Wall Street Journal, l’agence supervisant les marchés boursiers, la SEC, a aussi lancé une investigation.
Les enquêtes en sont encore à un stade préliminaire et ne conduiront peut-être pas à des accusations formelles, ajoute le journal.
La déroute de SVB, une banque proche des start-up et des sociétés d’investissement en capital-risque, a été précipitée par des retraits massifs de la part des clients ayant plus que 250.000 dollars sur leur compte, soit plus que le montant habituellement garanti par les autorités.
L’établissement a été placé vendredi sous le contrôle du régulateur américain FDIC, marquant ainsi la plus importante défaillance d’une banque depuis la crise financière de 2007/08.
La ruée vers les retraits a porté un coup fatal à la Silicon Valley Bank (SVB), vendredi 10 mars. La banque a fait faillite après la relève des taux d’intérêts par la Réserve fédérale américaine, qui a fait chuter la valeur de ses bons du Trésor. L’établissement spécialisé dans le financement de start-up technologiques a bien tenté une augmentation de capital mais sa situation a effrayé les investisseurs potentiels.
La chute de la SVB est la plus importante faillite d’une institution financière américaine depuis la crise financière de 2008.
Comment cette banque en est-elle arrivée là et quelles conséquences aura cette faillite sur le système bancaire américain et mondial ?
La Réserve fédérale américaine a augmenté les taux d’intérêt
La SVB a été durement touchée par la baisse des valeurs technologiques au cours de l’année écoulée, ainsi que par le plan de la Réserve fédérale visant à augmenter les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation.
Elle avait en effet acheté des milliards de dollars d’obligations au cours des deux dernières années en utilisant les dépôts de ses clients, comme le ferait une banque classique. Ces investissements sont généralement sûrs mais leur valeur a chuté : ils sont en effet liés à des taux d’intérêt inférieurs à ceux que rapporterait une obligation émise aujourd’hui, dans le contexte de taux d’intérêt plus élevés.
En général, ce n’est pas un problème car les banques les conservent longtemps, à moins qu’elles ne doivent les vendre en cas d’urgence… ce qui a été le cas : les clients de la Silicon Valley (principalement des start-up et d’autres entreprises technologiques) qui ont eu besoin de plus en plus de liquidités au cours de l’année écoulée.
Les clients de la SVB ont retiré leurs dépôts
Les fonds de capital-risque se sont taris ; les entreprises n’ont pas été en mesure d’obtenir des financement supplémentaires. Elles ont donc dû puiser dans leurs fonds existants – souvent déposés auprès de la Silicon Valley Bank.
Dans un premier temps, cela n’a pas posé de problème mais les retraits ont commencé à obliger la banque à vendre ses propres actifs pour répondre aux demandes des clients.
La banque de la Silicon Valley a vendu son portefeuille d’obligations à perte
Les clients de cette banque étaient principalement des entreprises et des personnes fortunées, ces profils craignaient particulièrement une faillite car leurs dépôts dépassaient 250 000 dollars (234 575 euros), soit la limite imposée par le gouvernement américain en matière d’assurance des dépôts.
Pour répondre à leur désir de récupérer leurs dépôts, la banque a dû vendre à perte des obligations généralement sûres. Ses pertes se sont accumulées et la SVB est devenue insolvable.
La banque a tenté de lever des capitaux supplémentaires auprès d’investisseurs extérieurs mais, étant donné sa situation, n’a pas réussi à les trouver.
L’établissement spécialisé dans l’innovation technologique a été mis à mal par le plus vieux problème du secteur bancaire et l’un des rares moyens de le faire couler à coup sûr : une ruée sur la banque, les clients voulant tous récupérer leur argent au même moment.
Les régulateurs bancaires n’ont eu d’autre choix que de saisir les actifs de la SVB afin de protéger les actifs et les dépôts encore présents.
Et maintenant ?
Les experts ne s’attendent pas à ce que les problèmes s’étendent à l’ensemble du secteur bancaire même s’ils n’excluent pas quelques instabilités passagères.
Faillite de la banque SVB : “Pas de contagion directe”, assure le Commissaire européen à l’Économie
La SVB était une grande banque mais son activité était très spécifique, puisqu’elle s’orientait presque exclusivement vers le monde de la technologie et des entreprises soutenues par des sociétés de capital-risque. Ce secteur particulier de l’économie a été durement touché au cours de l’année écoulée.
D’autres banques sont beaucoup plus diversifiées, en ayant des activités dans de multiples secteurs et dans plusieurs zones géographiques.
Cette faillite pourrait toutefois avoir des retombées économiques dans le monde des start-up technologiques américaines si l’argent qui reste actuellement à la SVB ne peut pas être débloqué rapidement.