77e Festival de la Mostra de Venise: Une allure féminine – Le Jeune Indépendant
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Culture

77e Festival de la Mostra de Venise: Une allure féminine

77e Festival de la Mostra de Venise:  Une allure féminine

Marquée cette année par la participation record de huit réalisatrices en compétition officielle sur un total de dix-huit cinéastes, la Mostra de Venise verra son Lion d’Or décerné, samedi 12 septembre, non sans retenir sa dimension de parité.

Militantes, submergées de douleur, amoureuses au défi des conventions… Les femmes et le combat pour le féminisme sont au cœur de nombreux films en compétition pour le Lion d’Or à la 77e édition de la Mostra de Venise en Italie. Critiqué ces dernières années pour son manque de parité, le plus ancien festival de cinéma au monde semble avoir changé : huit réalisatrices présentent leurs films en compétition officielle sur un total de 18 cinéastes. Le débat sur la place des femmes dans les festivals, central depuis la vague MeToo, n’a pas cessé d’agiter le monde du cinéma ces dernières années, rapporte la presse française. A la Mostra, les héroïnes fortes et marquantes sont omniprésentes depuis l’ouverture de la compétition le 03 septembre. Par la grâce du 7e art, Eleanor Marx, fille du célèbre théoricien du communisme Karl Marx, sort de l’ombre de l’histoire avec un biopic : Miss Marx, en compétition. Ce film de l’Italienne Susanna Nicchiarelli est un hymne au féminisme mélangeant musique contemporaine et images du XIXe siècle et balançant, comme son héroïne, entre raison et sentiments. La benjamine des enfants de Karl Marx est l’une des premières militantes féministes à conjuguer, à la fin du XIXe siècle, lutte des classes et combat pour l’égalité des sexes. Native de Londres en 1855, cultivée et brillante, elle a cru au pouvoir libérateur de la culture et de l’art. Elle s’est suicidée à 43 ans, sur fond de déboires amoureux. « Raconter la vie d’Eleanor, c’est parler de thèmes tellement modernes qu’ils sont encore révolutionnaires aujourd’hui », selon la réalisatrice, pour qui cette histoire souligne les « difficultés et les contradictions » de l’émancipation des femmes. De son côté, l’actrice britannique Vanessa Kirby, l’une des stars de la série The Crown, s’illustre par son interprétation des premiers rôles dans deux films. Elle incarne une femme dans l’Amérique rurale du XIXe siècle, qui doit échapper à la vigilance jalouse de son mari pour vivre sa passion pour sa voisine (Katherine Waterston), dans The World to Come.

L’héroïne

Ce film de Mona Fastvold, l’une des rares œuvres américaines présentes cette année à Venise, met la question de l’émancipation au cœur de son propos : « Il n’y a pas encore si longtemps, les femmes ne pouvaient pas choisir ce qu’elles faisaient de leurs journées et encore moins qui elles pouvaient aimer », a affirmé Vanessa Kirby. Elle espère porter un message plus large : « Brièvement, dans leur vie, (ces femmes) ont pu avoir un peu d’intimité, une connexion, ce qu’on mérite tous dans notre vie ». L’interprète de la princesse Margaret dans The Crown est également en compétition dans Pieces of a Woman, réalisé par un homme, le Hongrois Kornel Mundruczo, mais coécrit avec sa femme Kata Weber. Elle y incarne, aux côtés de l’Américain Shia LaBeouf, une mère qui perd son enfant à la naissance. La scène d’accouchement à domicile, filmée en plan séquence sur presque 40 minutes, est une performance d’actrice.

Le film interroge sur l’émancipation d’une mère, face à son mari, sa famille et le reste de la société, après un tel traumatisme. Essayer de rester fidèle à la douleur des femmes dans ces situations a été « très effrayant » lors du tournage, a témoigné Vanessa Kirby. Quant à l’une des figures des femmes les plus « fortes », projetées sur les écrans du Lido, elle est sans doute celle de la Bosnienne Jasna Djuric. Elle joue le rôle d’une mère tentant désespérément de sauver sa famille du massacre de Srebrenica, dans Quo Vadis, Aida ? de Jasmila Zbanic. La guerre est un « jeu d’hommes », sur laquelle la réalisatrice bosnienne explique avoir voulu poser un regard « féministe ». Un point de vue également revendiqué, mais dans un autre genre, par la cinéaste française Nicole Garcia. Elle filme dans Amants les tourments d’une jeune femme (Stacy Martin) aux prises avec un triangle amoureux. Son héroïne peine à avoir prise sur son destin et semble subir les décisions des hommes.

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