4e Congrès de biologie médicale : L’expertise des praticiens mise en évidence
La biologie médicale est présente et voire indispensable au diagnostic des pathologies et au suivi thérapeutique. Toutes les décisions prises en termes de thérapie se basent sur les données de cette spécialité. C’est ce qu’a indiqué, ce samedi, le Dr Abderrahim Chachou, médecin biologiste et président de l’association des laboratoires des analyses médicales (ALAM), insistant sur la nécessité de garder l’expertise comme élément fondamental à travers une réglementation claire.
Dans son allocution, le Dr Abderrahim Chachou, médecin biologiste a indiqué lors du 4ème congrès de biologie praticienne et la 8ème journée de la fédération internationale francophone de biologie clinique et de médecine de laboratoire tenus ce vendredi à Alger que «cet événement a marqué le grand retour des activités de formation médicale continue sous d’autres formes et conditions », ajoutant que « la crise de la Covid-19 a démontré d’une manière indiscutable le rôle de la biologie médicale à travers l’expertise du praticien biologiste médical».
Le président de l’association des laboratoires des analyses médicales (ALAM), a mis en avant l’importance capitale de la biologie médicale qui selon lui est présente et voire indispensable au diagnostic des pathologies et au suivi thérapeutique, précisant que «les biologistes médicaux se positionnent en partenaires inévitables des équipes médicales dont la majorité des décisions diagnostiques et thérapeutiques se basent sur les données de la biologie médicale».
Le même responsable a ajouté que « pour maintenir la biologie médicale dans son véritable rôle, il est indispensable de garder l’expertise comme élément fondamental à travers une réglementation claire», et d’enchaîner, « aujourd’hui, nous assistons à un envahissement par des intervenants étrangers à la profession qui tentent de démédicaliser notre spécialité. Si tel est le cas, la biologie médicale devra se passer de créativité, d’efficacité, et surtout de qualité».
Il a, par ailleurs, fait savoir que ce rendez-vous d’envergure internationale s’inscrit dans le cadre de la promotion d’une biologie praticienne de qualité, ciblant un public de spécialiste, en l’occurrence biologistes médicaux libéraux, hospitaliers, résidents et internes cliniciens ainsi que les étudiants en médecine, en pharmacie et techniciens de laboratoire de biologie médicale. «Ces assises s’inscrivent dans le cadre de la formation continue au profit des biologistes médicaux en particulier et des médecins généralistes. Une opportunité pour mettre en évidence le rôle déterminant de la biologie médicale dans le diagnostic, le traitement et le suivi du malade. Un rôle dûment confirmé lors de la pandémie de Covid-19 » a-t-il souligné.
Cet événement qui s’étale sur trois jours a connu plusieurs séances. La première s’est tenue ce vendredi portant sur deux thématiques à savoir « l’éthique et la biologie médicale » et « quelles sont les missions pour les biologistes médicaux aujourd’hui et demain ? » présentés respectivement par le Dr Terkmane et le Dr François Blanchecotte.
Ethique et biologie médicale
Dans son intervention, le Dr Terkmane, président du conseil régional de l’ordre des médecins de Blida a précisé que «la biologie médicale est indispensable dans la pratique médicale. Il ne peut pas y avoir d’exercice médical sans l’apport des analyses médicales fournies par les laboratoires de biologie médicale. 90% des patients doivent avoir des analyses pour le diagnostic, le suivi et le traitement de leurs pathologies».
Il poursuit : « la biologie médicale est une profession essentiellement médicale pratiqués par des médecins et pharmaciens biologistes ». Il s’est d’autre part étalé sur les définitions de l’éthique, de la morale et de la bioéthique, indiquant que «ces termes sont utilisés de façon interchangeable et très proches les uns des autres dans leur signification, mais ils ont quand même des différences ».
Selon le Dr Terkmane, la morale est un ensemble de règles ou de valeurs établies dans une société et qui ont trait à la distinction entre le bien et le mal. Quant à l’éthique, il a précisé qu’« elle est plus dans la réflexion, le raisonnement, la discussion. Elle est un raisonnement sur ce qu’il faut faire ou ne pas faire dans une situation».
Pour ce qui est de la bioéthique, l’interlocuteur a précisé que «c’est une étude de problèmes et les risques de dérive que soulèvent les progrès dans la médecine, dans les biotechnologies et la génétique et qui ouvrent des possibilités d’intervention dur la vie humaine, voire le devenir de l’humanité ». Il a cité les textes réglementaires de référence à savoir la loi 18/11 du 2 juillet 2018, relative à la loi de santé, le décret 92/276 du 6 juillet portant code de déontologie médicale et la norme ISO 15189 de 2012 applicable aux laboratoires de biologie médicale.
Toutefois, le Dr Terkmane a mis en avant un exemple de charte éthique qui peut être revue, portant plusieurs recommandations à savoir l’engagement du laboratoire à collecter des informations uniquement pour l’identification correcte du patient et pour la réalisation des analyses, la prise en charge de tous les patients d’une manière équitable et sans discrimination.
« Il est question également d’effectuer des analyses après consentement éclairé des patients, la réalisation des résultats ne doit pas être influer par aucune considération financière ou politique, assurer la confidentialité et le secret professionnel qui concourt au respect et à la dignité du patient » a-t-il expliqué.
S’agissant des conditions dans lesquels le prélèvement est effectué, le même interlocuteur a estimé d’abord qu’il faut deux salles l’une avant l’enregistrement et l’autre après. « Lors du prélèvement, les salles doivent être fermées et les fenêtres opaques. Une salle doit être dédié uniquement à la spermatologie et aux prélèvement génitaux » a-t-il ajouté.
En guise de conclusion le Dr Terkmane a précisé que «le respect et la dignité du patient sont la première règle à respecter », appelant à « rédiger sa propre charte d’éthique adapté aux analyses exécutés et selon l’organisation du labo et mettre la confidentialité toutes les étapes de l’activité du laboratoire ».
Pour sa part, le Dr François Blanchecotte, président du syndicat français des biologistes a déclaré que « nous en tant que médecins biologistes modernes, nous avons démontré notre efficacité au service de l’Etat, au service des patients et de notre pays. Il faut prendre en considération notre métier et c’est le plus important aujourd’hui ».
Il a fait savoir que les biologistes médicaux sont considérés comme étant des acteurs de la santé même s’ils restent identifiés comme des laboratoires d’analyses. «En 2013, il y eu une loi qui a reconnu officiellement la profession de biologiste médical et définie les analyses médicaux comme étant des examens comme les examens de biologie effectués en oncologie ou pour autres spécialités », ajoutant « qu’ils ont réussi à former un conseil national professionnel de biologistes médicaux».
Faire face à l’exercice illégal de la biologie médicale
Le Dr Yacine Mizi Ouallaoua, biologiste médical privé et président du syndicat algérien des laboratoires d’analyse médicale a fait savoir au Jeune Indépendant que son syndicat et tous les professionnels de la biologie médicale ont dénoncent des situations qu’ils vivent toujours. ils font face à plusieurs problèmes dont le plus important est que la biologie médicale est exercée par tout le monde, précisant que « normalement pour exercer la biologie médicale en Algérie, il faut avoir fait pharmacie ou médecine et avoir fait une spécialité dans la biologie médicale comme fut le cas en pédiatrie, en cardiologie ».
Considérant la biologie médicale comme étant une spécialité importante du plateau technique, le Dr Mizi a ajouté qu’elle permet de poser 70 % des diagnostics. La pandémie a permis de mettre en valeur notre spécialité, parce que sans test de dépistage et sans biologie, on n’aurait rien pu faire », et d’ajouter « durant la période de la Covid -19, la biologie médicale était dans un état catastrophique mais malgré cela, on a relevé les défis, même si nous n’avions pas été représenté dans le conseil scientifique».
Le spécialiste a appelé les pouvoirs publics à regarder attentivement du côté de la biologie médicale en Algérie, précisant que « le patient en 2023 mérite de la biologie médicale de qualité, faite par des spécialistes du métier ».
Mettant en garde contre l’exercice illégal de cette spécialité exercé par des médecins, des hématologues qui ont leurs propres laboratoires au sein même de leurs cabinets médicaux, il a expliqué qu’«il faut que les pouvoirs publics réagissent et mettent un terme à ces pratiques dont l’intérêt est purement financier ».
Il a, par ailleurs, ajouté que « son syndicat a déposé une proposition de textes d’application de la loi sanitaire depuis 2020 auprès du ministère de la santé sans aucune réponse. Sachant que cette proposition a été approuvée par l’ALAM, les sociétés savantes de biologie médicale et le conseil de l’ordre des pharmaciens.