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Nationale

Anniversaire de l’assassinat de Boudiaf : «L’Algérie d’abord»

Anniversaire de l’assassinat de Boudiaf : «L’Algérie d’abord»

Aucune commémoration officielle n’a été prévue pour la commémoration de l’assassinat du père de la révolution du 1er novembre 1954. Seuls une poignée de fils de chahids et d’anciens moudjahidine, accompagnés de citoyens de la génération post-indépendante, étaient présents, mardi, au palais de la Culture et des Arts Mohamed-Boudiaf pour déposer une gerbe de fleurs à la mémoire de Si Tayeb El-Watani.

Pourtant, juste après son assassinat, une forte majorité d’Annabis avait promis de déposer tous les lundis une gerbe de fleurs pour se rappeler de l’homme qui avait su redonner confiance aux Algériens en 6 mois de règne, en s’attaquant principalement à la corruption, à la réforme de l’école et à celui qui avait promis de placer le FLN au musée de la Révolution. Après plusieurs semaines de dépôt de gerbes de fleurs à l’endroit de l’assassinat, tout a brusquement cessé. Le premier président du HCE, Mohamed Boudiaf, alias Si Tayeb El-Watani, est mort il y a 29 ans, assassiné dans des conditions troublantes.

L’Algérie a perdu en lui le patriote et l’homme d’Etat. Ainsi, celui que l’on désigne comme le père de la glorieuse révolution de novembre 1954 a été lâchement assassiné dans le dos un 29 juin 1992, au palais de la Culture et des Arts d’Annaba. Une année après, soit le 29 juin 1993, cet établissement, qui a été le théâtre du drame, sera baptisé Mohamed-Boudiaf et une stèle y sera érigée à sa mémoire. Ce n’est là que le plus humble des hommages que les citoyens de cette ville ont rendu à l’homme qui a su placer l’intérêt de l’Algérie avant toute considération. «L’Algérie d’abord, l’Algérie avant tout», avait-t-il clamé.

29 ans plus tard, pour beaucoup d’Algériens, la lumière n’a pas entièrement été faite sur cet assassinat qui visait, à travers Boudiaf, l’espoir de voir l’Algérie debout. Qui est derrière Boumarafi ? La question demeure toujours posée. Lors de son premier discours à la nation, le Président devait affirmer : «Mon retour au pays est une réponse à l’appel du devoir sacré.» Ainsi, les trente ans d’exil n’avaient pas altéré d’un iota l’amour de la patrie et le sens du devoir de Mohamed Boudiaf. Le président du HCE avait appelé alors à transcender toutes les querelles intestines pour sauver le pays et allait aussi, en ce début de l’année 1992, prendre rendez-vous avec l’histoire et tenter de rééditer l’exploit héroïque de 1954. Tout était rupture chez cet homme qui voulait unifier les rangs et rassembler les frères. «Je tends cette main à vous tous, sans exclusive. Je la tends pour renouveler le serment pour la réconciliation, la fraternité et la coopération, afin de construire l’Algérie», avait-il assuré.

C’était là un noble geste que beaucoup d’hommes politiques, de l’opposition notamment, n’avaient pu apprécier à sa juste valeur. Sa volonté de redresser la situation de l’Algérie et de rendre à son peuple sa fierté et sa dignité n’avait d’égal que la grandeur de ce pays. Ayant senti le fossé qui s’était creusé entre le pouvoir et le peuple, cet homme au franc-parler, qui dérangeait tant, avait lancé son premier message aux Algériens, qu’il invitera à prendre conscience de la gravité de la situation et à assumer leurs responsabilités face à la crise que vivait le pays.

Pour le président Boudiaf, il fallait surtout rendre confiance au peuple, mission qui était d’ailleurs parmi ses priorités. Il s’était donné également pour mission de restaurer l’autorité de l’Etat, stabiliser l’économie nationale et s’attaquer à la gangrène qu’était la corruption. C’étaient des préalables pour une démocratie authentique qui alimentaient à chaque fois les discours de Boudiaf. «Je suis pour un Etat fort et respectable. La démocratie ne signifie ni anarchie ni atteinte aux institutions de l’Etat», avait-il indiqué. Dès son installation, Si Tayeb El-Watani était passé à l’acte en proclamant d’abord l’état d’urgence et en lançant ensuite plusieurs importantes actions, dont la récupération des biens de l’Etat. Et pour prouver son attachement à l’option démocratique, il avait créé ainsi l’Observatoire des droits de l’homme. Concernant l’économie, le président

du HCE avait également confirmé l’option pour une transition vers une économie de marché et sa libération. En si peu de temps, soit 168 jours de présidence, Mohamed Boudiaf avait su se donner une légitimité et une adhésion populaire extraordinaire. Il avait aussi lancé l’idée de la constitution d’un parti, le Rassemblement patriotique national (RPN), comme une base et un prolongement dans les milieux populaires, un cadre de travail et de contact. Un mouvement fondé sur des bases militantes et saines. Si Tayeb El-Watani a été honteusement assassiné, victime de sa rigueur morale et de son farouche enthousiasme. Il n’est un secret pour personne aujourd’hui qu’il gênait et dérangeait beaucoup d’intérêts.

Piège mortel contre le président Mohamed Boudiaf

Annaba, palais de la Culture et des Arts, plus précisément dans la salle des conférences. Il était 11h35 quand un homme vêtu de la tenue des Groupes d’intervention spéciale (GIS) surgit de derrière le rideau, exactement dans le dos du président du Haut Comité d’Etat (HCE), Mohamed Boudiaf, alors qu’il prononçait un discours devant les cadres du secteur économique de 17 wilayas de l’est du pays et des représentants de coopératives de jeunes de 30 wilayas. L’homme tira une rafale avec son pistolet-mitrailleur sur le Président, l’atteignant à la tête et dans le dos.

Le Président s’effondra sur la table avant d’être évacué, un peu plus tard, vers l’hôpital Ibn Rochd d’Annaba. Quelques instants avant l’apparition de l’agresseur, une déflagration du côté gauche de la tribune officielle avait détourné l’attention des présents, y compris celle du Président, qui avait alors interrompu son intervention. Des bruits de bottes avaient été entendus de derrière les rideaux de la tribune officielle au moment où le Président reprenait son discours. Au même instant, une seconde déflagration fut entendue, due à l’explosion d’une grenade lancée sous la chaise du Président. Une dizaine de minutes après l’attentat et l’évacuation du président Boudiaf, gravement atteint, une fusillade nourrie éclata aux abords et dans le hall central de la maison de la Culture.

Cette fusillade, qui a duré plusieurs minutes, donna lieu à une panique générale aux alentours et parmi les centaines de participants venus, depuis le début de la matinée, assister à l’arrivée du président Boudiaf et à l’inauguration du Salon national pour l’insertion et la promotion des jeunes. Sitôt le calme revenu, une partie de l’assistance put quitter le palais de la Culture, qui fut encerclé ensuite par les forces de sécurité appartenant au corps de la Gendarmerie nationale.

Le premier bilan officiel communiqué par la direction du CHU Ibn Rochd fit état d’un mort (le Président) et de 41 blessés, dont le ministre de l’Industrie et des Mines, A. Kermane, par balle, et le wali d’Annaba, atteint par les éclats des grenades jetées sous la tribune officielle du Président. Dès la nouvelle de la mort du président du HCE, qui fut communiqué officiellement, la ville fut quasiment désertée par la population et les commerçants baissèrent tous leurs rideaux. Un air de tristesse et de consternation plana alors durant plusieurs semaines sur la ville.

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